Festival gnaoua d’Essaouira : un retour réussi
Des milliers de visiteurs et des artistes du monde entier se sont donné rendez-vous dans la magnifique ville d’Essaouira à l’occasion du Festival gnaoua et musiques du Monde. Pendant trois jours ensoleillés, les rythmes envoûtants et les débats d’idées se sont mêlés dans une atmosphère empreinte de liberté et d’ouverture.
Entre déjeuner les pieds dans le sable, admirer la sqala du port de pêche d’Essaouira et contempler le balai incessant des mouettes marchant sur la plage de Tagharte, ou bien s’étaler sur les plages de la magnifique «Cité des alizés», les habitants et les touristes de ce coin de paradis au Maroc, baigné par l’Océan Atlantique, ont toujours eu l’embarras du choix. Et comme si cela ne suffisait pas, une nouvelle option est venue s’ajouter à ce catalogue de petits plaisirs en plein air.
Une fois n’est pas coutume, le Festival gnaoua et musiques du monde d’Essaouira a pris d’assaut cette 24e édition, marquée cette année par le grand retour du festival dans son format habituel, pour le plus grand bonheur des inconditionnels de ce rendez-vous culturel, venus des quatre coins du monde. Un menu musical riche où se mêlaient surprises et rythmes envoûtants pendant trois jours. Dès le premier jour, à 18h, le ton était donné. Les cris caractéristiques des emblématiques oiseaux au large de la ville ont laissé place aux sons envoûtants du guembri et des crotales, omniprésents et se mêlant aux sonorités diverses du jazz, du flamenco, du reggae, de la salsa, ainsi qu’aux rythmes touaregs et tamouls.
Un programme haut en couleurs
Après la traditionnelle parade d’ouverture, haute en couleurs, les artistes ont envahi la mythique Scène Moulay Hassan. Dès le début, le concert d’ouverture, une fusion entre Maâlem Mohamed et Said Kouyou avec les tambours du Burundi Amagaba, avait déjà chauffé le public qui attendait avec impatience le spectacle. Ainsi, tout au long de la soirée et durant les deux jours suivants, les musiciens se sont succédés sur scène, que ce soit à Dar Souiri ou à la place Orson Welles, entre autres lieux.
Au total, une quarantaine de concerts ont eu lieu, répartis entre la scène de la place Moulay Hassan et celle de la plage, ainsi que des soirées plus intimes sur les places dédiées, sans oublier les autres moments forts du rendez-vous tels que le Forum des droits de l’Homme. Cela prouve qu’Essaouira n’est pas seulement un lieu idéal pour la pratique de sports tels que le surf et la planche à voile. La ville, aux températures douces, est en réalité un lieu privilégié où l’on peut vivre de véritables moments de grâce, entre concerts fusionnants, lila intimistes, jam-sessions improvisées et grands débats d’idées.
Neila Tazi, productrice et fondatrice du festival, a déclaré lors du Forum des droits de l’Homme du Festival gnaoua et musiques du Monde d’Essaouira, placé cette année sous le thème «Identités et appartenances», que «cet événement illustre ce qu’est le développement humain. Il est important de rappeler qu’il y a 25 ans, le festival était marginalisé, mais grâce à un travail collectif acharné, nous avons réussi à le faire inscrire au patrimoine mondial de l’UNESCO.»
Un rendez-vous indéboulonnable
L’événement, étalé sur deux jours cette année pour débattre de ce sujet d’une grande actualité, se présente comme un espace privilégié de liberté, de dialogue et d’ouverture. Dans un monde traversé par les crispations identitaires et le rejet de l’altérité, il aborde un sujet brûlant. Des artistes, intellectuels, penseurs, acteurs politiques, associatifs et culturels du monde entier se sont ainsi réunis à Essaouira pour défendre et réinventer un monde plus solidaire. André Azoulay, conseiller du roi Mohammed VI et président fondateur de l’association Essaouira Mogador, faisait partie de ces personnalités.
«Pouvez-vous citer un seul pays au monde où des milliers de musulmans et de juifs se retrouvent après avoir fait un long voyage, uniquement pour le plaisir d’être ensemble ?», s’est-il interrogé avant d’affirmer ensuite que ce qui se passe au Maroc et à Essaouira n’est plus possible ni à Londres, ni à Paris, ni à Tel Aviv, ni à Ramallah. «Et c’est la musique qui le fait» au Maroc, s’exclame-t-il. Il convient de rappeler que la crise sanitaire mondiale a contraint le festival à être reporté pendant trois années consécutives.
Cependant, «le covid-19 n’a pas réussi à stopper notre élan ni notre détermination», rappelle Neila Tazi. Le Festival gnaoua et musiques du Monde d’Essaouira puise sa force dans la passion et la persévérance, ajoute-elle. Aujourd’hui, plus que jamais, la préparation de cette 24e édition prouve que cet esprit de résilience ne nous a jamais quittés, a souligné la productrice de l’événement.
Créé en 1998, ce festival s’est imposé comme l’un des événements culturels majeurs du Maroc et du continent. Avec une programmation pointue, mais cohérente et accessible, le festival attire chaque année des milliers de visiteurs venus des quatre coins de la planète, ainsi que de nombreux artistes et intellectuels.
Neila Tazi
Productrice et fondatrice du festival
«Le Festival gnaoua et musiques du Monde d’Essaouira est l’illustration de ce que peut être un développement humain. Rappelons qu’il y a 25 ans, le festival était marginalisé. Aujourd’hui, grâce à la force du travail, un travail collectif, nous avons réussi à inscrire l’événement au patrimoine mondial de l’Unesco».
Khadim Mbaye / Les Inspirations ÉCO