TPME : la gestion du risque au service, pour de meilleures opportunités
Les enjeux liés à la gestion du risque en entreprises étaient au centre d’un webinaire initié par la Chambre de commerce britannique. Au-delà de la nécessité d’adopter une approche proactive du risque, sa gestion doit être perçue comme une opportunité.
Indépendamment de la taille de l’entreprise, la gestion du risque est au centre des préoccupations des dirigeants des TPME. Les risques qui guettent l’entreprise mutent continuellement et s’amplifient dans un environnement économique sujet à des chocs imprévisibles, susceptibles de perturber le quotidien de ce tissu entrepreneurial. Comment ainsi faire face à l’essor des risques et leurs impacts sur les différentes composantes de l’entreprise ? Autant d’enjeux sur lesquels s’est attelé le webinaire initié récemment par la Chambre de commerce britannique au sujet des approches et meilleures pratiques afférentes à la gestion de risques en entreprises.
Bien que la gestion des risques n’est plus simplement une composante opérationnelle, mais une nécessité stratégique, imposée par la capacité du tissu économique à faire face à des chocs variés, il devient impératif pour les entreprises marocaines de développer une approche proactive de la gestion des risques selon les participants à cette rencontre marquée par la participation d’une centaine de membres de la chambre, de représentants du secteur public et d’entreprises privées.
Cela englobe aussi la capacité à anticiper les risques potentiels, à mettre en place des mécanismes de surveillance efficaces, et à ajuster rapidement les stratégies en réponse aux changements du paysage des affaires et tirer aussi profit du risque.
Avoir une vision globale du projet
Selon Asmae Hajjami, directrice générale chez Société générale du Maroc, «les entreprises au Maroc évoluent dans un environnement en perpétuelle évolution, marqué par des évènements imprévus et des défis multiples».
Dans un contexte plus précis, «il est impératif d’avoir une vision globale du projet en mettant l’accent sur son utilité ainsi que l’activité du client, tout en tenant compte des compétences managériales, de la capacité de financement, de la réactivité, de l’agilité et du leadership», ajoute-t-elle.
La directrice générale de Société générale du Maroc a également évoqué les différents risques auxquels les banques sont confrontées, notamment stratégiques, opérationnels, financiers et non financiers et de réputation, et a précisé que ces derniers sont maîtrisés pour garantir la résilience du système financier.
Pour sa part, Hicham Boularbah, fondateur chez Haris Financial, a affirmé que dans un contexte volatil marqué par des crises et un marché tendu, «la gestion des risques devient cruciale».
Dans ce sens, il a recommandé de bâtir une gestion des risques sur mesure, en intégrant les différents départements de l’entreprise et en mettant à jour annuellement la politique de gestion des risques.
«Il faut bâtir une politique et un terrain de jeu avec des règles en se dotant des moyens pour contrôler», insiste-t-il.
Pour lui, la digitalisation de cette gestion est indispensable pour que l’information soit précise, rapide et auditable, notamment face aux risques complexes. Aujourd’hui, de plus en plus d’entreprises utilisent l’innovation financière pour porter cette gestion.
Voir le risque comme une opportunité
Quant à Zakaria Fahim, il a assuré, pour sa part, qu’il faut voir le risque comme une opportunité. «Contrairement à une majorité de dirigeants mondiaux, seulement 67% des leaders africains considèrent le contexte mondial actuel comme une crise, contre 84% globalement, mais adoptent une approche proactive des risques.
Cependant, 81% des entreprises africaines font face à une saturation liée à la gestion des cyber-risques à cause de l’augmentation constante des menaces, accentuée par la complexité réglementaire», souligne-t-il.
Selon le rapport BDO Global Risk Landscape 2024, la solvabilité financière des clients et les risques systémiques tels que les cyber-attaques et les crises économiques figurent parmi les priorités stratégiques. Les tensions géopolitiques, désormais classées au troisième rang des risques mondiaux, inquiètent les entreprises en raison de l’instabilité causée par des conflits majeurs.
D’autre part, la digitalisation offre de grandes opportunités aux entreprises marocaines, mais elle augmente également leur exposition aux risques.
Pour y faire face, «il est important de former les employés pour détecter les cyber-menaces et réduire les erreurs humaines, responsables de 90% des incidents liés à la cybersécurité», précise Zakaria Fahim.
Selon le même rapport, les entreprises qui investissent dans la formation continue augmentent leur résilience aux risques numériques de 25% en moyenne. Par ailleurs, il est essentiel d’adopter selon l’expert une gestion proactive et innovante des risques.
«Les entreprises doivent investir dans des solutions adaptées telles que la diversification des chaînes d’approvisionnement, l’utilisation des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle pour anticiper et mitiger les risques, et le renforcement de la formation des équipes pour développer une véritable culture de la gestion des risques», propose-t-il.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO