Abdelaziz Bennis : «Les compétences marocaines sont équivalentes à ce qu’il y a ailleurs»

Abdelaziz Bennis, Directeur général et fondateur d’IBB Executive Search
Quelle vie pour les filiales de ces multinationales après la «marocanisation» de leur top management ?
Nous avons plus de recul avec les filiales de multinationales américaines, vu que l’inversion de la tendance date de 2014. Ces dernières n’ont pas remis en cause la marocanisation de ces postes, ce qui signifie qu’elles sont satisfaites et que les compétences marocaines sont équivalentes à ce qu’on peut trouver ailleurs. En ce qui concerne les entreprises d’autres nationalités, qui ont, elles aussi, toujours recruté des Marocains, je dirai qu’il y a quand même une satisfaction de ces entreprises après avoir marocanisé le poste de DG. Il y a beaucoup d’exemples où il y a eu plusieurs Marocains nommés successivement.
S’agit-il d’une tendance de fond ou de cas isolés ? Cette tendance va-t-elle continuer à progresser ?
Je pense que cette tendance va continuer à se renforcer. Aujourd’hui, on est globalement sur du 60% marocains et 40% expatriés. Je pense qu’on peut atteindre les 80-20 d’ici quelques années, peut-être d’ici 5-6 ans, sachant que la tendance à la marocanisation va aller beaucoup plus vite qu’avant.
Qu’est-ce qui pourrait inverser cette tendance ou la ralentir, selon vous ?
Honnêtement, on est vraiment encore au début de ce phénomène de nominations de nationaux à la tête de filiales de multinationales en remplacement d’expatriés. Si on raisonne toutes entreprises, tous secteurs et toutes nationalités confondues, ce n’est que depuis 2018 que la tendance s’est vraiment inversée. Donc, on est encore dans une phase de montée. Comme indiqué plus haut, avec le recul que nous avons avec les multinationales américaines, il n’y a pas eu de remise en cause, donc je ne pense pas qu’il y ait une inversion de la tendance. Au contraire, cela va se renforcer, parce qu’il y a aussi de nouvelles générations de managers qui sont en train de monter. Ce qui va se passer aussi c’est qu’il faudra remplacer les managers actuels qui gèrent des multinationales au Maroc, ces mêmes responsables étant en général recrutés par des groupes marocains. Donc, si vous voulez, il y a une relève qui est en train d’être préparée pour reprendre le flambeau. Tout ceci pour étayer le fait que cette tendance risque peu d’être remise en cause.
Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO