Éco-Business

Masques de protection: l’autosuffisance bientôt atteinte

C’est une bouffée d’oxygène pour l’industrie nationale. Le Maroc va produire des masques en grandes quantités. Cela a été confirmé mardi dernier par le ministre de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, Moulay Hafid Elalamy.

Plus de 5,3 millions de masques ont été distribués, en 48h, dans les commerces notamment les grandes surfaces mais aussi les épiceries. Et d’ici la fin de la semaine, 66.000 points de vente seront approvisionnés. À date d’aujourd’hui, le Maroc produit 3 millions de masques par jour.

«Mardi prochain, on produira 5 millions d’unités par jour», a ajouté Moulay Hafid Elalamy. Le ministre a ainsi détaillé la stratégie nationale de production et de distribution de masques de protection. Dès le début de la crise, le gouvernement a analysé la capacité des industriels à produire ces masques pour épauler le secteur sanitaire. Pour la distribution, le ministère s’est appuyé sur le réseau de grands distributeurs, notamment Centrale laitière et Copag et Dislog Group. À lui seul, ce dernier couvre 72.000 points de vente à l’échelle nationale.

L’export pour bientôt
Si le Maroc arrivera à satisfaire la demande nationale en termes de production de masques protecteurs, il ne va pas s’arrêter là! En effet, il pourra même satisfaire ses clients étrangers, selon Moulay Hafid Elalamy. «Nous exporterons bientôt les masques marocains vers l’Europe», a-t-il précisé. Selon lui, des pays étrangers sont en contact avec ses services pour l’exportation de masques. À vrai dire, plusieurs pays européens ont affiché leur besoins en masques protecteurs, surtout après la nouvelle recommandation de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Elle a précisé que le port du masque pour une personne en bonne santé n’est nécessaire que si celle-ci s’occupe d’une personne présumée infectée par le Covid-19 ou encore pour les personnes qui toussent ou éternuent.

Par ailleurs, l’OMS précise que le masque n’est efficace que s’il est associé à un lavage des mains fréquent avec une solution hydroalcoolique ou à l’eau et au savon.

Mobilisation générale
En tout cas, au Maroc la mobilisation est générale, une dizaine d’opérateurs spécialisés dans la fabrication de tissus se sont lancés dans la fabrication de masques alternatifs. Il est à noter que tous les masques produits respectent les standards internationaux.

Dans cette perspective, le ministère avait exigé que les produits soient accompagnés d’une fiche renseignant sur certains aspects, notamment la durée d’utilisation. Ainsi, les opérateurs du secteur du textile ont changé leur mode opératoire pour coller à la demande actuelle et répondre ainsi au besoin national durant cette période de crise. Il s’agit par exemple de la société Soft Tech, filiale de la holding Softgroup, qui a choisi de mettre son personnel et ses chaînes de production au service de son pays et de l’intérêt général en produisant dix millions de masques qui seront mis gracieusement à la disposition du ministère de l’Intérieur et autres institutions d’utilité publique. Auparavant spécialisée dans la production intégrée des tissus techniques, Soft Tech a relevé le défi, en un temps record, de transformer son outil de fabrication pour pouvoir produire ces masques en pénurie dans le monde afin d’alimenter le stock du Royaume. Elle a d’ailleurs mobilisé les 300 collaborateurs qui se relaient 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 sur le lieu de production pour assurer la fabrication industrielle de ces masques.

D’autres entreprises ont également annoncées leur reconversion vers la production de marques pour alimenter les besoins du pays durant cette période. Micagricol à Casablanca et IKS à Marrakech ont déjà commencé la production après avoir reçu le feu vert de l’Institut marocain de normalisation (Imanor) qui leur a délivré des certifications d’une durée d’un mois. Micagricol arrive à fabriquer 500.000 masques par jour et peut-être bientôt 800.000 unités. Par ailleurs, une unité industrielle dans la province de Chichaoua a adapté son activité aux besoins des marchés nationaux en réorientant sa production vers les masques de protection. À cet effet, les équipes de cette unité (80 ouvriers et ouvrières), spécialisée auparavant dans la production du plastique, se sont converties. Cette entreprise a renforcé ses capacités de production pour atteindre actuellement 300.000 masques de protection par jour avec la possibilité d’augmenter ce nombre ultérieurement en cas de besoin. Les fabricants semblent confiants, malgré une demande qui n’arrêtera pas de s’accroître de sitôt.

À terme, ces derniers tablent sur la fabrication de 80 millions de masques. L’objectif premier étant de rendre le pays autosuffisant et au-delà voire assurer même l’exportation.


Fatima-Zohra Alaoui
Directrice générale de l’Association marocaine des industries de textiles et de l’habillement (AMITH)
Produire des masques pour assurer l’autosuffisance du pays est un devoir national et non une bouffée d’oxygène pour nos industriels. Il est très simple pour eux de faire des masques sur la base de patrons définis avec leurs équipements existants. Par ailleurs, nous n’avons pas encore de chiffres exacts concernant le nombre de producteurs engagés dans cette reconversion. Nous sommes en train de consolider les données mais l’objectif pour nous est de monter rapidement en charge et produire de grandes quantités pour répondre aux besoins du Maroc.


Prix de vente encadré

Dans son intervention, le ministre a également rappelé le prix de vente fixé. «Le prix est réglementé par décision royale, il restera à 0,8 dirham. Les Marocains doivent faire attention, ils ne doivent pas les payer à un prix supérieur», a-t-il affirmé. Il a également précisé que les pharmacies proposent généralement un modèle différent destiné au personnel soignant et que son prix est diffèrent que celui proposé dans les commerces.


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