Éco-Business

Maroc Telecom. Les analystes revoient leurs recos

Les analystes ne semblent pas être sur la même longueur d’onde. L’opérateur historique des télécoms, qui vient de publier des résultats dans le vert, n’a pas pu obtenir les faveurs du marché. Le groupe a tout de même réussi à dégager 6 MMDH de bénéfices en 2018 et propose de les distribuer intégralement. Détails.

Les analystes de la place remettent les pendules à l’heure après la dernière publication des résultats de Maroc Telecom. À fin décembre 2018, Maroc Telecom a réalisé un chiffre d’affaires consolidé en hausse de 3,1% à plus de plus de 36 MMDH. Une performance tirée principalement par la croissance soutenue des activités sur le marché domestique. Le résultat opérationnel avant amortissement (Ebitda) s’est amélioré de 4,1% à 17,9 MMDH, ce qui correspond à une marge d’Ebitda de 49,6%. Il en résulte des bénéfices de 6 MMDH, en hausse de 2,3%. Des performances qui permettront au groupe de distribuer un dividende ordinaire de 6,83 DH, en hausse de 5,4% par rapport à 2017. Cela correspond à 100% du RNPG. Classée parmi les valeurs défensives, le titre est souvent plébiscité par l’ensemble du marché. Les révisions post-résultats annuels 2018 font cette fois ressortir des avis mitigés sur la valeur. Attijari Global Research maintient son avis positif sur titre avec un cours objectif de 169 DH (le titre s’échange, au 22 février, à 151,25 DH), soit un potentiel à la hausse de près de 12%. La banque d’affaires recommande le titre à l’achat. Selon elle, les réalisations 2018 confirment le démarrage d’un nouveau cycle de croissance. Même son de cloche auprès de Crédit du Maroc Capital. Les analystes de CDMC ont même révisé à la hausse le cours cible de l’opérateur et maintiennent leur recommandation de renforcer le titre dans les portefeuilles. La valorisation du titre Maroc Telecom a ainsi été portée à 162 DH, ce qui représente un potentiel haussier de 4,3% par rapport au cours du 22 février. Il faut dire que la banque d’affaires s’est basée sur les éléments additionnels suivants, qui peuvent impacter l’activité de Maroc Telecom à partir de l’année 2019: l’instauration, dès cette année, d’une contribution sociale de solidarité qui s’appliquera selon un taux proportionnel de 2,5% aux bénéfices réalisés, ainsi que le lancement d’un projet de câble international sous-marin à fibre optique reliant le Maroc aux filiales.

De son côté, CDG Capital recommande de vendre le titre en se basant sur un cours objectif de 140 DH, soit un potentiel de baisse de 7,4% par rapport au cours du 22 février. Elle souligne, entre autres, l’absence de visibilité sur la croissance à long terme du fait de la complexité du secteur.

«En effet, les opérateurs télécoms qui ont grandi grâce aux services voix et données traditionnels se rendent compte que les modèles de consommation évoluent rapidement et que la valeur passe non seulement à d’autres étapes de la chaîne de valeur des télécommunications, mais aussi à des marchés complètement différents», peut-on lire dans la dernière note de CDG Capital.

À cela s’ajoute l’ouverture à l’international qui présenterait plusieurs défis: risque pays, risque de change, réglementation, gestion des flux. Les contraintes réglementaires, notamment la baisse des terminaisons d’appel et la pression des régulateurs sur la qualité de service et l’identification des clients, devraient freiner l’évolution du CA à l’international. Ainsi, la contribution de l’international au CA du groupe devrait rester stable, aux alentours de 43%, à fin 2019. À noter que Maroc Telecom a acquis de nouvelles licences au Mali et au Togo, pour une somme 719 MDH, en 2018. Cela a revanche gonflé la dette nette consolidée du groupe, qui a atteint 13,9 MMDH, en hausse de 6,4%. L’opérateur aurait également des vues sur le Tchad. Ces performances ne devraient pas pour autant entraver la progression des revenus du groupe pour l’année en cours. CDG Capital anticipe en effet une hausse de 2,4% du chiffre d’affaire à 36,9 MMDH pour 2019, grâce à la bonne tenue de la Data, au niveau Mobile comme Fixe. Le RNPG, de son côté, devrait ressortir à 6,16 MMDH, soit une hausse de 2,5% par rapport à fin 2018. 


Myriam Chaabouni
Analyste chez Alpha Mena

Maroc Telecom a clôturé l’année 2018 avec une performance de 9,67% dans un marché baissier (-8,27%) souffrat de l’absence de catalyseurs, et qui reste cher d’un point de vue fondamental. Depuis le début de l’année 2019, le titre reste toujours bien orienté avec une note positive de 8,06%, surperformant nettement le principal indice (+1,66%). Cette forte résistance boursière s’explique par la nette amélioration de la croissance et de la rentabilité du groupe observée tout au long de l’année 2018. Rappelons à ce titre que Maroc Telecom a enregistré de bonnes performances en 2018, profitant d’une croissance accélérée des activités au Maroc.  En dépit d’un contexte concurrentiel particulièrement agressif, Maroc Telecom continue de se ressourcer au Maroc. IAM préserve un leadership solide sur l’Internet Mobile mais également sur le marché de l’ADSL. Une position qui favorise la bonne capacité bénéficiaire du groupe. Pour les prochaines années, nous pensons que l’activité au Maroc devrait encore profiter du fort engouement de la Data Fixe et Mobile. Malgré le ralentissement du rythme de croissance à l’international, les filiales africaines continueraient également à soutenir l’activité du groupe. Les réalisations de Maroc Telecom au terme de l’année 2018 demeurent solides et nous confortent quant aux perspectives de croissance et de rentabilité du groupe. L’augmentation significative du dividende (6,83 DH/action, vs. 6,48 DH/action en 2017) reflète également une certaine confiance des dirigeants sur les flux de trésorerie de 2019. Toutefois, le titre reste visiblement cher et les perspectives sont correctement valorisées par le marché. Aux cours actuels, le titre se négocie à 20,6x P/E 2019e et VE/EBITDA 2019e de 5,51x, alors que ses pairs se traitent à 15,3x P/E 2019e et 6,12x VE/EBITDA 2019e. 


whatsapp Recevez les actualités économiques récentes sur votre WhatsApp

Évolution des prix des fruits et légumes à Casablanca



Rejoignez LesEco.ma et recevez nos newsletters



Bouton retour en haut de la page