Risques systémiques: Etat des lieux
Le Comité de coordination et de surveillance des risques systémiques a tenu sa dixième réunion, mardi à Rabat, en vue d’analyser la situation du système financier et d’examiner l’état d’avancement de la feuille de route inter-autorités de stabilité financière couvrant la période 2019-2021.
Au programme de la réunion, figurait également l’étude de la cartographie des risques systémiques pesant sur le système financier national et le point sur l’état d’avancement des actions inscrites dans la feuille de route sectorielle pour la mise en œuvre des recommandations du GAFIMOAN en matière de lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme dans le secteur financier.
Faut-il donc s’inquiéter?
Après avoir analysé la situation du système financier au regard des tendances économiques et financières observées et attendues, le Comité a constaté que les risques macroéconomiques demeurent globalement modérés dans un contexte international empreint d’incertitudes liées principalement à la persistance des conflits commerciaux et des tensions géopolitiques qui continuent de peser sur la croissance mondiale.
Ainsi, dix constats principaux ont été dressés à l’issue de cette réunion. Déficit du compte courant, croissance nationale, crédits, déficit budgétaire…
1. Le déficit du compte courant devrait s’alléger à 4,6% en 2019 et poursuivrait son amélioration au cours des deux prochaines années. Les réserves internationales nettes continueraient sur l’horizon de prévision à assurer autour de 5 mois d’importations de biens et services.
2. La croissance nationale connaîtrait un ralentissement en 2019 à 2,6% après 3% en 2018, sous l’effet de la baisse de la valeur ajoutée agricole. Celle du secteur non agricole, pour sa part, connaîtrait une certaine amélioration avec une croissance passant de 2,6% en 2018 à 3,3% en 2019, à 3,5% en 2020 et à 3,7% en 2021.
3. Le déficit budgétaire hors privatisation se creuserait à 4,1% du PIB en 2019 après 3,7% en 2018. Au cours des deux prochaines années, la consolidation budgétaire se poursuivrait, le déficit devant revenir à 3,8% du PIB en 2020 et à 3,5% en 2021.
4. Le crédit bancaire a enregistré une légère reprise profitant particulièrement aux sociétés privées et le taux des créances en souffrance des entreprises non financières s’est stabilisé autour de 10% et celui des ménages est passé de 7,4% en 2018 à 7,9%.
5. Les banques sont parvenues au titre du premier semestre 2019 à préserver leur rentabilité et continuent, au plan de la capitalisation, de dégager des ratios de solvabilité supérieurs aux minimas réglementaires du coût du risque.
6. Le secteur des assurances continue de faire preuve de solidité et de croissance aussi bien en vie qu’en non vie. Il dégage une marge de solvabilité, en couverture du risque de souscription, largement supérieure au minimum réglementaire.
7. Régimes de retraite: la sous-tarification des droits acquis dans le cadre de la branche long-terme de la CNSS et du régime général du RCAR conduit à une forte accumulation des dettes implicites (engagements non couverts) des deux régimes. En ce qui concerne le régime des pensions civiles géré par la CMR, sa réforme paramétrique intervenue en 2016 a permis d’équilibrer sa tarification au titre des droits acquis après 2017.
8. La capitalisation boursière s’établit à 609 milliards de dirhams (MMDH) à fin novembre 2019, en progression de 6% en glissement annuel. La liquidité de ce marché, quoique faible, s’est légèrement améliorée au 2ème semestre.
9. Le marché de la dette privée a connu une augmentation sensible des émissions en 2019 atteignant plus de 77 MMDH contre 70 MMDH en 2018 et l’encours ressort également en progression à fin novembre de près de 13% en glissement annuel.
10. L’actif net des OPCVM (457,5 MMDH à fin octobre) est en progression de 4% en glissement annuel, avec une orientation de la collecte vers la catégorie obligataire de moyen et long termes.