Maroc

Agadir : les paradoxes du marché du travail décortiqués

Malgré une légère baisse du taux de chômage, la région Souss-Massa enregistre toujours un taux d’activité inférieur à la moyenne nationale. À noter que les chiffres du HCP, relatifs à l’année 2024, ne permettent pas d’analyser l’évolution à la hausse du sous-emploi au niveau régional en 2022 et 2023. Mais le Forum des acteurs économiques a mis en évidence une croissance économique insuffisante pour absorber l’arrivée sur le marché des jeunes ainsi qu’un manque de convergence des politiques et programmes mis en œuvre.

À l’instar des autres territoires, le développement économique de la région d’Agadir Souss-Massa est intimement lié à la résolution de la problématique du chômage, en relation avec l’amélioration des indicateurs des taux d’activité et d’emploi.

Cette épineuse question s’est imposée, une fois de plus, lors de la tenue du Forum des acteurs économiques, initié mardi dernier à Agadir, par l’Instance consultative des affaires économiques du Conseil régional Souss-Massa avec l’appui technique du projet SoDeR (Solutions décentralisées pour le développement régional), piloté par la DGCT et le soutien de la coopération allemande (GIZ).

Le taux de chômage dans la région atteint 12,1% au premier trimestre 2025, 12,3% en 2024, et 13,5% en 2023. Ce taux est inférieur à la moyenne nationale (13,3%), affichant une baisse de 1,2 point par rapport à 2023. Bien que la région ait enregistré une hausse de son taux d’activité, passant de 39% en 2023 à 40,3% en 2024, ce taux demeure inférieur à la moyenne nationale (43,5%), se situant même parmi les plus bas au Maroc. À la lecture des chiffres du HCP, force est de constater que la situation du marché du travail ne permet pas d’analyser la situation du sous-emploi au niveau régional ainsi que le type d’emploi (rémunéré ou non).

Selon la récente note annuelle disponible sur la situation du marché du travail au sein de la région au titre de l’année 2023, le taux de sous-emploi est passé, au niveau régional, de 6,3% à 7,4% entre 2022 et 2023. Le volume est passé, durant la même période, de 48.000 à 57.000 personnes, (de 29.000 à 37.000 dans les villes et de 18.000 à 20.000 dans les campagnes).

Une évolution du taux de croissance régional insuffisante
Au-delà des chiffres, la rencontre a mis l’accent sur l’économie régionale qui est actuellement confrontée à sa propre capacité à créer de l’emploi à travers l’investissement privé. À l’instar d’une croissance économique molle au niveau national, l’évolution du taux de croissance régional n’est pas suffisante pour absorber le nombre de nouveaux entrants sur le marché du travail alors que la région dénombre 120.000 jeunes en situation de NEET (qui ne sont ni sur le marché du travail, ni à l’école, ni en formation) sur un total de 465.000 jeunes âgés de 15 à 24 ans. La cause derrière cette situation alarmante est inhérente à la difficulté, pour les jeunes, à intégrer le marché de l’emploi, au terme d’un cursus scolaire ou professionnel.

Parmi ces jeunes âgés de 15 à 24 ans, 84,7% sont des inactifs et 10% des actifs occupés alors que le reste, soit 5,3%, sont des chômeurs. De ce fait, la région Souss-Massa fait partie des territoires où les NEET sont très élevés puisque leur proportion s’élève à 25,8% des jeunes âgés de 15 à 24 ans. Certes, le binôme «formation-emploi» est toujours cité, étant fortement lié à la question de l’insertion professionnelle et à son incidence sur l’absorption du taux de chômage.

Cependant, le maillon faible dans cette chaîne reste le chercheur d’emploi qui a besoin d’être accompagné en fonction de la spécificité de chaque secteur ou activité.

Compétences : la nécessité d’une convergence des politiques et programmes
Il se dégage des échanges enregistrés lors de cette rencontre que l’ANAPEC ne peut pas, à elle seule, gérer cette problématique. Ainsi, les politiques et programmes déployés n’arrivent toujours pas à faire converger les compétences régionales autour de l’alignement «formation-emploi» et de l’adéquation de l’offre de formation avec les besoins en compétences. La région a déjà mobilisé un programme d’incitation à travers les «primes à l’emploi» à hauteur de 10.000 DH par emploi créé.

Pour rappel, la révision du Code du travail se fait toujours attendre depuis 22 ans. C’est en effet en septembre 2003 que la loi n° 65-99 relative au Code du travail a été promulguée, avec pour finalité d’apporter des réponses concrètes au niveau régional.

Par ailleurs, la loi n° 36.96 portant institution et organisation de la formation professionnelle alternée, qui se voulait une solution à cette situation, n’a pas atteint le succès escompté, selon les intervenants, et ce, faute d’incitations étatiques permettant aux entreprises d’assurer l’encadrement et la formation au sein de leurs entités.

Ceci dit, il y a lieu de relever que la loi n° 12.00 de 2018, portant institution et organisation de l’apprentissage, a été développée pour inciter les entreprises à créer leurs propres centres de formation, se voulant ainsi un levier de recrutement appréciable.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO



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