Tensions sociales : les ministres tentent de convaincre

Les membres du gouvernement et certains élus multiplient les prises de parole. Entre défense de la cohésion de la majorité, annonces de réformes sociales et condamnation des débordements, l’exécutif tente d’apporter des réponses à la mobilisation.
Face à la mobilisation inédite de la Gen Z, des membres du gouvernement et certains élus ont multiplié les prises de parole dans les médias et dans les institutions, au fil des derniers jours. Mardi, le collectif à l’origine des manifestations a annoncé une suspension temporaire de ses actions jusqu’à jeudi, la veille du discours royal marquant la rentrée parlementaire, le 10 octobre. Une pause présentée comme une stratégie de réorganisation et non comme un renoncement.
Et pour cause, les jeunes appellent à une forte mobilisation lors de leur prochain rassemblement, avec des revendications inchangées : démission du gouvernement, renforcement des secteurs de la santé et de l’éducation et libération des personnes arrêtées.
Fatima-Zahra Mansouri salue et met en garde
Lors de la session ordinaire d’octobre du Conseil communal de Marrakech, sa présidente Fatima-Zahra Mansouri est revenue sur les manifestations organisées par la Gen Z et les violences constatées notamment dans le quartier de Sidi Youssef Ben Ali.
La responsable, qui dirige parallèlement le ministère de l’Habitat et de l’urbanisme, a salué la légitimité des revendications pacifiques, axées sur la santé, l’éducation et la lutte contre la corruption, tout en condamnant fermement les actes de vandalisme.
«Nous ne cautionnons absolument pas ce genre de comportements», a-t-elle déclaré, annonçant la tenue d’une réunion d’élus pour comprendre les causes de ces tensions. La maire a également remercié les autorités locales et les forces de sécurité pour leurs efforts.
Younes Sekkouri dénonce l’exploitation des agents de sécurité
Dans un entretien à 2M, le ministre de l’Inclusion économique et de l’Emploi, Younes Sekkouri, a de son côté mis en lumière un autre problème social : la précarité des agents de sécurité. Ces travailleurs, souvent déployés dans les hôpitaux, se voient confier des missions qui dépassent leur fonction.
«Ils sont considérés comme la main-d’œuvre la moins chère du Maroc, le maillon faible», a-t-il regretté, dénonçant le non-respect du salaire minimum par certains employeurs.
Le ministre a plaidé pour une réforme du Code du travail afin de mettre fin aux abus, rappelant avoir déjà défendu ce dossier à plusieurs reprises lors des séances de dialogue social. Sur le plateau d’Al Aoula, le porte-parole du gouvernement, Mustapha Baitas, a quant à lui insisté sur la «solidarité qui unit la majorité en place depuis 2021». «Nous traitons les dossiers collectivement, y compris ceux liés aux manifestations», a-t-il affirmé, tout en rejetant les accusations visant Nizar Baraka après son passage sur 2M.
Selon lui, le gouvernement reste concentré sur son objectif : accélérer les réformes et répondre aux attentes de la jeunesse. Mardi toujours, c’est devant la Chambre des conseillers que le ministre de la Santé, Amine Tehraoui, est revenu sur le bilan de son département.
Le ministre de tutelle a ainsi présenté un état des lieux du secteur de la santé, reconnaissant des déficits chroniques accumulés depuis des décennies. Tehraoui a insisté sur les réformes en cours : construction de nouveaux CHU, réhabilitation de plus de 1.000 centres de santé, renforcement de la formation médicale et déploiement de la télémédecine.
Le budget de la Santé est passé de 19 à 32,5 milliards de dirhams, preuve selon le ministre de la volonté du gouvernement d’investir massivement pour offrir «un système moderne et équitable à tous les Marocains». Suffisant pour calmer la Gen Z ?
Ilyas Bellarbi / Les Inspirations ÉCO