Conjoncture au deuxième trimestre 2025 : l’économie accélère, portée par l’investissement et la consommation

L’économie nationale a connu une nette accélération au deuxième trimestre 2025, avec une croissance de 5,5% en volume, dopée par le rebond agricole, l’essor des industries et la vigueur de la demande intérieure. Mais derrière cette embellie, le déficit de financement se creuse, révélant les fragilités structurelles d’une croissance encore dépendante des capitaux extérieurs.
Le Maroc a enregistré une croissance économique soutenue au deuxième trimestre 2025, confirmant une dynamique de reprise plus vigoureuse qu’attendu. Selon les comptes nationaux publiés par le Haut-commissariat au plan, le produit intérieur brut (PIB) en volume a progressé de 5,5%, contre seulement 3% à la même période de 2024. Une performance qui s’explique par le redressement des activités agricoles et la forte expansion des secteurs non agricoles, sur fond de demande intérieure robuste et d’inflation maîtrisée.
L’amélioration est d’abord visible dans les activités secondaires, dont la valeur ajoutée a bondi de 7,4%, après un maigre 3,1% un an plus tôt. Le bâtiment et les travaux publics progressent de 6,7%, les industries de transformation de 6,9%, tandis que l’électricité et l’eau affichent un spectaculaire rebond de 8,9% après une contraction l’an passé. Même l’industrie extractive, bien que toujours en ralentissement, limite sa baisse à 10,9%, contre 20% au deuxième trimestre 2024.
Du côté des services, la tendance est également positive, avec une croissance de 4,8% contre 4,2% un an plus tôt. Les activités d’hébergement et de restauration, dopées par la dynamique touristique, grimpent de 10,5%. Le commerce (+4,4%) et les services rendus aux entreprises (+4,2%) suivent la même trajectoire ascendante. En revanche, le transport et entreposage ralentit (+4,3% après 7,9%), de même que les services de l’éducation et de la santé. Le secteur primaire, moteur traditionnel de l’économie, se redresse nettement.
Après une chute de 4,8% en 2024, il croît de 4,2% au deuxième trimestre 2025, grâce au rebond de l’agriculture (+4,7%). La pêche, en revanche, continue de reculer (–7,7%). Au total, l’économie marocaine bénéficie d’un double effet : la vigueur de la demande intérieure et une inflation en reflux. Aux prix courants, le PIB augmente de 7,8%, contre 6,9% un an plus tôt, ce qui traduit une décélération du niveau général des prix à 2,3%, après 3,9% en 2024.
La demande intérieure est le véritable moteur de cette croissance. Elle bondit de 9,2%, contre 6,6% au deuxième trimestre 2024, et contribue à hauteur de 9,9 points à l’évolution du PIB. Les investissements bruts, en particulier, enregistrent une hausse spectaculaire de 18,9%, contre 14,3% l’an passé, contribuant à eux seuls à 5,6 points de croissance. La consommation publique progresse de 6,5%, tandis que les dépenses des ménages, en hausse de 5,1%, soutiennent 3 points de croissance.
En revanche, le commerce extérieur pèse toujours négativement. Les importations bondissent de 15,7%, tirées par la vigueur de la demande, tandis que les exportations progressent de 8,5%. Résultat : une contribution négative des échanges extérieurs de 4,4 points à la croissance, un niveau légèrement aggravé par rapport à 2024.
Derrière ces bons chiffres se profile une fragilité persistante : le besoin de financement de l’économie nationale. Alors que l’investissement brut atteint désormais 32,5% du PIB (contre 30% un an plus tôt), l’épargne nationale s’établit à 29,3% seulement. Le déficit de financement se creuse donc à 3,2% du PIB, contre 1,6% un an auparavant.
En somme, l’équation est claire : l’économie marocaine accélère, mais au prix d’une dépendance accrue aux financements extérieurs. Si la dynamique d’investissement et de consommation se confirme, elle pourrait renforcer durablement la trajectoire de croissance. Mais la pression sur la balance des paiements et les besoins en capitaux extérieurs demeurent un défi majeur pour la stabilité macroéconomique.
H.K. / Les Inspirations ÉCO