Culture

Éducation aux médias : Au Maroc, tout reste à faire

Le lancement de la 6e Semaine de l’Éducation aux médias et à l’information au Maroc montre l’étendue du travail qu’il reste à accomplir pour intégrer ce sujet dans «le logiciel» des politiques publiques.

Première actualité: la diffusion des photos des victimes de la bousculade tragique d’Essaouira par des médias et, avant eux, par les usagers des réseaux sociaux, a suscité l’indignation. Deuxième actualité: 15 jeunes auraient attrapé la rage après avoir violé une ânesse près de Sidi Kacem. «L’info» est rapidement relayée et largement commentée. Après vérification, cette prétendue information rapportée par un quotidien national s’avère fausse. Dans les deux cas, l’existence de programmes d’Éducation aux médias et à l’information (EMI) auraient permis d’éviter (ou de réduire) ces atteintes à la dignité humaine constatées à Essaouira ou la stigmatisation des habitants d’une région.

Développer l’esprit critique
Avant d’aller plus loin, qu’est-ce que l’EMI? Selon l’UNESCO, elle correspond à «un ensemble de compétences pour rechercher des informations, en évaluer le contenu avec un esprit critique et prendre des décisions raisonnées en tant qu’utilisateurs ou créateurs d’information et de contenu médiatique». Pour instaurer ces programmes, l’UNESCO mène des actions de sensibilisation au niveau mondial. Au Maroc, la Semaine d’Éducation aux médias a été lancée en 2012. Quatre ans après, les acteurs nationaux au Maroc tardent toujours à concrétiser leurs engagements, notamment à travers l’introduction de cette matière dans les programmes d’éducation nationale. La bataille mondiale contre les fake news devrait donner un nouvel élan à cette campagne.

«L’EMI n’est pas un luxe»­
Les interventions des officiels marocains se sont limitées à de bonnes intentions. Le ministère de la Communication et de la culture, le ministère en charge de la Relation avec la société civile ou la présidente de la HACA ont rappelé «l’importance de l’éducation aux médias» sans annoncer de programmes concrets sur ce sujet. Pourtant, Mustapha El Khalfi a souligné que «l’éducation aux médias n’est pas un luxe, mais une nécessité en ces temps de fake news». Le porte-parole du gouvernement a insisté sur «l’urgence d’outiller les citoyens face à ce danger pour la souveraineté des États». L’ex-ministre de la Communication a tenu à prévenir que «ce combat est mondial et ne peut être mené au niveau strictement national». Pour sa part, Fadwa Rih, représentante du ministère de la Jeunesse et des sports, a rappelé les différents programmes mis en place par son département pour renforcer la sensibilisation du jeune public aux médias. «Le programme d’estivage annuel comprend des formations aux médias, à l’instar du concours du Jeune reporter», illustre-t-elle. Au-delà de ces programmes dispersés, l’UNESCO aspire à voir émerger «une politique nationale de l’éducation aux médias et à l’information». Le bureau maghrébin de l’UNESCO veut associer à cette politique les acteurs politiques, de la recherche et des médias. Pour rappel, la sixième édition de la Semaine internationale de l’EMI se tient sous le thème «L’éducation aux médias et à l’information en temps critiques: réinventer les méthodes d’apprentissage et les environnements de l’information». Ses activités se poursuivent jusqu’au 26 novembre prochain.


Khaled Salah
Représentant de l’UNESCO  au Maghreb

Les nouvelles technologies de l’information sont des moyens d’accès à l’information mais aussi des vecteurs pour participer à la définition des politiques publiques afin de contribuer aux enjeux de la citoyenneté active. L’UNESCO félicite le Maroc pour son engagement en faveur de l’EMI. Nous espérons que cela se traduira bientôt par l’intégration de ce sujet dans les programmes d’éducation formelle et non informelle.

Amina Lamrini
Présidente de la HACA

Lors de la révision des statuts de la HACA, nous avons fait un plaidoyer auprès du gouvernement et le Parlement pour inclure l’éducation aux médias comme une de nos nouvelles missions. Les opérateurs à travers les cahiers des charges ont pour obligation de consacrer des émissions de ce genre destinées au jeune public. Par ailleurs, l’essentiel de l’éducation doit se faire par la pédagogie de l’exemple, c’est-à-dire à travers le respect de la déontologie de la profession journalistique.


Radio MIL, station dédiée à l’éducation aux médias

Cette édition est marquée par le lancement de Radio MIL, une radio FM dotée d’une licence temporaire qui émettra sur la fréquence 99.0 à Rabat du 20 au 26 novembre. Animée par huit jeunes journalistes marocains et six journalistes issus de la région MENA, RADIO MIL diffusera des contenus tout au long de la semaine. Le contenu réalisé, dans le cadre de Radio MIL, sera ensuite partagé en ligne par les réseaux de radios locales et associatives. Ce projet est le fruit d’une collaboration entre le CNDH et l’association FMAS, qui avait déjà réalisé la Radio Climat en 2016.


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