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Hatim Ben Ahmed : ‘‘Nous regardons des dizaines de critères différents et chaque projet est unique’’

Hatim Ben Ahmed
Président de l’Association marocaine des investisseurs en capital (AMIC)

Le président de l’AMIC explique les principaux défis auxquels sont confrontées les entreprises en phase de croissance dans leur quête de financements. Il détaille également la manière dont les fonds d’investissement évaluent le potentiel de croissance des entreprises avant d’y investir.  

Quels sont les principaux défis que rencontrent les entreprises en phase de croissance lorsqu’elles cherchent des financements ?
Une entreprise en phase de croissance recherche souvent à financer deux éléments: les investissements nécessaires à sa croissance ainsi que le BFR associé (financement du cycle d’exploitation). C’est assez difficile pour une entreprise de taille moyenne de réussir à pleinement financer ces deux éléments et elle se retrouve souvent à devoir revoir ses ambitions à la baisse. En effet, très rapidement, les banques, et c’est normal, sont freinées par le niveaux de capitaux propres de ces entreprises. C’est justement notre rôle de capital-investisseur d’intervenir à ce niveau.

Quelles sont les tendances actuelles en matière de financement par les fonds d’investissement, notamment pour les start-ups technologiques ?
Notre industrie au Maroc est en plein développement et nous voyons de plus en plus de nouvelles sociétés de gestion qui s’installent et participent activement au financement des entreprises au Maroc. Dorénavant, nous pensons que toutes les entreprises, quelque soit leur taille, ont la possibilité de trouver un fonds d’investissement répondant à leur besoin. Les fonds sont en général multi sectoriel et proposent des financements principalement en capital mais peuvent, le cas échéant, y associer des produits de dette de type compte courant d’actionnaires. Les startups sont également correctement servies désormais avec de nombreuses sociétés de gestion dont c’est le métier et encore une fois sur toute la chaîne (pre-seed, seed, Serie A, etc…).

Comment les fonds d’investissement évaluent-ils le potentiel de croissance d’une entreprise avant d’y investir ?
Il existe de nombreuses approches bien entendu mais je dirai que nous regardons en priorité ce qui a été réalisé les années précédentes car cela donne une idée claire et éprouvée de la capacité de la société à faire de la croissance dans son marché. Ensuite, bien entendu, nous analysons dans le détail le marché, sa croissance et le positionnement compétitif de l’entreprise.

Comment les fonds d’investissement peuvent-ils soutenir les entreprises dans leur transition vers des pratiques durables et responsables ?
C’est vraiment au cœur même de l’ADN des fonds d’investissement de mettre en place des pratiques durables et responsables. En effet, les sociétés de gestion gèrent le plus souvent de l’argent d’investisseurs intentionnels pour lesquels l’ESG est critique et nous demandent de nous assurer que leurs investissements se fassent de manière responsable. Par conséquent, nous offrons aux entreprises tout notre savoir-faire, nos processus, sur ces sujets et cela est grandement apprécié car les dirigeants d’entreprise voient l’impact que cela a sur leur business.

Quels secteurs ou types de projets sont actuellement les plus attractifs pour les investisseurs en capital ?
Les fonds couvrent tous les types de secteur et l’étude récente de l’AMIC montre qu’il n’y a pas particulièrement de secteur qui sort du lot. Les projets les plus attractifs sont ceux où le potentiel de croissance est important et où l’entreprise peut devenir rapidement un leader de son marché.

Quels sont les critères clés que les investisseurs en capital recherchent lors de la sélection des entreprises pour leurs portefeuilles ?
Nous regardons des dizaines de critères différents et chaque projet est unique. Cependant, ceux qui reviennent souvent sont : la qualité et l’expérience du management, la taille du marché, la part de marché, le taux de croissance historique, le taux de marge, le niveau d’investissement réalisé, le BFR en nombre de jours, l’attractivité et la faisabilité du Business Plan, les perspectives de sortie (bourse, cession majoritaire ou cession à un autre fonds).

Le capital-investissement cartonne

L’année 2023 a été une année record pour le capital-investissement. En effet, les levées de fonds ont enregistré un nouveau record de 3 milliards de dirhams (MMDH). Sur la période 2018-2023, elles ont atteint un montant global de 9,8 milliards, soit plus du double des fonds levés sur la période 2012-2017. Il en est de même pour les investissements qui ont atteint 2,5 MMDH. Ces derniers, qui ont été réalisés par 12 sociétés de gestion, concernent 25 nouvelles entreprises investies et 16 réinvestissements. Après une diminution de leur participation entre la première et la troisième génération de fonds (passant de 73% entre 2000 et 2005 à 25% entre 2012 et 2016), les capitaux levés auprès des investisseurs marocains ont connu une augmentation significative entre 2018 et 2023, atteignant 45% des levées totales de fonds sur cette période.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO



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