Investissements directs étrangers : le moteur tourne à plein régime

Portés par l’écosystème automobile, les énergies renouvelables et les projets adossés à l’organisation de la Coupe du monde 2030, les flux des investissements directs étrangers se sont établis à 4,34 milliards de dollars en 2024. Si le Royaume est l’un des plus importants destinataires des IDE sur le continent, comme le souligne la CNUCED dans son rapport, il lui reste à gagner en régularité.
Dans son baromètre sur les investissements directs étrangers (IDE) qui sera dévoilé jeudi 19 juin, ONU Commerce & Développement (l’ex-CNUCED) relève que le Royaume a capté 1,64 milliard de dollars d’Investissements directs étrangers (IDE) en 2024. Ce chiffre s’entend net des flux sortants. En données brutes sur lesquelles se base l’Office des changes, les IDE se sont élevés à 4,34 milliards de dollars, soit 43,195 milliards de dirhams.
Par ailleurs, les deux institutions ne comptabilisent pas les mêmes éléments. La CNUCED enregistre les projets, c’est-à-dire les intentions d’investissement tandis que l’Office des changes comptabilise les entrées en devises destinées au financement des IDE et pas que les créations d’entités nouvelles. Les statistiques de l’Office des changes intègrent également les prises de participation (à partir de 10%), les réinvestissements des bénéfices par les filiales des multinationales ainsi que les prêts à long terme de maisons-mère à leurs filiales implantées au Maroc. Ces emprunts sont assimilés aux IDE.
À ce stade, il n’y a pas de réel motif d’inquiétude car il faut s’attendre à ce que les chantiers liés au Mondial 2030, à la résorption du stress hydrique et à l’extension du réseau de lignes ferroviaires à grande vitesse, explosent les compteurs.
Pour l’instant, l’effet de l’offre de l’hydrogène vert n’est pas encore visible. Il reste que la tendance de ces six dernières années, qui se dégage du bilan de l’ex-CNUCED, appelle à une certaine prudence. Entre 2018 et 2024, les flux nets des IDE vers le Royaume ont été divisés par un peu plus de 2. Ils sont passés de 3,6 milliards de dollars à 1,64 milliard l’an dernier contre 1,055 milliard en 2023. Plus inquiétant, les flux nets reculent chaque année de manière régulière, et cela pourrait accentuer la pression sur les réserves de change. C’est sur ce point que les pouvoirs publics vont devoir probablement mettre les bouchées doubles afin d’asseoir plus de constance.
Sur le continent, le Maroc reste néanmoins un des pays qui attirent le plus de flux d’IDE, à la faveur de réformes structurelles et d’une stabilité politique et économique. À fin 2024, leur stock s’élevait à 61,5 milliards de dollars. Ces investissements se dirigent massivement vers l’industrie automobile, l’aéronautique, les services (en particulier les télécoms), la finance et le tourisme.
Le secteur du BTP est une autre cible importante, porté par de grands projets liés à la généralisation de la couverture de la santé, le tourisme et l’effervescence qui gagne l’industrie. Les projets d’IDE «greenfield» sont majoritaires dans l’industrie de composants automobiles, les produits minéraux non métalliques, les métaux et l’électronique. Une part importante de ces IDE «greenfield» est également orientée vers l’exploitation minière et l’énergie, dont 40% à destination de projets d’énergies solaire, éolienne et hydraulique.
Le bilan des IDE en Afrique
Les investissements directs étrangers en Afrique ont bondi de 75% pour atteindre un niveau record de 97 milliards de dollars en 2024, soutenus par les efforts de libéralisation et de facilitation à travers le continent. Le dernier Rapport sur l’investissement dans le monde d’ONU commerce et développement (CNUCED) met en évidence une reprise significative des flux d’investissements directs étrangers (IDE) vers l’Afrique. En 2024, les IDE sur le continent ont bondi de 75%, à 97 milliards de dollars, soit 6% des flux mondiaux, contre 4% l’année précédente.
Cette hausse est en grande partie due à un accord international de financement de projets de développement urbain en Égypte. En dehors de cette augmentation, les IDE sur le continent ont tout de même progressé de 12% pour atteindre environ 62 milliards de dollars, soit 4% des flux mondiaux. Outre les performances de l’Égypte, les IDE en Tunisie ont bondi de 21% pour atteindre 936 millions de dollars, et ceux du Maroc ont progressé de 55% pour s’établir 1,6 milliard de dollars (flux nets des sorties).
Dans l’ensemble, le nombre de projets est en recul de 3% en Afrique à l’exception du secteur des énergies renouvelables qui reste dynamique avec sept contrats majeurs d’une valeur d’environ 17 milliards de dollars, principalement dans le domaine des câbles électriques offshore et des centrales éoliennes et solaires en Égypte.
D’autres projets dans le domaine des énergies renouvelables ont été engagés en Tunisie, au Maroc et en Namibie. En revanche, les investissements dans de nouveaux projets ont reculé en Afrique, avec une baisse de 5% des annonces et de 37% de leur valeur, qui s’est établie à 113 milliards de dollars, contre 178 milliards en 2023.
Abashi Shamamba / Les Inspirations ÉCO