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Climat : les niveaux de CO₂ atteignent un record historique en 2024, alerte l’OMM

Les concentrations de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ont connu en 2024 leur plus forte hausse annuelle jamais enregistrée, atteignant un niveau historique selon l’Organisation météorologique mondiale (OMM). Ce signal d’alarme scientifique intervient à moins d’un mois de la COP30 à Belém, alors que les puits de carbone naturels s’affaiblissent et que les émissions liées aux activités humaines et aux incendies de forêts continuent de croître.

Les concentrations de dioxyde de carbone (CO₂) dans l’atmosphère ont atteint en 2024 un niveau sans précédent, enregistrant la plus forte hausse annuelle depuis le début des observations modernes, en 1957. Dans son 21e Bulletin annuel sur les gaz à effet de serre, publié mercredi, l’Organisation météorologique mondiale (OMM) alerte sur une situation «critique et durable» qui risque d’amplifier les dérèglements climatiques pour plusieurs générations.

Selon le rapport, la concentration moyenne mondiale de CO₂ a grimpé de 3,5 parties par million (ppm) entre 2023 et 2024, atteignant désormais 423,9 ppm. Il s’agit de la plus forte augmentation annuelle jamais mesurée, dépassant les précédents pics de 2016 et 2019. Le CO₂, principal gaz à effet de serre d’origine humaine, est responsable de 66% du réchauffement planétaire, et reste dans l’atmosphère pendant des siècles.

Des causes multiples
L’OMM attribue cette hausse à une poursuite soutenue des émissions d’origine humaine, notamment liées à la combustion d’énergies fossiles et à l’agriculture intensive, mais aussi à des phénomènes naturels aggravants. L’année 2024 a été marquée par un épisode El Niño d’une intensité exceptionnelle, qui a accentué les sécheresses et les incendies de forêts en Amazonie, en Afrique australe et dans certaines régions d’Asie du Sud-Est. Ces feux ont provoqué une libération massive de carbone dans l’atmosphère, alors que dans le même temps, les forêts et les océans, principaux puits naturels de CO₂, voyaient leur capacité d’absorption diminuer.

«Le CO₂ piégé dans l’atmosphère agit comme un accélérateur du climat, entraînant des phénomènes météorologiques extrêmes toujours plus fréquents», a souligné Ko Barrett, secrétaire générale adjointe de l’OMM, lors de la présentation du rapport à Genève.

Elle ajoute : «Réduire les émissions est essentiel, non seulement pour le climat, mais aussi pour la sécurité économique et le bien-être des populations». Le rapport précise que la chaleur accumulée dans l’atmosphère a contribué à faire de 2024 l’année la plus chaude jamais enregistrée, dépassant de 1,47°C la moyenne préindustrielle. Les océans, réchauffés, absorbent moins de CO₂, car sa solubilité diminue avec la température. Les écosystèmes terrestres, eux, sont fragilisés par la sécheresse et la déforestation, réduisant leur efficacité naturelle d’absorption.

«Il y a une inquiétude croissante que les puits de carbone – terrestres et marins – deviennent moins efficaces, ce qui augmenterait la proportion de CO₂ restant dans l’atmosphère et accélérerait encore le réchauffement global», a prévenu Oksana Tarasova, coordinatrice scientifique du rapport de l’OMM.

Records aussi pour le méthane et le protoxyde d’azote
Outre le CO₂, l’OMM observe des niveaux inédits pour les deux autres gaz à effet de serre majeurs : le méthane (CH₄) et le protoxyde d’azote (N₂O). En 2024, la concentration moyenne de méthane a atteint 1.942 parties par milliard (ppb), soit une augmentation de 166% par rapport à l’ère préindustrielle.

Le protoxyde d’azote, émis principalement par l’agriculture et certaines industries chimiques, a atteint 338 ppb, en hausse de 25% sur la même période.

Ces gaz, bien que présents en moindre quantité que le CO₂, ont un pouvoir de réchauffement beaucoup plus élevé : le méthane, par exemple, retient la chaleur plus de 80 fois plus efficacement que le CO₂ sur vingt ans. L’OMM met ainsi en garde contre «l’effet cumulatif de ces gaz», qui pourrait rendre inatteignable l’objectif de contenir le réchauffement global à 1,5°C fixé par l’Accord de Paris.

Un signal fort avant la COP30
Cette publication intervient à un moment clé. Dans moins d’un mois, du 10 au 21 novembre 2025, se tiendra à Belém, au Brésil, la COP30, la 30e Conférence des Nations unies sur le climat. Pour l’OMM, ce bulletin annuel doit servir de référence scientifique aux négociations à venir.

«Nous devons redoubler d’efforts et renforcer la transparence des politiques climatiques», insiste Ko Barrett. Elle avertit que les trajectoires actuelles d’émissions sont «incompatibles avec les objectifs de l’Accord de Paris» et risquent de conduire à un réchauffement supérieur à 2,8°C d’ici la fin du siècle si les tendances ne s’inversent pas.

L’organisation appelle les États à renforcer la surveillance mondiale des gaz à effet de serre, via des réseaux d’observation fiables et coordonnés, afin d’améliorer la compréhension des tendances et l’évaluation des politiques de réduction.

Une alerte scientifique doublée d’un appel politique
Le rapport de l’OMM, qui s’inscrit dans le cadre du Programme de veille de l’atmosphère mondiale, souligne que les données recueillies par plus de 100 pays montrent une accélération constante de la concentration des gaz à effet de serre depuis une décennie. Le CO₂, qui franchit désormais régulièrement le seuil des 420 ppm, n’avait jamais atteint un tel niveau depuis plusieurs millions d’années.

«L’atmosphère de la Terre ne s’adapte pas à nos délais politiques. Elle réagit à nos émissions», a rappelé Mme Barrett, ajoutant que «chaque fraction de degré supplémentaire augmente les risques de phénomènes extrêmes tels que les canicules, les inondations et les sécheresses».

L’OMM avertit enfin que ces concentrations, combinées à la dégradation des écosystèmes naturels et à l’épuisement des puits de carbone, pourraient rendre certains effets du changement climatique irréversibles à moyen terme. Le rapport sera suivi, le 4 novembre, par la publication du Rapport sur le fossé des émissions du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), qui analysera l’écart entre les engagements actuels des États et les trajectoires nécessaires pour atteindre les objectifs de 1,5°C et 2°C.

Les chiffres clés du rapport de l’OMM (2025)

CO₂ : 423,9 ppm (+3,5 ppm sur un an) — record historique depuis 1957.
CH₄ (méthane) : 1.942 ppb — +166 % par rapport à l’ère préindustrielle.
N₂O (protoxyde d’azote) : 338 ppb — +25 % sur la même période.
2024 : Année la plus chaude jamais enregistrée, amplifiée par El Niño.
Principales causes : Émissions humaines, incendies, perte d’efficacité des puits de carbone.
Prochaines étapes : COP30 (Belém, Brésil, 10–21 novembre 2025) et rapport du PNUE (4 novembre).

S.N. avec agences / Les Inspirations ÉCO



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