Éco-Business

Export : Pourquoi le Maroc manque de compétitivité

Alors que plusieurs pays émergents ont réussi à gagner des parts de marché à l’international, le Maroc a pratiquement fait du surplace. En cause, une spécialisation sur des produits peu demandés, une orientation vers des marchés à croissance lente et une concurrence des plus rudes. Explications. 

Le constat de la Direction des études et de la prévision financière (DEPF) est sans appel : l’ouverture de notre économie a, certes, permis de réaliser des avancées significatives en matière de renforcement des échanges, d’attraction des investissements directs étrangers et de modernisation du tissu productif national. Cependant, elle a mis à rude épreuve la capacité de notre pays à atteindre le niveau adéquat pour affronter la concurrence mondiale et ce, en raison de la persistance de plusieurs fragilités structurelles. La direction relevant du ministère de l’Économie et des finances vient de réaliser une «décomposition de la compétitivité structurelle du Maroc» au niveau de l’export. Et l’état des lieux n’est guère reluisant. Au niveau macroéconomique, la compétitivité d’une économie nationale désigne la capacité de son secteur productif à satisfaire la demande intérieure et étrangère. De fait, les parts de marché relatives à l’exportation sont souvent utilisées comme indicateur de la compétitivité commerciale d’un pays…

Stagnation
Or, l’analyse de cet indicateur pour le cas du Maroc montre une quasi-stagnation au cours de la dernière décennie autour de 0,13%, alors que certains pays concurrents ont amélioré leurs performances à l’export durant cette période. C’est le cas de l’Égypte qui a vu sa part de marché mondial croître entre 2000 et 2014 de 0,08% à 0,19%, de la Turquie (de 0,4% à 0,9%), de la Pologne (de 0,5% à 1,1%), du Brésil (de 0,9% à 1,3%), de l’Inde (de 0,7% à 1,7%) et surtout de la Chine, dont la part est passée de 3,9% à 12,3%.

Le fait que la croissance des exportations marocaines ne puisse dépasser significativement la croissance des importations mondiales peut s’expliquer par trois grands facteurs. Primo, une spécialisation sectorielle dans des biens pour lesquels la demande augmente à un rythme relativement lent. Deuxio, une orientation géographique vers des marchés à croissance plus lente. Et tertio, l’incapacité à livrer une concurrence efficace à l’échelle internationale, soit, en d’autres termes, une perte de compétitivité. Une décomposition de la croissance des exportations permet de juger de l’importance de ces différents facteurs. L’examen, par secteur, de l’évolution de la structure de la part de marché à l’export du Maroc, entre 2000 et 2014, fait ressortir des pertes significatives en parts de marché de certains secteurs, tandis que d’autres ont gagné en parts de marché. Les premiers sont essentiellement le textile-habillement et l’électronique.

Les seconds comprennent de nouveaux secteurs d’exportation pour le Maroc à l’instar de la mécanique, l’aéronautique, l’automobile et l’électrique. Le secteur de la chimie a également gagné des parts de marché, à la faveur des choix stratégiques pris par le groupe OCP à travers, notamment, une meilleure valorisation du phosphate roche, le renforcement de la politique commerciale et la mise en œuvre d’investissements de grande envergure axé sur l’extension des capacités productives du groupe. Quant au secteur de l’agroalimentaire, il a affiché une quasi-stagnation de sa part de marché.

La qualité ou le prix ?
Par ailleurs, l’analyse de la position compétitive en fonction de l’avantage prix et avantage qualité, révèle que la part des exportations marocaines en concurrence prix à hauteur de plus de 70% en 2002 a cédé le pas à celle des ventes en concurrence qualitative. Ces derniers gagnent plutôt en importance passant de moins de 14% avant 2007 à 25,5% en 2008 pour atteindre 41,5% en 2014. La part des exportations qui présentent un désavantage en termes de qualité, demeure faible, oscillant entre 3% et 7,6% sur toute la période.

Par ailleurs, la part des exportations présentant un positionnement prix déficient est passée de 12,3% en 1998 à 20,8% en 2014. Ainsi, «le changement notable dans le modèle de croissance de notre économie, en faveur des branches industrielles émergentes à forte valeur ajoutée (automobile, électrique, électronique, produits chimiques…), a entraîné un renforcement de la contribution de produits à plus haute qualité, ce qui est de nature à affecter, également, la demande relative de travail qualifié/non qualifié», explique la DEPF.

Le Maroc améliore en effet progressivement sa capacité à développer et exporter des produits dont la demande est davantage liée à la qualité qu’au prix. Les facteurs liés à la spécialisation industrielle, à la politique commerciale ainsi que les facteurs tels le climat des affaires, les réglementations, l’infrastructure… ont contribué à cette amélioration. 



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