Les Cahiers des ÉCO

«La musique gnaoua m’impressionne !»

Bill  Laurance, Pianiste, compositeur, arrangeur et producteur

Véritable caméléon, virtuose de piano à l’oreille musicale incroyable, Bill Laurance a la créativité pour don. Fondateur d’un des groupes de jazz les plus puissants au monde «Snarky Puppy», il  trouve le temps de produire des artistes, de créer des musiques de films et des ballets tout en sortant des albums solo une fois par an. Un génie, humble et discret, créateur de chefs-d’œuvre comme «Money in Desert» ou encore «December in New York».

Il est 20h passées,  vendredi  30 juin à Essaouira quand un musicien à la force tranquille prend possession de son piano. Discret et avec ce look de premier de la classe, Bill Laurence se transforme dès les premières notes pour laisser la place à un monstre sacré du jazz. Et c’est peu dire.

À 14 ans à peine, il devient musicien professionnel et commence à enchaîner les tournées. Plus tard, il sent une voix en lui qui le pousse à créer son propre projet. Snarky Puppy, un groupe d’improvisation de jazz qui voit le jour en 2004. Un succès mondial qui fait le tour du monde, alimenté par des collaborations toujours phénoménales de la soul au rock en passant par la pop. «Snarky Puppy est une incroyable aventure, une aventure tellement inspirante. Je fais partie de l’aventure depuis le début, j’ai rencontré des gens formidables. Ce n’était pas gagné d’avance. Il y avait beaucoup de préjugés. C’est beau parce que cela a inspiré les nouvelles inspirations à croire en leurs rêves et à proposer des choses nouvelles», confie celui qui est venu à Essaouira dans le cadre de sa tournée, certes, mais surtout pour proposer une fusion avec le prometteur Khalid Sansi. Une collaboration presque naturelle pour le musicien qui aime partager la scène avec des musiciens de tous les horizons, habitué des improvisations en tout genre. «Jouer avec Khalid m’a montré à quel point il faut avoir du respect pour le pouvoir potentiel de la musique. Travailler avec lui était un vrai bonheur parce que la façon de travailler chacun de notre côté est certes différente mais elle a tout de suite été influencée par l’approche gnaoua. C’était incroyable et c’est quelque chose que je vais apporter avec moi. Ce magnifique partage avec le public aussi était magique».

Pour lui, la musique gnaoua est une inspiration, elle l’a beaucoup inspiré au cours de sa jeune et ô combien riche carrière. Revenir jouer à la source de la tagnaouite est une grande chance selon Bill Laurence. «Je suis de plus en plus familier avec cette musique, elle m’impressionne», confie celui qui a déjà eu affaire aux rythmes gnaoua dans un de ces projets il y a quelques années de cela dans son film documentaire «Flint», nom de son album également. «Le jazz est potentiellement flexible et on peut ajouter différents éléments. C’est une question de rythmes et la musique gnaoua se marie bien avec le jazz mais cela reste un challenge parce que ce n’est pas gagné d’avance, mais c’est magique quand le mariage est réussi. C’est le propre de la musique, se nourrir et grandir des différentes collaborations !». Il enchaîne avec «Swift» et «AfterSun» et se retrouve avec trois albums solo en trois ans. Un boulimique de travail qui puise son énergie en tournée. «La route est la meilleure des inspirations, c’est là où je crée, où j’écris, où me viennent les idées. Je me nourris des endroits où je suis, des découvertes, des rencontres. C’est une bénédiction», continue le pianiste aux mains d’argent qui part à la rencontre d’un public différent à chaque fois. Un public qu’il apprend à connaître avant de jouer et auquel il aime s’ajuster. «Le public est tellement différent de pays en pays, on se doit de s’adapter un peu aux cultures et aux traditions musicales. En Hollande, les gens ont beaucoup d’énergie, au Japon ou en Allemagne, le public est plus formel…Donc oui, on s’adapte à la salle, on écoute avant d’être écoutés. Si l’audience veut faire la fête, on fait la fête, si l’audience est là pour écouter de la musique, on lui donne de la musique à écouter, mais ce qui est important c’est d’apporter de la nouveauté à chaque fois, de proposer des improvisations nouvelles. C’est ce qui est challengeant !». Pourtant la constante de l’équation demeure la même : le renouveau.

Bill Laurence se renouvelle à chaque fois telle une mine inépuisable de créativité. Il crée avec sincérité sans vouloir à tout prix plaire ou rentrer dans un case. «Ma zone de confort est le changement, le renouvellement et l’inspiration. J’aime changer tout le temps, travailler sur plusieurs choses en même temps, avoir de nouvelles règles, de nouvelles bases, changer constamment». Le musicien prépare d’ailleurs un album solo et travaille sur un projet de film. Affaire à suivre.


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