Maroc

Agadir : Le lixiviat de la décharge de Tamellast pose problème

Bien que la décision de déplacer la décharge de Tamellast vers la commune rurale d’Ameskroud ait été prise dans le cadre du Schéma directeur de gestion des déchets ménagers et assimilés, les quantités de lixiviat actuellement stockées dans cinq bassins retarderont ce scénario du fait de la vétusté de ce percolat et des résultats limités de la recirculation par évaporation.

Comment se débarrasser du lixiviat stocké dans la décharge contrôlée de Tamellast? La question mérite d’être posée dans la mesure où le contrat de gestion déléguée entre TecMed Maroc et la Commune urbaine d’Agadir arrivera à terme à la fin de l’année, sans oublier que le Schéma directeur de gestion des déchets ménagers et assimilés avait déjà préconisé le déplacement de la décharge vers la commune rurale d’Amskroud compte tenu des risques naturels (inondations, secousses telluriques et directions des vents). Ce fardeau environnemental, technique mais surtout financier, lié au traitement du liquide résiduel, constituera le défi du prochain délégataire. Cela dit, depuis la mise en service, en 2010, de la décharge de Tamellast, les quantités accumulées ont dépassé les 255.380 m3.

Aujourd’hui, le stock emmagasiné dans les cinq bassins, qui s’étendent sur 2 ha, frôle les 100.000 m3 après le glissement de 550.000 tonnes de déchets enfouis et le débordement de ce liquide résiduel en dehors de la décharge qui reçoit les déchets ménagers des 10 communes formant le grand Agadir en vertu de la convention intercommunale signée en 2008. Cependant, avec un débit journalier estimé à 100m3, la technique de recirculation par évaporation adoptée par TecMed a montré ses limites. Partant de ce constat, les quantités stockées s’amplifient malgré le facteur d’évaporation.

En chiffres, au cours de six dernières années d’exploitation, une quantité de 155.380 m3 a été éliminée grâce à ce procédé. Mais malgré l’augmentation de température prévue pour l’été prochain, les variables liées à l’humidité et à la profondeur des bassins, qui dépasse les deux mètres, ne faciliteront pas l’élimination du lixiviat. Ce n’est pas tout: le stock emmagasiné pose également problème à cause de sa vétusté, doublée de caractéristiques physico-chimiques dangereuses. Il faut aussi rappeler que des études ont été réalisées par le gestionnaire au sujet du lixiviat en 2012, actualisées en 2014, avec plusieurs techniques recommandées (physico-chimique, osmose inverse, évaporation par compression mécanique), mais c’est la question du coût de traitement qui pose problème, du fait de l’insuffisance de fonds et des dettes cumulées par les communes formant le Grand Agadir envers la municipalité d’Agadir, qui s’élevaient à 22 MDH en 2015, sans compter les redevances pour les années restantes. C’est pourquoi la résolution de cette problématique passe par le financement attendu du Programme national des déchets ménagers (PNDM), la ville d’Agadir n’ayant jamais pu profiter de ce fond. Il s’agit aussi, pour la commune d’Agadir, de procéder au lancement d’un nouvel appel d’offres.

À cet égard, le nouveau gestionnaire sera obligé, selon le ministère de l’Intérieur, de gérer l’ancien site de Tamellast dans le cadre d’une période transitoire en vue d’amortir sa durée de vie et sa superficie exploitable avant la réalisation de la future décharge prévue en 2018. Aujourd’hui, le changement de décharge nécessite la réalisation des études techniques nécessaires, mais aussi de la mobilisation du foncier, de l’aménagement in situ et ex-situ avec l’installation du centre d’enfouissement et de valorisation et des centres de transfert, alors que le plan directeur, d’une durée de 10 ans, n’a pas encore été définitivement validé (3e phase). En attendant le déplacement vers Ameskroud qui nécessitera au moins 2 à 3 ans, c’est le ministère de l’Intérieur qui se chargera, à travers un bureau d’étude spécialisé, de la réalisation de l’étude de faisabilité relative aux volets technique et financier pour maintenir l’exploitation de Tamellast, mais aussi du traitement urgent du lixiviat et de l’opération de déplacement. Mais ce qui compliquera davantage cette transition, c’est l’absence d’un benchmark à l’échelle nationale, le Maroc comptant pourtant passer d’une politique d’enfouissement des déchets à la réalisation de centres de valorisation.

Par ailleurs, la commune urbaine d’Agadir a activé l’audit technico-financier à travers l’analyse complète de l’ensemble des travaux réalisés dans le cadre du contrat intercommunal, y compris la décharge de Bikarane avec TecMed. Un commissaire aux comptes va également vérifier le plan d’investissement, notamment les décomptes et l’établissement des procès-verbaux du protocole d’accord avec le délégataire de la décharge. Deux millions de tonnes de déchets sont actuellement enfouies dans cette dernière.


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