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Sidérurgie : une feuille de route pour la transition bas carbone

Le secteur sidérurgique marocain engage une mutation historique. Une feuille de route pour gérer sa transition bas carbone vient d’être lancée, portée par l’Association des sidérurgistes du Maroc, en partenariat avec le ministère de l’Industrie et du Commerce, et ce, avec l’appui d’acteurs institutionnels nationaux et internationaux.

C’est un nouveau cap pour la sidérurgie nationale. À Casablanca, une réunion fondatrice a marqué le lancement d’un chantier stratégique visant à réduire l’empreinte carbone du secteur. Industriels, membres de l’Association des sidérurgistes du Maroc (ASM), experts techniques et représentants des pouvoirs publics ont pris part à cette rencontre.

Tous partagent une même conviction : il devient indispensable de transformer les modes de production pour répondre aux défis environnementaux, sans compromettre la compétitivité de la filière. Le projet s’inscrit dans une trajectoire nationale de transition énergétique.

À travers sa Stratégie bas carbone et ses engagements internationaux, le Maroc vise la neutralité carbone à l’horizon 2050. Dans cette dynamique, la sidérurgie occupe une position clé. Bien qu’elle soit l’un des plus gros émetteurs de CO₂, elle constitue un socle essentiel de l’économie industrielle du pays.

Une transition conçue avec les industriels
La feuille de route actuellement en préparation servira de cadre aux industriels pour amorcer leur transition. Elle devra permettre de réduire les émissions de gaz à effet de serre, d’optimiser la consommation énergétique, d’encourager le recyclage des matières premières et de s’adapter aux nouvelles normes climatiques, qu’elles soient locales ou internationales.

Au-delà des impératifs écologiques, ce virage répond aussi à une réalité économique. Le Maroc doit se positionner face à la montée des exigences environnementales imposées par ses partenaires commerciaux. Le Mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières, qui impose aux produits importés un coût environnemental équivalent à celui supporté par les industriels européens, envoie un signal fort.

Les producteurs marocains devront désormais prouver la durabilité de leurs procédés pour préserver leur accès aux marchés internationaux.

Soutien technique et financement au cœur du dispositif
Cette feuille de route ne se limite pas à une simple déclaration d’intention. Un programme de renforcement des compétences est déjà lancé, incluant une formation sur le calcul de l’empreinte carbone produit et des outils de vérification.

L’objectif est de doter les industriels des connaissances nécessaires pour documenter, mesurer et justifier leurs actions de décarbonation. En parallèle, un accompagnement spécifique est prévu pour aider les entreprises à mobiliser les financements indispensables.

La réussite de cette transition repose en grande partie sur des investissements dans des technologies propres, l’efficacité énergétique ou encore la circularité des matériaux. Sans soutien ciblé, cette mutation serait difficile à concrétiser.

Une action inscrite dans une stratégie plus large
Ce projet s’articule pleinement avec le programme “Transition juste”, cofinancé par l’Union européenne et le ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement. Mis en œuvre par la GIZ, en collaboration avec le ministère de la Transition énergétique et du Développement durable ainsi qu’avec celui de l’Économie et des Finances, ce partenariat vise à faire émerger une économie bas carbone, inclusive et compétitive à l’échelle mondiale.

En amorçant la transformation de la sidérurgie, c’est l’ensemble de la chaîne de valeur industrielle qui est appelé à évoluer. Le Royaume confirme ici sa volonté de réindustrialiser le pays tout en respectant les nouveaux standards environnementaux. Cette feuille de route marque une étape décisive sur le chemin d’une souveraineté industrielle résiliente et durable.

La pression carbone change les règles du jeu

La sidérurgie mondiale génère chaque année quelque 1,8 milliard de tonnes de CO₂. Ce chiffre illustre l’ampleur des défis pour un secteur en quête de transformation. Au Maroc, cette industrie reste essentielle, notamment pour les infrastructures, la construction et la fabrication de biens intermédiaires. Mais les conditions d’accès aux marchés extérieurs évoluent rapidement.

Le Mécanisme européen d’ajustement carbone aux frontières introduit une forme de taxe environnementale sur les produits importés. Les entreprises nationales devront démontrer que leurs procédés sont alignés sur les standards bas carbone pour éviter des surcoûts et rester compétitives.

Faiza Rhoul / Les Inspirations ÉCO



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