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Portefeuille public : un géant si fragile !
Au cours des cinq dernières années, les transferts de l’État aux EEP ont totalisé 167 MMDH. A l’inverse, les contributions des EEP au budget général se sont limitées à 57 MMDH. Au-delà des effets conjoncturels sur les performances du secteur, certains établissements et entreprises publics pèsent sur les finances publiques. La restructuration et la restauration de la profitabilité de certains permettraient d’élargir l’espace budgétaire. Passé par la CDG où il aura mené une mission assez similaire, Abdellatif Zaghnoun est chargé de rehausser l’efficience économique du portefeuille public.
Le retour des touristes et l’affluence dans les aéroports font du bien aux transporteurs aériens. Mais il faudra du temps pour en finir avec les séquelles de la crise sanitaire, d’autant que 2022 n’est pas exempte d’adversités avec la flambée du prix du kérosène. Royal Air Maroc devrait boucler l’année sur une perte de 2,7 MMDH, selon Fouzi Lekjaa, ministre délégué au Budget lors de son passage au Parlement.
La compagnie va recevoir une aide publique de 2 MMDH pour traverser cette zone de turbulences. Inversement, dans le portefeuille public (269 entités à fin 2021), les performances d’OCP vont combler bien des trous. Porté par la hausse des cours et ses performances opérationnelles, le géant des phosphates a dégagé un bénéfice de 16,9 MMDH sur les six premiers mois de l’année contre 4,7 MMDH à la même période l’année dernière. La diversité des secteurs composant le portefeuille public permet de compenser partiellement les impacts négatifs.
Les répercussions des crises successives sur le portefeuille public, sachant qu’une poignée d’EEP crée de la valeur, et le resserrement des marges de manœuvre budgétaires vont contribuer à accélérer la réforme du secteur des EEP. La restructuration et la restauration de la profitabilité de certaines entreprises et établissements publics permettra de générer des ressources pour l’État au lieu que ces structures n’alourdissent le budget.
Au-delà des effets conjoncturels sur les performances du secteur, certains établissements et entreprises pèsent sur les finances publiques. Les transferts aux EEP ont totalisé 167 MMDH sur les cinq dernières années, soit une moyenne annuelle de 33,4 MMDH. A l’inverse, les contributions des EEP au budget général se sont limitées à 57 MMDH sur la même période.
Abdellatif Zaghnoun chargé de rehausser l’efficience duportefeuille public
L’ancien directeur général des impôts et de la CDG sera au commande de l’Agence nationale de la gestion stratégique des participations de l’État et de suivi des performances des EEP. Il aura la lourde tâche de mettre de l’ordre dans le portefeuille public et de le rendre plus efficient. Abdellatif Zaghnoun bénéficie, notamment, de ses sept ans d’expérience à la tête de la CDG où il aura mené une mission assez similaire. Il a contribué à repositionner la CDG dans un rôle lui permettant de renforcer ses interventions dans les secteurs productifs et plus globalement d’être plus efficace pour l’économie.
Cette transformation s’opère via, entre autres, la concentration du périmètre à travers des opérations de transferts et de fusions pour rationaliser le portefeuille de filiales et de participations et permettre un pilotage cohérent et plus efficace. Ce qui rappelle les missions de l’Agence nationale de la gestion stratégique des participations de l’État et de suivi des performances des EEP. Celle-ci accompagnera la mise en œuvre des opérations de restructuration des EEP faisant partie de son champ de compétence, telles que les regroupements d’établissements publics, leur transformation en sociétés anonymes, les fusions et scissions.
L’objectif étant de rehausser l’efficience économique et sociale des établissements publics. Pour les pouvoirs publics, il s’agit aussi de corriger les dysfonctionnements structurels et de garantir une complémentarité et une cohérence optimales entre les missions des différentes entités.
Franck Fagnon / Les Inspirations ÉCO