Monde

Quatre clés pour comprendre le drame des musulmans Rohingyas

«Des décennies de violations persistantes et systématiques des droits de l’Homme». Ce sont les mots du Haut-Commissariat de l’ONU qui a dénoncé la situation en Birmanie, où un «nettoyage ethnique» serait en cours dans l’ouest du pays. Mais que se passe-t-il dans cette contrée du monde jusque-là épargnée par les conflits ethnico-religieux ?

Qui sont les Rohingyas ?

Les Rohingyas sont des musulmans qui parlent un dialecte utilisé dans le sud-est du Bangladesh. Ils seraient environ un million à vivre en Birmanie, la plupart depuis des générations. Mais, une loi birmane datant de 1982, héritée de la junte militaire, spécifie que seuls les groupes ethniques pouvant prouver leur présence sur le territoire avant 1823 peuvent obtenir la nationalité birmane. Ils deviennent donc apatrides, même si les représentants des Rohingyas assurent qu’ils étaient là bien avant cette date. Avec la montée du nationalisme bouddhiste ces dernières années. 

Pourquoi les Rohingyas sont persécutés en Birmanie ?

En octobre 2016, un groupe d’hommes armés attaque un poste de police à la frontière avec le Bangladesh. Le gouvernement birman accuse les membres de la communauté rohingya, qui auraient reçu un entraînement par des instructeurs talibans, d’être responsables de ces attaques. En conséquence, l’armée a lancé une grande opération qui a fait des dizaines de morts, l’aide alimentaire qui approvisionnait des dizaines de milliers d’habitants a été bloquée et les journalistes étrangers ne peuvent plus se rendre sur place. 
Selon l’ONU, quelque 30.000 personnes avaient été déplacées en début d’année. Un chiffre qui repart à la hausse depuis vendredi puisque au moins 18.000 réfugiés ont traversé la frontière vers le Bangladesh voisin. 

Que pense Aung San Suu Ky, la chef emblématique du gouvernement birman ?

La chef du gouvernement birman et prix Nobel de la paix a dénoncé une opération de «désinformation» dont ferait l’objet la situation des musulmans rohingyas.
«Ce genre de fausse information est seulement la partie émergée d’un énorme iceberg de désinformation», a-t-elle déclaré lors d’un échange téléphonique avec le président turc Recep Tayyip Erdogan. 
«Nous ferons en sorte que tous les habitants de notre pays voient leurs droits protégés».
Bref, la majorité bouddhiste, dont fait partie Aung San Suu Kyi, accuse la communauté internationale, notamment les médias étrangers, d’avoir un parti-pris pro-rohingya.

«Nous savons bien mieux que d’autres ce que c’est que d’être privés de droits et de protection démocratique», a déclaré Aung San Suu Kyi dans une allusion à ses années de lutte contre la junte militaire et d’assignation à résidence. 

Quelle est l’ampleur de la crise humanitaire dont sont victimes les Rohingyas ?

Les autorités birmanes considèrent le million de Rohingyas comme des immigrés illégaux du Bangladesh voisin, même s’ils vivent en Birmanie depuis des générations. Même le mot Rohingya est tabou en Birmanie, où on parle de «Bangladais».
«Les musulmans sont affamés chez eux. Les marchés sont fermés et les gens ne peuvent pas sortir de leurs villages, sauf pour fuir. Les autorités recourent à l’intimidation, en utilisant la nourriture et l’eau comme des armes», a expliqué un responsable humanitaire travaillant dans la région, cité par Amnesty International.
«En bloquant l’accès des organisations humanitaires, les autorités mettent la vie de dizaines de milliers de personnes en danger et font preuve d’un mépris terrible pour la vie humaine», estime Tirana Hassan, d’Amnesty International.
Une commission internationale dirigée par l’ancien Secrétaire général de l’ONU, Kofi Annan, a rendu jeudi ses conclusions sur la situation en État Rakhine, appelant la Birmanie à donner plus de droits aux Rohingyas pour éviter leur radicalisation.



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