Maroc

Villes sans bidonvilles, aides directes : El Mansouri sort les chiffres

Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a présenté devant la Chambre des Conseillers un bilan étayé de la politique publique du logement et de la ville. La ministre a défendu une stratégie ambitieuse. Toutefois, des fragilités demeurent, notamment sur le front rural et dans la planification urbaine.

C’est un discours ponctué de chiffres qu’a livré Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, mardi devant la Chambre des Conseillers, dressant le bilan de la politique publique du logement et de la ville. Une feuille de route marquée, selon elle, par une volonté «d’équité territoriale et de dignité sociale».

Ainsi, depuis 2015, la politique de la ville a enregistré 475 conventions de financement, représentant un investissement de 76 milliards de dirhams, dont 21 MMDH directement financés par le ministère, comptant pour 28% de l’effort total.

Au cours du mandat actuel, 230 nouvelles conventions ont été conclues, pour une contribution publique estimée à 12 MMDH, soit plus de la moitié (52%) du financement global, affirme El Mansouri. Une accélération des chantiers a été constatée avec un taux d’exécution de 68%. Ces conventions couvrent à la fois le milieu urbain et rural avec 284 conventions urbaines pour 57 MMDH.

Dans ce cadre, 350 quartiers ont été aménagés, 320 artères principales réhabilitées, et 150 espaces publics ou espaces verts ont vu le jour sur plus de 420 000 m², selon la ministre. S’y ajoutent 49 terrains de proximité et 8 équipements destinés à la jeunesse.

Depuis 2015, aussi le ministère a décaissé 9,2 MMDH, dont 6,38 MMDH au cours de ce mandat, soit près de 70% des dépenses totales engagées en 10 ans, d’après les données annoncées par El Mansouri, qui ajoute que le déficit en logement a été réduit de 326.000 unités fin 2021 à 270.000 unités fin 2024. Autre pilier central de la stratégie du ministère: le programme d’aide directe au logement. Mis en place en 2024, le bilan de ce programme recense, au 13 octobre, 167.723 demandes d’aide, dont 68.332 bénéficiaires effectifs. Les jeunes constituent 63% des bénéficiaires, dont 46% de femmes, et 24% sont des Marocains résidant à l’étranger.

Parmi ces bénéficiaires, 62% ont obtenu une subvention de 70.000 DH, tandis que 38% ont perçu 100.000 DH. Les logements acquis par les jeunes représentent une valeur totale de 15,47 MMDH, pour une contribution directe de l’État de 3 milliards, soit 19% du montant global. La ministre a souligné que le rythme mensuel de bénéficiaires est passé de 2.400 en 2024 à 3.600 en 2025, signe d’un engouement croissant.

Rural : le maillon faible
En parallèle, la ministre a insisté sur la lutte contre l’habitat insalubre, notamment à travers le programme «Villes sans bidonvilles». Depuis son lancement en 2004, 62 villes et centres urbains ont été déclarés sans bidonvilles, permettant à plus de 370.000 familles d’accéder à un logement décent, pour un investissement global de 63,7 MMDH, dont 14,65 milliards pris en charge par le ministère.

Durant le mandat actuel, 67.370 ménages supplémentaires ont vu leurs conditions de logement s’améliorer, notamment à Casablanca, Témara, Skhirat, Salé, Smara et Guercif, insiste El Mansouri. La ministre s’est félicitée du passage d’une moyenne de 6.200 ménages relogés par an entre 2018 et 2021 à 18.000 par an depuis 2022, soit une multiplication par trois du rythme d’intervention.

Toutefois, les zones rurales restent un maillon faible. Le programme de logement social rural lancé en 2019 n’a permis de produire que 1.347 unités en 6 ans. En revanche, le basculement vers le système d’aide directe a déjà bénéficié à 4.000 ménages ruraux, soit plus de 3 fois les résultats du programme précédent. Pour renforcer cette dynamique, la Société Al Omrane a été mobilisée pour construire 2.931 logements répartis sur 49 centres ruraux émergents à travers le pays, dont Sidi Rahal, Aït Ourir, Zagora, Dar Ould Zidouh ou encore Naïma.

La planification urbaine, talon d’Achille de la stratégie
C’est l’un des points noirs du bilan ministériel : la lenteur dans l’élaboration des documents d’urbanisme. Bien que 90% des communes (1.350 sur 1.503) disposent aujourd’hui d’au moins un document de planification, seuls 405 documents ont été approuvés, dont 269 plans d’aménagement, 135 plans de développement rural et un unique schéma directeur d’aménagement urbain. La ministre reconnaît que la planification reste freinée par la complexité des procédures, le chevauchement des compétences, l’absence d’un cadre contractuel stable et le manque d’une base foncière unifiée.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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