Réunions de printemps du FMI : dette et climat de nouveau au menu
Les réunions de printemps, qui démarrent ce mardi, auront une tonalité particulière puisqu’elles marquent également le 80ème anniversaire des institutions issues de la conférence de Bretton Woods.
Les réunions de printemps du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale (BM) doivent s’ouvrir mardi avec une nouvelle fois deux objectifs clairs: améliorer le financement climatique et aider les pays les plus endettés. La publication mardi, par le FMI, des prévisions actualisées pour l’économie mondiale (WEO) marquera le véritable coup d’envoi d’un événement qui ne sera pas parasité par la question de la succession de la directrice générale du Fonds, Kristalina Georgieva, reconduite vendredi pour cinq ans à la tête de l’institution.
Ces réunions auront une tonalité particulière puisqu’elles marquent également le 80e anniversaire des institutions issues de la conférence de Bretton Woods, qui s’était tenue en juillet 1944, alors que la Seconde guerre mondiale n’était pas terminée. Si les défis financiers étaient à l’époque gigantesques, avec l’Europe et une partie de l’Asie à reconstruire, ceux que doivent désormais affronter le FMI et la BM sont tout aussi importants, en particulier lorsqu’il s’agit d’aider au financement de la lutte contre le réchauffement climatique, une nouvelle fois au centre des discussions de ces réunions.
«Il y a un besoin évident d’améliorer rapidement l’accès à l’air et l’eau propres ainsi qu’à l’énergie mais nous ne réduirons pas la pauvreté sans une vision d’ensemble, et la première étape est d’ouvrir le scope de la Banque pour répondre à ce besoin et ainsi créer un monde sans pauvreté sur une planète vivable», a répété, lors d’une conférence de presse en ligne en fin de semaine, le président de la BM, Ajay Banga.
Apporter des financements reste un point central pour aider à la transition énergétique et à la préparation face aux effets du réchauffement climatique des pays en développement ou les moins avancés. Ce sont en effet des milliers de milliards de dollars qui sont nécessaires en la matière et, tant du côté du FMI que de la BM, les choses sont claires: jamais les institutions n’auront la possibilité de couvrir l’ensemble des moyens. Mais ce n’est pas qu’une question de moyens, estimait mercredi Rachel Kyte, professeur spécialisé en politique climatique à l’Université d’Oxford, pour qui «il est nécessaire d’avoir une forte collaboration» entre FMI, BM et banques régionales de développement «au niveau des pays. Cela passe (notamment) par une rationalisation des procédures et processus». Outre le climat, la question de la dette des pays émergents ou en développement sera une nouvelle fois au centre des discussions, alors que les négociations entre créditeurs et pays endettés patinent dans un certain nombre de cas, retardant d’autant la mise en place de plans d’aide par le FMI, et la mise à disposition des fonds.
«Le problème de fond est que les Chinois ne sont pas nécessairement d’accord entre eux sur la marche à suivre. Et ils n’ont pas une vision précise de ce qu’ils ont prêté et à qui, du fait de la multiplicité des acteurs», a souligné auprès de l’AFP une source proche du dossier.
Le sujet sera en particulier au menu de la réunion de la Table ronde consacrée à la dette souveraine mondiale, qui doit se tenir mercredi et qui réunira, comme lors des éditions précédentes, institutions financières, représentants des principaux créditeurs, tant bilatéraux que privés, ainsi que des pays endettés. Un thème d’autant plus essentiel pour nombre de pays, alors que la hausse des taux d’intérêt par les banques centrales des principales économies, en particulier la Réserve fédérale (Fed) américaine et la Banque centrale européenne (BCE), pour lutter contre la forte inflation des deux dernières années a fortement renchéri le coût de la dette des pays emprunteurs. Et même si les premières baisses de taux devraient intervenir cette année, ces derniers devraient s’inscrire sur le long terme à un niveau plus élevé qu’il n’était lors de la dernière décennie, de l’avis de tous, un défi supplémentaire pour les États qui dépensent parfois plus du tiers de leurs revenus pour payer uniquement les intérêts de leur dette.
«C’est tout particulièrement problématique pour de nombreux pays qui vont faire face à un roulement de leur dette exprimée en euros et qui arrivent à échéance en 2024. Sans relâchement des conditions de financement au niveau mondial, cela peut devenir un vrai problème», estimait ainsi Clemence Landers, chercheuse pour le Center for Global Development (CGD), lors d’une conférence de presse téléphonique jeudi.
Sami Nemli Avec Agence / Les Inspirations ÉCO