Réforme des retraites : Le compte à rebours est enclenché

Les projets de loi sur la réforme des retraites devront franchir le cap de la commission des finances à la chambre des conseillers dans dix jours pour leur adoption en plénière.
La commission des finances, de la planification et du développement économique à la chambre des conseillers entame, ce mercredi, la discussion détaillée des projets de loi sur la réforme des retraites après une première réunion tenue lundi dernier marquée par le retrait des parlementaires de l’union marocaine du travail (UMT) et de la confédération démocratique du travail ( CDT).
L’heure est à l’accélération de la cadence, selon le président de la commission des finances Rahal El Mekkaoui. En effet, le délai accordé par le bureau de la chambre à la commission sera écoulé dans dix jours. Le 25 juin, les projets de loi en question devront être transférés en plénière pour leur adoption. Hormis les parlementaires de l’UMT et la CDT qui appellent à la reprise du dialogue social, les conseillers des autres groupes parlementaires sont visiblement pour l’examen des textes et leur amendement.
Pour la parlementaire de l’union générale des travailleurs du Maroc (UGTM) Khadija Zoumi, les conseillers doivent marquer de leurs empreintes les projets de loi et jouer pleinement leur mission constitutionnelle. Le conseiller de la fédération démocratique du travail (FDT) Abdelhamid Fatihi abonde dans la même veine estimant qu’il est contre la politique de la chaise vide. Un appel a été lancé au sein de la commission des finances aux conseillers relevant des partis politiques pour qu’ils s’impliquent dans le débat sur cette réforme sociale et présentent des amendements en commun.
Tout porte à croire que désormais la mission du gouvernement ne va pas être compliquée bien qu’il ne possède pas la majorité numérique à la chambre haute. Le gouvernement se dit ouvert aux propositions des parlementaires. Mais, lors du dialogue social, rappelons-le, l’exécutif n’a cédé que sur un seul point, celui des cotisations. Le gouvernement a proposé au sein de la commission technique du dialogue social de prendre en charge l’augmentation prévue des cotisations de 4 %. Une mesure saluée par les syndicats mais jugée on ne peut plus suffisante. Les partenaires sociaux appellent à un amendement profond de la proposition gouvernementale notamment en ce qui concerne le relèvement de l’âge de départ à la retraite qui «devra être optionnel» et le calcul de pension de retraite.
Driss Azami Idrissi
Ministre chargé du budget
Les Inspirations ÉCO : Après des mois de blocage, quel regard portez-vous sur le démarrage des discussions autour des projets de loi sur la réforme des retraites ?
Azami Idrissi : Après la présentation des trois projets de loi lors de la dernière session, la discussion a été entamée en présence des composantes de la chambre des conseillers à l’exception de quelques syndicats. Le diagnostic est partagé. La caisse marocaine des retraites vit une crise. En l’absence de toute réforme, elle sera dans une situation difficile et ne pourra pas honorer ses engagements vis-à-vis de ses adhérents. Dans le cadre de la commission des finances, la discussion a avancé. L’esprit ayant marqué la réunion est positif et constructif. Nous sommes ouverts à discuter la réforme de la CMR et d’aller aussi vers la mise en œuvre de la feuille de route définie par la commission nationale de la réforme des retraites qui est une réforme globale accordant l’aspect prioritaire à la CMR et prônant la mise en place de deux pôles. Il s’agit aussi de la mise en place de la couverture sociale à d’autres composantes de la société qui n’étaient pas concernées par ce volet. Nous sommes dans une démarche positive qui va permettre de mettre en œuvre la réforme de la CMR et d’entamer également la réforme globale.
Le retrait de la CDT et de l’UMT de l’examen des textes sur la réforme des retraites ne gêne pas le gouvernement ?
Chacun est responsable de ses actes. La chambre des conseillers est une institution constitutionnelle. Les textes seront discutés dans le cadre d’une commission constitutionnelle et seront adoptés dans une assemblée constitutionnelle. Nous sommes dans une démarche qui respecte la constitution. C’est l’essentiel.
Les syndicats reprochent au gouvernement d’avoir opté pour «l’exagération» en matière d’urgence de la réforme. Qu’en pensez-vous ?
Chacun est responsable de ses propos. La perte de 10 milliards de dirhams de 2014 à 2016 est un fait avéré. Avant 2004, on parlait uniquement de prévisions. On disait que la caisse allait commencer à perdre des réserves à partir de 2014. Aujourd’hui, le fait est avéré. La caisse a perdu un milliard de dirhams en 2014, trois milliards en 2015 et six milliards en 2016. Il ne s’agit pas de l’exagération mais de faits concrets.
Les conseillers s’inquiètent car le gouvernement a la possibilité de retirer chez les représentants les amendements adoptés au sein de la chambre des conseillers. Que comptez-vous faire en la matière ?
Le chef du gouvernement a été clair. On ne peut pas se mettre d’accord sur les amendements à la chambre des conseillers et les retirer dans la chambre des représentants. Je pense que toutes les institutions sont sérieuses et respectent les engagements pris. Il s’agit d’une réforme ayant des objectifs clairs : sauver la caisse marocaine des retraites. Les amendements devront prendre en compte les discussions. Même les conseillers qui sont intervenus ont souligné que les amendements devront respecter l’objectif de prendre en compte la situation financière difficile de la CMR.