Secteur privé : le moral continue de s’effriter
Les vents contraires qui s’accumulent voilent l’horizon aux chefs d’entreprises qui sont préoccupés par la gestion du quotidien. Ils se ruent vers les guichets bancaires pour financer leurs besoins en fonds de roulement. L’encours des comptes débiteurs et crédits de trésorerie affiche une hausse de 10,2% sur un an en avril. D’un autre côté, l’incertitude, la hausse des coûts de production et le ralentissement de la demande domestique et étrangère affectent l’investissement. La morosité gagne aussi l’investissement des ménages, le rythme de progression du crédit à l’habitat ayant sensiblement ralenti par rapport au début de l’année.
En proie à de nouvelles tensions sur la trésorerie, les entreprises se sont ruées vers les guichets bancaires pour bénéficier du nouveau dispositif de soutien acté en mars. Le relèvement des plafonds de garantie des produits Damane Atassyir et Damane Istitmar offre la possibilité à de nombreuses entreprises de disposer d’une enveloppe supplémentaire pour financer leurs besoins additionnels en fonds de roulement.
En un mois, entre mars et avril, l’encours des comptes débiteurs et crédit de trésorerie sur les entreprises non financières privées a augmenté de 6,4 MMDH pour atteindre 198 MMDH, selon les statistiques monétaires publiées par Bank Al-Maghrib.
Sur un an à fin avril, il affiche une hausse de 10,2% après 8,1% en mars et 6,7% en février. Avec des perspectives économiques assombries par la guerre en Ukraine et la poussée de l’inflation, le risque de défaillance s’est accru pour de nombreuses entreprises en raison de la pression sur les revenus et sur les marges.
Le soutien public apporte une bouffée d’oxygène mais, pour certains, il ne ferait que retarder l’échéance. La succession des chocs a significativement réduit la capacité des entreprises à se projeter. La plupart se concentre sur la gestion du quotidien.
Depuis fin 2019, l’encours des comptes débiteurs et crédit de trésorerie a augmenté de 41 MMDH là où celui du crédit à l’équipement n’a enregistré que 4 MMDH supplémentaires. Il n’est pas prêt de redécoller avec les derniers développements.
L’inflation des prix à la production a été de 14,2% sur un an en avril dans les industries alimentaires et de 41,7% dans la métallurgie. L’incertitude, la hausse des coûts de production et le ralentissement de la demande domestique et étrangère (révision de la croissance de 4% à 2,7% en Europe) affectent l’investissement.
La croissance du crédit à l’équipement a de nouveau décélérer en avril à 2,2% sur un an contre 2,7% en mars, 3% en février et 3,7% en janvier. Inversement, les dépôts à vue auprès des banques s’accélèrent passant d’une croissance de 10,4% en janvier à 14,2% en mars avant de revenir à 11,7% en avril.
Poursuite du ralentissement du crédit à l’habitat
La double baisse des prix des biens résidentiels et des taux d’intérêt ne soutiennent guère les transactions qui ont reculé de 6,6% sur un an au premier trimestre selon Bank Al-Maghrib.
L’augmentation du coût de la vie et les craintes liées au chômage ont fait plonger l’indice de confiance des ménages à un plus bas historique. La pression sur les finances des ménages ne sera pas neutre sur leur comportement d’épargne et d’investissement. Il faudra observer le comportement du marché immobilier au cours des prochains mois.
En avril, la croissance de l’encours du crédit à l’habitat a ralenti à 3,3% à 234 MMDH au lieu de 4% en mars et près de 5% en janvier. L’évolution du crédit à la consommation reste relativement atone en dessous de 3% depuis le début de l’année en lien notamment avec l’effondrement de la confiance des ménages.
F.Fa / Les Inspirations ÉCO