Éco-Business

Une priorité dans le nouveau modèle de développement

 Les participants au symposium organisé par la FSJES de Casablanca sont unanimes à souligner le rôle majeur de l’éducation dans la définition du modèle économique du Maroc de demain.

Le symposium international sur le modèle économique du Maroc a levé ses rideaux mercredi après-midi à Casablanca en présence des officiels et d’une pléiade de chercheurs universitaires nationaux et étrangers. «Le symposium propose des focus sur le caractère multidimensionnel du modèle économique marocain.  L’idée est de contribuer à nourrir la réflexion pour une meilleure appréhension de la problématique du développement et du modèle économique», explique Fouzi Mourji, membre du comité scientifique, cheville ouvrière de l’événement. Le doyen de la Faculté des sciences juridiques, économiques et sociales (FSJES) de Casablanca, Abdellatif Komat, donne le ton en rappelant le contexte dans lequel intervient cette rencontre, notamment l’appel du roi lors de l’ouverture de la nouvelle session du Parlement en octobre 2017 à une reconsidération du modèle de développement marocain pour le mettre en phase avec les évolutions que connaît le pays. «La place de la formation et de l’éducation est fondamentale dans la reconstruction du modèle de développement marocain, aussi bien dans sa dimension économique que sociale», estime Komat.

Un avis partagé par le ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique, Saïd Amzazi qui met l’accent sur le rôle du capital humain. Reprenant les prévisions de l’OCDE et de la BAD qui tablent sur un recul du taux de croissance en 2018 malgré un niveau d’investissement parmi les plus élevés dans le monde, Amzazi en déduit que le modèle actuel s’avère inapte à réduire les écarts territoriaux et à réaliser une justice sociale: «il n’existe pas de modèle prêt à l’emploi mais il est évident, avec l’ampleur du chômage, que la promotion de l’individu s’impose comme un chapitre nécessaire à inclure dans notre nouveau modèle de développement». Amzaz a aussi répondu à ceux qui reprochent à son département ministériel un manque d’efficience malgré son caractère budgétivore (28% du budget général de l’État), précisant à cet égard que 80% du budget est englouti par les salaires (300.000 fonctionnaires). «Notre ministère reste le premier employeur et ne peut tabler que sur 10% de ce budget pour investir or rien que pour mener quelques actions pédagogiques, il faut prévoir 2 MMDH», fait-il constater. Moralité, le Maroc a certes mobilisé les moyens pour généraliser la scolarisation, mais celle-ci n’est pas l’éducation. Le pays affiche le double du taux moyen de redoublement dans le monde. Un enfant sur deux reste exclu du préscolaire, ce qui implique fortement la responsabilité des parents or, déplore le ministre, seul un père sur deux partage une activité avec ses enfants et seul un enfant sur trois dispose de livres à la maison. Pour le secrétaire général du ministère des Finances, Zouhair Chorfi, le Maroc a besoin d’une nouvelle dynamique de croissance malgré les nombreux acquis enregistrés ces dernières décennies. «Les inégalités sociales restent importantes. Le chômage urbain reste préoccupant, notamment chez les jeunes diplômés», s’inquiète Chorfi pour qui les travaux de diagnostic sont assez abondants.

Selon lui, la réflexion sur le modèle de développement doit s’articuler sur deux niveaux. L’un portant sur les mesures à prendre à court terme pour améliorer le modèle (gouvernance, lutte anti-corruption, la dématérialisation des procédures, l’amélioration de l’investissement public). Le second niveau est axé sur les questions de fond renvoyant à un nouveau repositionnement et à de nouvelles réformes structurelles, y compris celles de nature complexe (l’éducation, la santé, l’emploi, etc). De son côté, l’ancien ministre des Finances, Mohamed Berrada, tout en passant en revue les fragilités du système économique dominant (une formation inadaptée aux besoins des entreprises, la rareté du préscolaire, investissements énormes en capital sans impact sur l’emploi, etc), se montre convaincu que le modèle keynésien reposant sur la dépense publique a montré ses limites et reste entaché par des fuites (aggravation du déficit de la balance commerciale sous l’effet des ALE, une maîtrise d’inflation liée à l’import plus qu’à un effet-compétitivité, etc). Berrada met l’accent sur le rôle du secteur industriel qui, selon lui, constitue la base principale de création d’emplois directs et indirects mais le capital fixe ne suffit pas, déclame-il, d’où la nécessité d’investir en capital immatériel et surtout dans la qualité du capital humain à travers l’éducation. 


Saïd Amzazi
Ministre de l’Éducation nationale, de la formation professionnelle, de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique

Il devient urgent d’opérer une véritable rupture par rapport au mode de recrutement des enseignants du primaire au secondaire…Les pays les plus performants en matière d’éducation (Corée du Sud, Finlande) recrutent les enseignants parmi les 5 à 10% des meilleurs diplômés dans le supérieur en leur accordant un statut social et une rémunération attrayante».

Zouhair Chorfi
Secrétaire général du ministère des Finances

Le modèle de développement est à reconsidérer en aspirant à une croissance inclusive accordant une grande place aux jeunes et aux femmes. Un modèle qui libère les énergies, qui renforce la cohésion sociale et le mieux vivre ensemble. Le temps est à la mobilisation».

Mohamed Berrada
Universitaire et ancien ministre des Finances

Il faut protéger notre industrie contre le dumping. Le pays a besoin d’un minimum de patriotisme économique. Nous devons donner la priorité à l’industrie nationale. Puis, faut-il donner à la politique de change un rôle plus dynamique, ou bien faut-il veiller à la préservation de l’inflation et du pouvoir d’achat au détriment de l’emploi ?».


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