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Région MENA : situation corsée pour les pays importateurs de pétrole

Dans sa dernière mise à jour des prévisions de croissance pour la Région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), la Banque mondiale appelle les pays en développement importateurs de pétrole à réduire leurs dépenses, trouver de nouvelles sources de revenus ou augmenter leur dette pour pouvoir financer les programmes de lutte contre l’inflation. 

La Banque Mondiale (BM) vient de dévoiler ses prévisions sur la croissance économique au Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Elle estime que la région devrait connaître une croissance de 5,5 % en 2022 (son taux le plus élevé depuis 2016), suivie d’un ralentissement à 3,5% en 2023. Toutefois, cette croissance reste inégale d’un pays à l’autre, surtout pour les États exportateurs de pétrole qui bénéficient actuellement du niveau élevé des prix des hydrocarbures, au contraire des pays importateurs comme c’est le cas du Maroc.

Ces pays sont confrontés à un stress et à des risques accrus du fait de l’augmentation de la facture des importations et du resserrement de leur marge de manœuvre budgétaire alors qu’ils doivent consentir des dépenses supplémentaires pour les subventions à la consommation dans le but d’atténuer l’impact des hausses de prix sur la population.

Dans ce cadre, Ferid Belhaj, vice-président de la Banque mondiale pour la région MENA, précise que l’ensemble des pays de la région devra procéder à des ajustements face à la forte hausse des prix d’importation des denrées alimentaires et autres produits, plus particulièrement si cette hausse conduit à davantage d’emprunts publics ou à une dépréciation des monnaies nationales. Pour lui, «les pays ont aujourd’hui besoin d’une gouvernance réfléchie et stratégique afin de surmonter la crise après les multiples chocs qui sont venus s’ajouter à la pandémie».

Croissance : La BM beaucoup plus optimiste que la BAM
Les pays en développement importateurs de pétrole devraient, pour leur part, afficher une croissance de 4,5 % en 2022 et de 4,3 % en 2023. Ils sont cependant davantage exposés au risque de ralentissement de la croissance en Europe, compte tenu de leur dépendance commerciale plus grande vis-à-vis de la zone euro. Les pays d’Afrique du Nord les plus proches de l’Europe, à savoir la Tunisie, l’Égypte et le Maroc, étant les plus menacés.

Selon les dernières projections de Bank Al-Maghrib, la croissance économique nationale marquerait un net ralentissement cette année à 0,8%, résultat d’un recul de 14,7% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles.

En 2023, elle s’accélérerait à 3,6% en lien avec la hausse prévue de 11,9% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne de 75 millions de quintaux. Les activités non agricoles continueraient en revanche de ralentir, leur rythme devant revenir à 2,5%. Rappelons que l’arrêté des comptes nationaux du deuxième trimestre 2022 du Haut-Commissariat au Plan (HCP) fait ressortir un net ralentissement de la croissance de l’économie nationale se situant à 2%, au lieu de 14,2% durant le même trimestre de l’année précédente.

La BM favorise une subvention ciblée
Dans l’ensemble de la région, les autorités nationales ont eu recours à des mécanismes de contrôle des prix ou à des subventions pour maintenir le prix intérieur de certains biens, comme les produits alimentaires et énergétiques, à un niveau inférieur au prix mondial. Comme le montre le rapport, ces mesures ont eu pour effet de maintenir l’inflation à des niveaux inférieurs à ceux observés dans d’autres régions du monde.

Dans ce cadre, la BM soutient la décision de certains gouvernements qui ont versé des allocations monétaires aux ménages les plus pauvres. Ce qui constitue un moyen plus efficace d’aider ces derniers à faire face à la montée des prix, au lieu de recourir à des interventions universelles sur les marchés qui, à l’instar des subventions, profitent à tous, y compris aux plus riches. La banque a cité le cas de l’Égypte qui a fait baisser le taux d’inflation moyen de 4,1% en appliquant une subvention sur les prix des denrées alimentaires et de l’énergie qui profite à l’ensemble de la population.

Cette mesure coûterait 13,2 fois plus cher que de laisser les prix augmenter et de ne soutenir que les 10 % les plus pauvres de la population au moyen de transferts monétaires. De manière générale, les gouvernements devront consentir des dépenses supplémentaires pour grossir l’enveloppe des subventions et des transferts monétaires visant à atténuer les effets de la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie sur le niveau de vie de leurs populations.

Situation plus complexe pour les pays importateurs de pétrole
Contrairement aux pays du Conseil de coopération du Golfe (CCG), les pays en développement importateurs de pétrole ne bénéficient pas des mêmes avantages et devront réduire leurs dépenses, trouver de nouvelles sources de revenus ou augmenter leurs déficits et leur dette pour pouvoir financer les programmes de lutte contre l’inflation et toute autre mesure qu’ils viendraient à prendre.

En outre, avec la hausse des taux d’intérêt mondiaux, le service de la dette s’alourdit pour les pays importateurs de pétrole, car ils doivent payer un taux d’intérêt plus élevé à la fois pour leurs nouveaux emprunts et pour le refinancement de leur dette existante. Ce qui pèsera sur la viabilité de la dette publique dans la durée, surtout pour les pays dont le niveau d’endettement est déjà élevé, comme la Jordanie, la Tunisie et l’Égypte.

Mehdi Idrissi / Les Inspirations ÉCO

 


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