Éco-Business

Quel remède aux maux de l’Afrique?

Les travaux des Dialogues de l’Atlantique se poursuivent à Marrakech en présence de plus de 300 décideurs venus des quatre coins du monde. L’analphabétisme, le déficit de coopération, la crise de leadership, autant de maux à l’origine du retard qu’accuse l’Afrique ont été abordées ce vendredi.

En matière d’éducation, les chiffres reflètent une situation critique et nécessite des solutions urgentes.  Le taux d’alphabétisation de la population jeune peine à dépasser les 70% et le taux de chômage dépasse les 50%. L’Afrique continue ainsi à pâtir de l’absence de ressources qualifiées. Un véritable hiatus sépare le monde de la formation à celui des entreprises. « Combien même il existerait des postes à pourvoir, encore faut-il qu’il y ait des Africains capables de les occuper ! », confirmeSilasLwakabamba, ancien ministre rwandais de l’éducation. En guise de solution, Kassie Freeman, PDG de l’African Diaspora Consortium, suggère de revenir à l’éduction à l’ancienne qui, d’après lui, avait pendant des années donné des résultats intéressants. Pour sa part, AssiaBensalah Alaoui, ambassadeur  itinérant du royaume, invite à tirer profit des enseignements ancestraux en Afrique basés sur une sagesse séculaire et à les transposer au système éducatif.

L’Afrique sollicite des investissements
Intervenant dans le panel dédié au rôle de la politique étrangère dans le développement, l’ancien ministre français des Affaires étrangères, Hubert Vedrine, estime que les politiques étrangères sont devenues de plus en plus dépendantes de l’opinion publique. Aujourd’hui, dit-il, les occidentaux ne dominent plus le monde. « Plus personne ne le domine d’ailleurs, même pas la Chine, malgré tout ce que l’on peut en dire ! », poursuit Vedrine. Face aux mutations que connaît le monde d’aujourd’hui, où les pôles de pouvoir sont condamnés à s’inverser de façon perpétuelle et quasi régulière, l’Afrique doit s’adapter en tentant de trouver la place qui est la sienne. L’Afrique ne veut plus d’aides des puissances occidentales ou asiatiques, elle sollicite plutôt des investissements et cherche à se doter d’outils efficaces qui lui permettront d’instaurer une meilleure gouvernance, de combattre la corruption, de réussir son modèle économique, de former ses jeunes, etc.

Le Visa, un instrument désuet
Parmi les thématiques au menu de ce rendez-vous annuel du Think tank du groupe OCP, figure la question migratoire. Les experts présents à Marrakech ont tenté d’explorer les pistes susceptibles de juguler le phénomène de l’immigration de masse. Une première solution avancée lors des débats consiste à instaurer une relation encore plus approfondie entre le Nord et le Sud. Seulement voilà, pour pouvoir libérer tout le potentiel économique de l’Afrique, il va falloir mobiliser des fonds importants. « Nous ne pouvons pas nous engager en Afrique si nous ne disposons pas de ressources financières suffisantes », souligne Miguel Angel Moratinos, ancien ministre espagnol des affaires étrangères, tout en fustigeant le « visa » perçu en tant qu’instrument complètement désuet qui date du 20ème siècle et qui freine la libre circulation des hommes ». Pour Moratinos, le visa n’est ni plus ni moins qu’un obstacle psychologique qui empêche de regarder les africains autrement que comme des immigrants potentiels. Toujours est-il que, face à cette « étanchéité » de l’Europe face à l’Afrique, cette dernière préfère aujourd’hui rompre ses liens historiques avec le vieux continent pour se tourner vers des partenaires moins « condescendants » tels que la Chine. Pour rappel, la question migratoire a fait l’objet d’un des six chapitres de la 4ème édition du rapport annuel Atlantic Currents, initié par le groupe OCP, et dont les conclusions ont été présentées en marge des « Dialogues de l’Atlantique ». Les chercheurs associés à OCP Policy Center y ont montré que les faits contredisent les perceptions dominantes sur la migration africaine.  En effet, l’examen des chiffres révèle que 80 % des flux migratoires se trouvent à l’intérieur du continent, drainés essentiellement par cinq grands pays d’accueil qui sont aussi des locomotives économiques (l’Afrique du Sud, la Côte d’Ivoire, le Nigeria, le Kenya et l’Ethiopie).

Les têtes d’affiche des « Dialogues de l’Atlantique 2017 »
Trois anciens présidents latino-américains se trouvent parmi les personnalités présentes aux « Dialogues de l’Atlantique » : Eduardo Duhalde (Argentine), Jorge Quiroga (Bolivie) et Michel Rodriguez (Costa-Rica). Sont présents également les anciens Premier ministres Aminata Touré (Sénégal) et Lionel Zinsou (Bénin), ainsi que les anciens ministres des Affaires étrangères Hubert Védrine (France), Miguel Angel Moratinos (Espagne) et Paulo Portas (Portugal). Idem pour l’ancien ministre de l’Education SilasLwakabamba (Rwanda), puis Edward Scicluna, ministre des Finances de Malte et Omar AmaduJallow, ministre gambien de l’Agriculture.


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