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Union européenne : les céréales de la discorde

La décision de la Pologne et de la Hongrie d’interdire les importations de céréales ukrainiennes, accusées de déstabiliser les marchés agricoles, n’est «pas acceptable», a jugé lundi la Commission européenne qui envisage un deuxième paquet d’aides pour les agriculteurs des pays touchés.

L’Union européenne avait suspendu en mai 2022, pour un an, les droits de douane sur tous les produits importés d’Ukraine et s’était organisée pour lui permettre d’exporter ses stocks de céréales après la fermeture des voies maritimes par la mer Noire suite à l’invasion du pays par la Russie.

Protection des producteurs locaux
Les États européens voisins ont vu augmenter les arrivées de maïs, blé ou tournesol d’Ukraine, provoquant la saturation des silos en raison de problèmes logistiques et faisant chuter les prix locaux. Une situation qui a conduit à des manifestations d’agriculteurs et à la démission du ministre polonais de l’Agriculture. Affirmant vouloir protéger leurs agriculteurs, Budapest et Varsovie ont annoncé samedi interdire jusqu’au 30 juin les importations de céréales et autres produits agricoles depuis l’Ukraine.

La Commission a indiqué avoir «demandé des informations supplémentaires aux autorités compétentes pour pouvoir évaluer ces mesures», notamment leurs fondements juridiques. «Il est important de souligner que la politique commerciale relève de la compétence exclusive de l’UE et que les actions unilatérales ne sont pas acceptables», a insisté la porte-parole de l’Exécutif européen, Miriam Garcia Ferrer. «En ces temps difficiles, il est crucial de coordonner et d’aligner toutes les décisions au sein de l’UE», a-t-elle ajouté. En Pologne, l’interdiction s’appliquera aux importations de céréales, sucre, viande, fruits et légumes, lait, oeufs et autres produits alimentaires. Pour la Hongrie, il s’agit des céréales, oléagineux et plusieurs autres produits.

En 2022, la valeur des importations européennes de produits agricoles ukrainiens a bondi de 88% sur un an (à 13 milliards d’euros), tirée notamment par les céréales, avec des importations décuplées (en volume) de blé ukrainien, selon les chiffres de l’UE. Le ministère ukrainien de la Politique agricole a «regretté » samedi la décision de Varsovie. «Les agriculteurs polonais font face à une situation difficile, mais les agriculteurs ukrainiens font face à la situation la plus grave», a-t-il indiqué.

Un nouveau paquet d’aides
Le 20 mars, Bruxelles avait proposé de puiser 56,3 millions d’euros dans la réserve de crise agricole de l’UE pour soutenir les cultivateurs déstabilisés en Pologne, Roumanie et Bulgarie. Mais fin mars, cinq pays (Pologne, Slovaquie, Hongrie, Roumanie et Bulgarie) avaient réclamé des aides supplémentaires «pour soutenir les producteurs agricoles ayant subi des pertes». «Nous envisageons un deuxième paquet (d’aides), c’est en discussion», a assuré Miriam Garcia Ferrer, affirmant que Bruxelles «prenait en considération l’impact (…) sur les pays en première ligne».

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO


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