Aérien : RAM s’invite dans le ciel bavarois

La nouvelle ligne aérienne reliant Casablanca à Munich opère moyennant deux rotations hebdomadaires, un rythme jugé en adéquation avec la demande actuelle. Cette ouverture traduit la volonté de Royal Air Maroc de consolider sa présence sur le marché allemand, tout en diversifiant sa gamme de clientèle.

Lundi 20 octobre, à 18 heures, accueilli par le traditionnel jet d’eau à l’aéroport bavarois, le vol inaugural de Royal Air Maroc (RAM) s’est posé à Munich après trois heures et demie de vol au départ de Casablanca. La nouvelle liaison entre les deux métropoles économiques opère avec deux fréquences hebdomadaires, le lundi et le vendredi, avant une montée en puissance déjà envisagée.

Munich devient ainsi la deuxième destination régulière de la compagnie au départ d’Allemagne, aux côtés de Francfort déjà desservie chaque jour depuis Casablanca, tandis que Düsseldorf et Francfort conservent des dessertes saisonnières vers Nador et Oujda, principalement axées sur le trafic de la diaspora.

Déploiement progressif
Pour la compagnie nationale, cette ouverture s’inscrit dans une stratégie de déploiement progressive, destinée à conforter Casablanca dans son rôle de hub intercontinental, carrefour naturel entre l’Europe, l’Afrique et les grands axes long-courriers. En se connectant au cœur battant de la Bavière, région industrielle et technologique parmi les plus dynamiques d’Europe, la ligne ouvre des perspectives, jugées, prometteuses.

Les attentes portent sur un trafic à fort potentiel, soutenu par une demande déjà identifiée sur les segments affaires, mais nourri également par la mobilité estudiantine et les déplacements réguliers des Marocains établis en Allemagne. À terme, cette desserte pourrait devenir un axe régulier entre deux espaces aux dynamiques économiques complémentaires. Mais elle ouvre aussi des perspectives vers l’Autriche et la Suisse, marchés frontaliers pour lesquels Munich demeure un point d’accès naturel.

«Jusqu’ici, les tour-opérateurs proposaient à leurs clients un schéma rail and fly : un vol de Casablanca vers Francfort, puis un trajet en train jusqu’à Munich, explique un responsable de la compagnie. Cette formule rendait service aux voyagistes, mais elle multipliait les ruptures de charge et les aléas de correspondance». La liaison directe raccourcit désormais le parcours et redonne aux TO une marge de manœuvre pour concevoir des packages/formules plus attractives au départ de Munich comme de Francfort, avec des itinéraires plus lisibles.

Sur le plan commercial, la compagnie cible une clientèle diversifiée. La haute saison, de juillet à septembre, reste dominée par la diaspora, dont les déplacements structurent une part importante du trafic estival. En fin d’année, la demande provient des communautés chrétiennes et africaines qui privilégient cette période pour célébrer les fêtes de fin d’année.

L’intérêt aussi est de capter, hors saison, une clientèle allemande séduite par la douceur du climat et par une offre touristique qui maintient son attrait à Agadir comme à Marrakech. Pour y parvenir, la compagnie mise sur le renforcement de ses alliances stratégiques au sein du réseau Oneworld, notamment sur des accords de code-sharing avec des transporteurs partenaires, dont Iberia, afin d’élargir son maillage européen et d’assurer une meilleure continuité de service vers l’Asie, où la demande en correspondances s’avère en forte appréciation.

Gestion optimisée
Cette segmentation de la demande s’inscrit dans une stratégie commerciale qui semble privilégier une gestion optimisée du réseau au détriment de l’élargissement du nombre de destinations. «À la réception d’un appareil, l’arbitrage se fait entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud», confie Mehdi Bennour, représentant régional Allemagne et Autriche de Royal Air Maroc. Les couvre-feux nocturnes imposés dans plusieurs aéroports européens dictent nos rotations. En journée, les appareils desservent le continent européen, à la tombée de la nuit, ils basculent vers l’Afrique».

Ce modèle d’exploitation, pensé pour maximiser l’utilisation de la flotte, s’inscrit dans une logique d’efficience opérationnelle. «Un avion est fait pour voler», glisse le responsable de la RAM, en précisant qu’une dizaine d’appareils viendront renforcer la flotte chaque année.

Côté flotte, la compagnie mise sur le Boeing 737 Max, un monocouloir efficient qui permet de réduire les coûts d’exploitation et les besoins de maintenance sur les lignes moyen-courriers. La flotte actuelle compte une soixantaine d’appareils, avec un objectif ambitieux fixé à 200 unités à l’horizon 2037, une trajectoire qui traduit la volonté de la compagnie de renforcer son réseau et de consolider sa position de hub régional de premier plan.

DNES à Munich, Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO