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FIMME. Tarik Aitri : “Encourager, promouvoir et développer le Made in Morocco est une nécessité absolue”

Tarik Aitri.
Président de la Fédération des industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (FIMME)

L’objectif principal de la FIMME pour les entreprises du secteur est de doter le pays, à terme, d’une industrie nationale compétitive et pérenne, aussi bien sur le marché national qu’à l’échelle mondiale. Pour y parvenir une mise à niveau profonde du tissu productif s’impose et nécessite un déploiement d’efforts accru et continu, à tous les niveaux.

Quel a été l’impact de la crise sur les industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques ?
La crise sanitaire liée à la Covid-19 et les restrictions qui en ont résulté ont entraîné un choc économique aussi bien sur l’offre que sur la demande, et plusieurs pans industriels en ont pâti. Le secteur des Industries métallurgiques, mécaniques et électromécaniques (IMME), comme tant d’autres, a aussi connu des bouleversements sans précédent. La quasi-totalité de nos filières ont été frappées de plein fouet et tournent au ralenti, et certaines branches d’activité sont aujourd’hui carrément au bord de l’asphyxie, si bien que leur survie n’est malheureusement pas garantie. Des centaines d’emplois ont été perdus, alors que beaucoup d’autres continuent d’être menacés aujourd’hui. Le constat est simple: la conjonction de plusieurs facteurs explique cet état de fait, parmi lesquels la baisse de la demande locale et l’absence ou la diminution substantielle de commandes provenant des clients internationaux, le manque ou l’absence d’offres, dû à une rupture ou une baisse de l’approvisionnement, la suspension des importations, l’arrêt de l’export et l’absence de visibilité quant à une reprise d’activité normale. Il faut souligner que les IMME sont au cœur de plusieurs autres secteurs et constituent le socle de leur développement. Cette transversalité qui, à la base, constitue un atout de taille, fait que l’on se retrouve, paradoxalement, dans une situation extrêmement inconfortable dès lors que d’autres pans de l’industrie sont en crise.

Quels leviers avez-vous actionné pour accompagner les opérateurs de la fédération dans cette période de crise ?
La détermination et la réactivité du gouvernement, qu’il faut saluer, ainsi que celles de l’ensemble des acteurs des IMME pour tenter de faire face à cette crise ont été, incontestablement, clairement affichées. En effet, dans ce contexte inédit, nous avons, ensemble, pris la mesure de la gravité de la pandémie actuelle et de ses répercussions inéluctables sur les activités de nos entreprises en général. La volonté commune de soutenir les industriels en vue d’une atténuation des effets induits par la pandémie et d’une relance progressive a donc été rapidement matérialisée par la mise en œuvre d’actions responsables, pragmatiques, concrètes et adaptées au mieux à la situation qui prévaut aujourd’hui. La multiplicité des secteurs fait que la prise de mesures doit être ajustée aux priorités et besoins de chacun, rendant ainsi la tâche pour le gouvernement, on l’imagine aisément, extrêmement complexe. De notre côté, nous avons encouragé l’ensemble des opérateurs à résister autant que possible et à faire preuve de résilience pendant cette phase, très complexe, de préparation de la sortie de crise. Parallèlement, nous les avons sensibilisés à être solidaires en soutenant au maximum nos unités locales, qu’elles soient industrielles, commerciales ou de services, dans un esprit collectif et solidaire.

Est-ce que la relance est effective pour les secteurs métallurgiques, mécaniques et électromécaniques ?
Le contexte actuel nous oblige à rester prudents, car nous sommes toujours confrontés à de nombreuses incertitudes. L’inconstance de la conjoncture tant locale qu’internationale, dictée par cette pandémie, rend difficile la prise de décisions. En effet, elle sème le doute quant aux solutions à envisager et, surtout, au timing adéquat pour les mettre en place. Aujourd’hui, l’offre et la demande sont malheureusement toujours impactées par les restrictions, mais l’activité commence à reprendre timidement pour certaines filières et dans un cadre bien spécifique. L’étape suivante, celle de la reprise économique à proprement parler, n’interviendra que lorsque le virus sera totalement maîtrisé et les contraintes sanitaires complètement levées pour, à terme, aboutir à une situation de normalité, éventuellement construite sur la base des nouveaux modes de consommation.

Comment améliorer l’attractivité des IMME à l’échelle internationale ?
Notre objectif pour les entreprises du secteur est de doter notre pays, à terme, d’une industrie nationale compétitive et pérenne, aussi bien sur le marché national qu’à l’échelle mondiale. Pour renforcer notre positionnement à l’étranger, le challenge est de taille et nécessitera la mise en place d’actions fortes ! Mise à niveau, promotion internationale et innovation, tels sont, à mon sens, les maîtres mots pour relever le défi en question ! Tout d’abord, une mise à niveau profonde du tissu productif s’impose et nécessite un déploiement d’efforts accru et continu, à tous les niveaux (trésorerie, ressources humaines, technologie, process, etc. Globalement, notre plus grand challenge consiste à mettre en place des mesures pour améliorer, de manière permanente, la compétitivité de nos entreprises, dans leur grande diversité. Dans cette perspective, la FIMME, en partenariat avec le ministère de tutelle, a réfléchi sur la mise en place d’un certain nombre de mesures. Concernant la promotion internationale, et au-delà même de la pandémie qui sévit encore aujourd’hui, les perspectives existent et nos ambitions actuelles restent inchangées, malgré le revers subi par de nombreuses filières. La participation aux manifestations internationales, l’ouverture permanente sur le monde et l’organisation d’événements à portée mondiale contribuent, à n’en point douter, à renforcer notre positionnement en dehors des frontières.

Quelles sont les actions concrètes menées dans ce sens ?
À ce propos, notre fédération organise, du 5 au 7 octobre prochain, la 12e édition du E-SISTEP, Salon international de la sous-traitance, de l’approvisionnement et du partenariat en format digital, compte tenu des circonstances sanitaires et des restrictions qu’elles imposent. Malgré la crise actuelle, le E-SISTEP veut réaffirmer très fortement sa vocation : se positionner comme un événement stratégique incontournable dans la sphère industrielle internationale, valoriser le savoir-faire local pour promouvoir le made in/with Morocco, mettre en relation donneurs d’ordres étrangers et sous-traitants marocains et de développer des projets de coopération technologique et industrielle. L’organisation du E-SISTEP illustre, sans équivoque, cette ferme volonté qui est la nôtre d’être en phase avec la politique industrielle de notre pays, ouverte sur le monde. À travers ce carrefour d’échange et de partage des différents savoir-faire technologiques avec nos partenaires internationaux, nous aspirons à nouer, faciliter ou multiplier le partenariat entre les professionnels des industries marocaine et étrangère.

Qu’en est-il du volet de l’innovation?
Sur le volet de l’innovation enfin, nous avons toujours prôné, au sein de notre fédération, la R&D et, plus généralement, la capacité à faire preuve de créativité à tous les niveaux. Nous considérons, en effet, que c’est une condition indispensable de survie et de développement de notre industrie et un moyen efficace pour s’adapter à l’international. Dans cette perspective, nous avons toujours insisté auprès de nos opérateurs pour ériger ce concept en axe stratégique de développement et l’inscrire comme un enjeu permanent.

Comment le «Made in Morocco» pourrait-il jouer un rôle?
Encourager, promouvoir et développer le «Made in Morocco» est une nécessité absolue. Les enjeux que cette approche porte sont en effet multiples et cruciaux. Elle permet non seulement de favoriser la consommation interne et de diminuer notre dépendance vis-à-vis de l’étranger, mais contribue également à relancer la dynamique de production locale, inciter à la création de nouvelles industries, augmenter la cadence d’industrialisation du pays, réduire notre déficit commercial, développer une expertise reconnue et, surtout, faire valoir nos différents atouts, afin que nos produits ou services puissent être compétitifs, et donc éligibles à l’export.

Quel est le plan d’action de la fédération pour l’année 2021 ?
Pour cette année 2021, la Fédération a un plan d’action déjà fixé et défini par le comité comptant plusieurs actions notables. L’année 2021 connaîtra l’organisation du salon E-SISTEP qui est la vitrine du secteur des IMME, et qui permet à notre secteur de faire connaitre son savoir-faire et ses capacités au niveau national et international. Cette année, deux grandes études sectorielles sont également au programme ; des études très importantes qui consistent en l’établissement d’une cartographie complète du secteur des IMME, l’indentification de tous les opérateurs, métiers et l’établissement d’une base de données chiffrée, la seconde étude consiste en l’identification des métiers éteints, actuels et les métiers du futur. Ces études nous permettront l’établissement d’une feuille de route sectorielle sur plusieurs années et d’exploiter au maximum notre potentiel tout en ayant un œil sur ce qui se fait à l’international. L’année 2021 est aussi une année élective à la FIMME, l’assemblée générale élective aura lieu au dernier trimestre.

Les proposition de la FIMME pour une mise à niveau profonde du tissu productif

Encourager l’émergence d’industries de transformation de matières brutes pour créer une valeur ajoutée locale ;
Consommer national (grands donneurs d’ordres), pour baisser les imports ;
Équilibrer les relations avec les grands donneurs d’ordres ;
Faciliter la possibilité d’accès aux marchés publics ;
k Créer des inspections pour le contrôle de l’application des normes au niveau de la production locale (les centres techniques jouent ce rôle à l’import et doivent le jouer également pour la production nationale) ;
Trouver des mécanismes pour solutionner le problème de trésorerie des entreprises, qui grève la compétitivité ;
Éliminer ou réduire la TVA sur les biens d’équipements achetés par les entreprises existantes pour le renouvellement du parc machines ou de son extension ;
Simplifier le code du travail, alléger la fiscalité des entreprises et faciliter l’obtention des crédits ;
Modifier le régime fiscal de l’IS, pour favoriser l’accroissement des fonds propres des PME par autofinancement ;
Aider à pallier la problématique de sous-capitalisation des entreprises ;
Revoir le coût de l’immobilier d’entreprise ;
Utiliser les dispositifs d’aide à l’innovation (crédit d’impôt recherche, subventions, etc.), levier avéré pour doper la compétitivité et la croissance ;
Renforcer des compétences managériales et opérationnelles ;
Accroître l’offre exportable ;
Développer des partenariats avec les universités.
Renforcer les capacités financières de nos industries moyennant un accompagnement en adéquation avec leurs besoins réels ;
Appuyer l’investissement productif générateur de valeur ajoutée et d’emplois ;
Opter, autant que possible, pour la préférence de l’offre nationale.

Sanae Raqui / Les Inspirations Éco


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