Culture

Cinéma, audiovisuel, gaming : un cluster en gestation

La crise sanitaire a mis en exergue l’importance du numérique dans l’économie. Au-delà de ses fonctionnalités pratiques, le numérique offre un formidable terrain de création et de diffusion des arts et de la culture. Pour exploiter ce gisement d’opportunités, le Maroc étudie de près l’idée de mettre en place un cluster dédié aux industries du cinéma, de l’audiovisuel et de la production de jeux vidéo.

Chaque niche de business mérite d’être exploitée en ces temps de conjoncture inédite. C’est vraisemblablement pour cela que le ministère de la Culture et des sports étudie actuellement de près l’idée de mettre en place un cluster dédié aux industries du cinéma, de l’audiovisuel et de la production de jeux vidéo, appelés « gaming ». Et si cette piste est aujourd’hui lancée, c’est qu’un potentiel certain existe. Les usages et les technologies numériques transformant et façonnant les modes de création, de production et de diffusion des arts et de la culture, ces filières sont traversées par des mutations profondes de leurs modèles de distribution. L’installation d’une zone d’accélération économique ne peut, donc, qu’amorcer la naissance d’une filière nouvelle génération, productive et innovante, mais aussi créatrice d’emplois. Selon les premiers éléments d’information, le schéma envisagé serait celui d’un cluster déployé autour d’établissements de formation et de recherche réputés, qui offrirait aux entreprises un cadre attractif et des infrastructures de haut niveau. Parmi les éventualités à l’étude, aussi, celle de doter cette zone d’un programme incitatif spécifique, pour améliorer son attractivité.

Objectif : vision stratégique
Autre grande particularité de ce projet, pour lequel une étude d’opportunité et de faisabilité reste à boucler : l’implémentation de ladite zone d’accélération économique serait réalisée dans le cadre d’un partenariat public privé (PPP). Maintenant, un certain nombre d’aspects demeurent encore à ficeler par le ministère avant de boucler le montage de ce chantier. Entre autres, il s’agira d’étudier les besoins des utilisateurs potentiels de cette zone. Il faudra également étudier l’impact d’un tel cluster en termes de valeur ajoutée, de création d’emplois, de potentiel à l’export, de renforcement du rayonnement culturel et de renforcement de la qualité de la production culturelle nationale. Il restera, par ailleurs, à tracer les contours du cadre incitatif dédié à cette zone, mais aussi délimiter la forme qu’elle prendra ( cluster physique ou virtuel), le zoning, le type de services et d’infrastructures offerts, la gouvernance, les opérateurs cibles… Néanmoins, pour ce faire, un large ratissage sera nécessaire au ministère afin de cerner toute la portée de ce chantier. Des questions comme la structure des entreprises du secteur, leurs stratégies et leurs conditions de concurrence, ou encore les tendances et les conditions de la demande, nationale et internationale, et des flux d’investissement dans le secteur sont à décortiquer.

Gaming. Un méga potentiel et de méga lacunes

Des trois segments d’activités culturelles concernées par le cluster en réflexion, le gaming demeure une niche loin d’être encore pleinement exploitée au Maroc. Sous d’autres cieux, le business du jeu vidéo a fait ses preuves, démontrant qu’il peut s’avérer des plus lucratifs. Au Maroc, une étude publiée par l’Institut français et intitulée «Les industries culturelles et créatives numériques au Maroc», apporte des conclusions édifiantes. «Le passage de la société française Ubisoft à Casablanca entre 2011 et 2016 a permis de former toute une génération de designers et de développeurs», soulignait l’étude, ajoutant que l’autre catégorie de créateurs est principalement constituée d’autodidactes. En termes de potentiel pour la création d’emplois, l’étude assure que les opportunités sont nombreuses et peuvent toucher une large palette de profils : artistes, designers, ingénieurs, communicants, développeurs, managers de projets culturels, réalisateurs, musiciens… Néanmoins, si les talents ne manquent pas au Maroc, ceux-ci «travaillent bien souvent de manière indépendante, sur des projets marocains ou étrangers, les sociétés n’ayant pas les moyens d’embaucher des permanents». Justement, à propos de moyens, la même source informe que «les exemples sont rares mais certains studios ont pu bénéficier de fonds dédiés à l’entrepreneuriat numérique». Par ailleurs, l’étude publiée par IFM évoque une autre lacune, cette fois liée à la consommation. «La législation marocaine concernant les achats en ligne freine l’accès des publics aux créations mobiles. Les stores, qui monopolisent la distribution dans une logique oligopolistique (Google Play Store et Apple Store) sont très contraignants pour les entreprises marocaines et se servent gracieusement sur les achats d’application (30% du prix de vente)». De plus, «la visibilité est le problème majeur et la plus grande bataille que mènent les développeurs marocains de jeu vidéo. Une part du budget pour la création d’un jeu doit être consacré au marketing pour acquérir des utilisateurs». Enfin, sur le volet des ressources humaines, les besoins en formation et en réseau sont conséquents dans cette activité, alerte la même source. «Les développeurs et les graphistes sont les deux
profils essentiels à la création de jeu vidéo… L’existence de formations dédiées qui brasseraient ces deux profils permettraient sans doute de constituer plus facilement ces équipes», est-il souligné

Modeste Kouamé / Les Inspirations Éco


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