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Marché boursier : une baisse moins catastrophique que prévu

Le Masi s’affiche en retrait de 7,27% à fin décembre 2020. Cette baisse reste contenue malgré les effets de la crise sanitaire. La succession de bonnes nouvelles ces derniers mois ont permis de ranimer les marchés et d’effacer les pertes du début de l’année. Un dynamisme raisonnable, selon les analystes, qui préservera le potentiel haussier du marché en 2021.

Qui l’eût cru ? Le Masi vient de boucler l’année sur une perte de 7,27%. Une performance qui reste meilleure que celle de 2018 où il avait perdu 8,27%, avant de regagner 7,11% en 2019. Les circonstances n’étaient certes pas les mêmes, mais le marché financier a réussi un tour de force que personne n’aurait pu prévoir. Avec les incertitudes liées à la pandémie de Covid-19, toutes les prévisions devenaient rapidement caduques. «Le marché financier s’est finalement bien comporté face à la crise. On ne s’y attendait pas», annonce un analyste. Après la panique généralisée et le chaos observé au cours du premier semestre, le marché des capitaux s’est globalement stabilisé au cours de ce deuxième semestre. La Bourse de Casablanca a repris une tendance haussière à partir du quatrième trimestre 2020, ce qui a ramené la contre-performance de l’indice MASI à -7,6% au 25 décembre contre -17,1% au 29 juin et -26,15% au 18 mars derniers. Pour un professionnel du marché, malgré la tendance haussière observée durant le dernier trimestre, les investisseurs sont restés raisonnables. Selon lui, ces investisseurs ont laissé le marché évoluer tranquillement, sans précipitation ni surenchérissement. «L’accélération du mois de décembre a été assez saine», constate l’analyste. «En l’épargnant, le marché préservera son potentiel haussier pour l’année prochaine», espère-t-il. Surtout que l’année prochaine devra encore subir les séquelles de 2020, en lien notamment avec les réalisations des sociétés cotées qui seront en forte baisse, outre la contribution sociale de solidarité qui va grever davantage les résultats. De plus, certains secteurs seront toujours en convalescence et n’auront pas encore retrouvé leur vitesse de croisière. «Dans ce contexte, il serait prudent de laisser le marché respirer sans trop le pousser dans ses derniers retranchements», soutient l’analyste. De leur côté, les volumes ont atteint des sommets ces dernières semaines, en lien principalement avec les opérations d’allers-retours. Les échanges du mois de décembre ont généré pas moins de 16,9 MMDH. «Durant la seule séance du mardi, le volume transactionnel s’est élevé à 7,9 MMDH, ce qui en temps normal constitue un peu plus de 2 mois d’échanges», souligne l’analyste.

La confiance de retour
Dans le contexte haussier de ces derniers mois, ces opérations permettront aux investisseurs institutionnels de comptabiliser les plus-values. «Le marché boursier reflète généralement la psychologie et le moral des investisseurs. L’on peut aujourd’hui dire que l’optimisme et la confiance sont de retour», avance l’analyste qui soutient que la correction du marché s’est faite grâce à une succession de bonnes nouvelles. Dans un premier temps, la sortie à l’international a donné plus de crédibilité à la signature marocaine. L’émission de 3 milliards de dollars, qui a marqué le retour du Maroc sur le compartiment du dollar après 7 ans d’absence, a connu un franc succès auprès des investisseurs internationaux. Le livre d’ordre a en effet dépassé les 13 milliards de dollars. L’émission a ainsi été sursouscrite plus de 4 fois. Selon Attijari Global Research (AGR), le dernier emprunt obligataire du Maroc de 3 milliards de dollars va permettre de renflouer les réserves en devises. Celles-ci devraient dépasser les 310 MMDH à fin 2020, un niveau record pour le royaume selon AGR. Cela permettrait au Trésor d’alléger significativement son recours au marché domestique et, ainsi, dissiper les pressions haussières sur la courbe des taux observées durant les dernières semaines. Cette situation confortable a permis au Maroc de procéder au remboursement par anticipation d’une partie du tirage sur la Ligne de précaution et de liquidité (LPL) d’un montant de près de 1 milliard de dollars. Intervenu en avril dernier dans un contexte de manque de visibilité, ce tirage avait pour objectif de pallier les chocs exogènes sur la balance des paiements. Compte tenu de la situation excédentaire des finances publiques, la direction du Trésor a procédé à une opération inverse sur le marché des adjudications des BDT. Ce dernier a ainsi racheté un montant de 5,6 MMDH durant la dernière séance d’adjudication de l’année 2020. Une opération «exceptionnelle et peu habituelle du Trésor qui aura un double impact sur ses indicateurs d’endettement», selon AGR. D’une part, ce montant racheté devra être entièrement déduit de la levée nette du Trésor en 2020. D’autre part, ce rachat devrait réduire les tombées du Trésor en 2021 et en 2022.

2020, année de réformes
Hormis la sortie à l’international et la situation des finances publiques, la perspective d’un vaccin anti-Covid a particulièrement ranimé les marchés financiers à travers le monde. En attendant les autorisations officielles, le Maroc et les principaux pays partenaires –particulièrement en Europe- se préparent au lancement de la campagne de vaccination. Cela a permis d’observer un regain d’optimisme du côté des investisseurs. «Dans une moindre mesure, l’introduction en Bourse d’Aradei Capital a ravivé l’intérêt des investisseurs pour le marché, même si c’est une valeur de rendement plus que de croissance», commente l’analyste. L’opération a été souscrite 4,3 fois avec un taux de satisfaction de la demande de 23%. Le montant global souscrit s’est élevé à 2,607 MMDH, soit l’équivalent de plus de 6,5 millions d’actions. «Finalement, le Maroc a tiré le meilleur parti de 2020», aime à croire l’analyste. Malgré le discours fataliste du début de la crise, l’année 2020 a été pour le Maroc l’occasion de corriger plusieurs dossiers et d’accélérer certaines réformes «qu’on n’osait pas présenter ou dont la mise en place devait prendre plus de temps en temps normal», commente le professionnel de la place. «Des efforts ont été fournis pour la limitation de l’informel, à travers le coup de fouet donné à la digitalisation et à la généralisation progressive de l’Assurance maladie obligatoire», explique l’analyste. Cela permettra, selon lui, d’élargir davantage l’assiette fiscale et d’équilibrer les pressions, ce qui devrait profiter au Trésor. En effet, en augmentant ses ressources, l’État aura une meilleure capacité à intervenir et accompagner les projets de développement. 

Aïda Lô / Les Inspirations Éco


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