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Importations de céréales : la tendance s’infléchit mais reste soutenue

Malgré les pluies tardives qui ont redonné espoir au monde rural, la production nationale de céréales reste lourdement affectée par la succession des sécheresses. Le Maroc continue donc de s’appuyer massivement sur les marchés internationaux pour sécuriser son approvisionnement. Si les importations affichent un léger recul en 2025, elles traduisent surtout un rééquilibrage entre les différentes céréales et les produits dérivés.

Certes, les pluies salvatrices survenues en mars et avril derniers ont redonné espoir aux agriculteurs, mais pour les céréales, les dés étaient malheureusement d’ores et déjà jetés, comme nous l’avions évoqué dans une édition antérieure. Et les chiffres des volumes importés en céréales en attestent. Bien que la campagne 2025/26 ait démarré sous le signe d’un ralentissement relatif des importations, les volumes demeurent toutefois significatifs.

En effet, selon les dernières statistiques de la Fédération nationale des négociants en céréales et légumineuses (FNCL), portant sur la période de juin à août 2025, la dynamique des livraisons de céréales au Maroc reflète des évolutions contrastées selon les produits.

Une évolution contrastée
Jamais les contraintes hydriques n’ont autant pesé sur le secteur agricole national. La succession des années de sécheresse a durablement fragilisé la production céréalière, obligeant le pays à maintenir un recours important aux marchés internationaux pour assurer sa sécurité alimentaire.

Cette dépendance accrue aux importations est devenue une constante, dans un contexte où les besoins internes continuent de croître. À fin août, le volume des importations de céréales s’est établi à 2.383.263 tonnes, en recul de 14% par rapport à la même période de la campagne précédente. La ventilation par produit montre des évolutions divergentes. Le blé dur affiche la progression la plus forte, avec 389.429 tonnes, soit une hausse de 122%.

Le blé tendre, qui demeure la principale composante des importations, recule en revanche de 34% pour s’établir à 976.951 tonnes. Le blé fourrager enregistre une augmentation de 23% avec 99.148 tonnes, tandis que les importations de maïs poursuivent leur progression (+16% pour un volume de 817.311 tonnes). L’orge, en revanche, connaît un effondrement spectaculaire (-69%, à 100.425 tonnes seulement), confirmant une demande en recul, du fait de la réduction du cheptel.

Produits dérivés en retrait
La tendance est globalement négative pour les produits dérivés dont les importations atteignent 519.444 tonnes (-27%). La pulpe de betterave a fortement baissé (-56%) ainsi que le son de blé (-60%) et la coque de soja (-30%), traduisant une activité des filières d’élevage en repli. En revanche, quelques segments se distinguent par leur progression, notamment le tourteau de colza qui a bondi de 53% et la luzerne qui a plus que doublé, enregistrant une hausse de 116%.

Ces ajustements illustrent la flexibilité des opérateurs, capables d’adapter rapidement les intrants en fonction des disponibilités et des prix sur le marché international. Par ailleurs, sur la période allant de janvier à août 2025, le volume global des importations de céréales s’est établi à 7.061.627 tonnes, soit une contraction de 6% par rapport à la même période de l’année précédente.

Le blé dur poursuit sa progression avec 976.282 tonnes (+30%), confirmant son rôle croissant dans la structure des approvisionnements. Le blé tendre accuse un recul de 10% à 3.197.957 tonnes, un signal fort qui montre que les opérateurs cherchent à diversifier leurs achats.

Le maïs reste orienté à la hausse avec une progression de 13% pour un total de 2.094.591 tonnes, en lien avec les besoins persistants du secteur avicole. L’orge, en revanche, enregistre une chute spectaculaire de 51%, s’établissant à 530.952 tonnes. Côté produits dérivés, les importations s’élèvent à 1.783.517 tonnes, en hausse de 9% par rapport à 2024.

La pulpe de betterave enregistre une progression notable de 41%, et le tourteau de colza connaît une envolée spectaculaire de 143%. Le son de blé, en revanche, a reculé de 22%, traduisant une réorientation des usages. Ces évolutions confirment que, malgré les difficultés, les filières d’élevage et d’agro-industrie continuent de s’approvisionner à un rythme soutenu, mais en privilégiant certains produits jugés plus compétitifs.

Les statistiques montrent que les volumes importés restent suffisants pour couvrir les besoins du marché national. Les arrivages de blé tendre se maintiennent en moyenne autour de 450.000 tonnes par mois, assurant une régularité de l’approvisionnement. Côté prix, le blé tendre demeure relativement en retrait, autour de 255 DH le quintal sortie port, avec une restitution à l’importation toujours assurée par l’État.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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