Le Maroc de Daoud Aoulad-Syad
Dans le cadre de la Saison culturelle 2018, l’Institut français du Maroc propose l’exposition «Le Maroc de Daoud Aoulad-Syad». Cette collection est présentée à la Galerie 121 de l’Institut français de Casablanca et au Musée Abderrahman Slaoui, du 13 décembre au 12 janvier prochain.
C’est avec une cinquantaine de photographies en noir et blanc, pour la plupart iconiques, que l’œuvre de Daoud Aoulad-Syad est aujourd’hui présentée à l’Institut français de Casablanca. L’exposition sera également enrichie de deux séries présentées au Musée Abderrahman Slaoui, d’une part, Maroc, 1980-2000, des portraits mettant en scène les métiers traditionnels du Festival des arts populaires de Marrakech et d’autre part, Maroc, D’ombre et lumière, des clichés présentés pour la toute première fois au public dont certains tirages vintage en cibachrome. C’est une exposition de plus de 50 photographies argentiques, pour la plupart mises à l’honneur durant la première Biennale des photographes du monde arabe en 2015, à la prestigieuse Maison européenne de la photographie à Paris. Ces tirages choisis parmi les premiers travaux du photographe ont été réalisés entre 1980 et 1990. Ils marquent l’avènement de la photographie d’auteur dans l’histoire de la photographie marocaine.
«Le Maroc, d’ombre et de lumière» présente un ensemble de photographies inédites en couleur réalisées au fil de son œuvre par Daoud Aoulad-Syad. Dans cette série, c’est la lumière du Maroc qui devient le sujet principal du photographe lors de ses déambulations sur le territoire où s’alternent scènes de vie rurales, fêtes de village et marchés hebdomadaires. On y retrouve les sujets de prédilection de Daoud Aoulad-Syad : le forain, la marge, le Maroc ancestral, la campagne et le grand sud. Quand à «Ethnofolk», c’est un ensemble inédit de portraits en noir et blanc des troupes folkloriques issues de l’ensemble du royaume marocain.
De Tanger à Dakhla, d’Essaouira à Zagora, Beni Mellal ou encore Boujaad, Chaouen et Oujda… Venus de toutes les régions du royaume, tous les ans pendant presque 60 ans, ces artistes, musiciens, chanteurs, chanteuses, danseurs et danseuses ont accepté pour Daoud Aoulad-Syad de «prendre la pose». Cet étonnant corpus aux allures de folklore prend une dimension indéniablement ethnographique. Humaniste, père de la photographie de rue, poète sans aucun doute, Daoud Aoulad-Syad a témoigné de son attachement à la culture populaire depuis le début des années 1980. Il a dressé un portrait fidèle du Maroc, de son peuple, ses marginaux, ses oubliés avec une sensibilité toute particulière. Daoud Aoulad-Syad est photographe. Il est aussi cinéaste. Il a abondamment puisé ses inspirations dans la littérature, les mythes populaires, le cinéma mais aussi dans l’histoire de la photographie. Henri Cartier-Bresson l’encourage lorsqu’il découvre son exposition à l’Institut du monde arabe de Paris, en 1990. Tour à tour poignante et mélancolique, l’œuvre photographique et cinématographique de Daoud Aoulad-Syad ne cherche pas à enjoliver les faits ni à les expliciter. Elle cherche à nous confronter à la profondeur des sentiments et aux blessures, aux tensions sourdes et mystérieuses, à la force nécessaire pour les déchiffrer afin de transformer le chaos du monde en poésie.