Éco-Business

Disruption, un phénomène qui fait débat

Le rideau s’est levé hier sur la cinquième édition des «Rendez-vous de Casablanca de l’assurance» organisée par la Fédération marocaine des sociétés d’assurances et de réassurance (FMSAR). Pour cette édition placée sous le thème : «Disruption en assurance : explorer, innover se réinventer», le choix s’est porté sur la Tanzanie en tant qu’invité d’honneur.

Année après année, les «Rendez-vous de Casablanca de l’assurance» renforcent leur ancrage africain tout en s’ouvrant sur le marché international des assurances. Des assureurs de renommée mondiale ont marqué de leur présence la séance inaugurale hier à Casablanca, pour ne citer qu’Ingra Beale, pdg de Lloyd ; Bernard Spitz, président de la Fédération française de l’assurance ; l’Américain Tom Leonardi d’AIG, etc. «Loin d’être un concept à la mode, la disruption est un sujet fondamental qui conditionne l’avenir du secteur», affirme Bensalah, président de la FMSAR. Parmi les nombreuses définitions collées au terme «disruption», Bensalah préfère celle le qualifiant d’innovation de rupture, impliquant de nouvelles habitudes de consommation, des bénéfices supérieurs et un coût inférieur. «Les assureurs doivent satisfaire des clients de plus en plus exigeants et de plus en plus connectés. La relation clients-assureurs prendra une toute autre forme», ajoute le patron du groupe Holmarcom en mettant en avant les innovations technologiques ayant bouleversé le modèle classique de l’assurance (véhicules autonomes, objets connectés, etc).

Cependant, rassure Bensalah, la disruption mérite d’être abordée telle une opportunité offrant l’occasion de se réinventer et de se transformer pour rester en phase avec les nouvelles mutations. Autant la disruption introduit de nouveaux risques (cybercriminalité, violation des données personnelles, etc), autant elle suscite de nouvelles opportunités (nouveaux produits de couverture contre les risques, amélioration de la relation client grâce à la robotique, l’intelligence artificielle, etc). «Les risques et les opportunités vont souvent de pair», soutient Nouaman Al Aissami, adjoint au directeur du Trésor et des finances extérieures qui a prononcé un discours au nom du ministre de l’Économie et des finances.

Ce dernier a mis l’accent sur les mesures décrétées par le gouvernement dans le cadre de la promotion de la finance inclusive (banque mobile, paiement mobile, projet de loi sur le crowdfunding, etc). Il annonce à l’occasion le lancement imminent de la stratégie nationale d’inclusion financière, avec un chapitre réservé à l’assurance, notamment au dispositif de couverture contre les risques de catastrophes naturelles. Mieux, la refonte prévue du Code des assurances, insiste Al Aissami, prévoit d’introduire une souplesse dans la rédaction des textes pour pouvoir accompagner toutes ces nouvelles transformations technologiques (imagerie satellitaire, intelligence artificielle, Blockchain, etc). Aux yeux du président de l’autorité de régulation du secteur des assurances au Maroc (Acaps), Hassan Boubrik, la révolution numérique reste le facteur le plus disruptif, n’hésitant pas à comparer ce phénomène à l’invention de l’écriture et de l’imprimerie, eu égard aux changements intervenus dans le fonctionnement de la société dans sa dimension à la fois culturelle et économique. L’assurance, constate Boubrik, n’est pas épargnée par ces mutations et reste l’un des secteurs où la disruption a été la plus profonde, au point de remettre en cause le modèle économique existant. Les compagnies d’assurance font de l’accélération digitale un axe majeur de leur stratégie d’investissement. Selon une étude de Pricewaterhouse, parmi plus de mille dirigeants de compagnies d’assurances, 45% déclarent avoir déjà noué un partenariat avec les startups de l’Insurtech. Cela dit, tient à relativiser le patron de l’Acaps, les enjeux ne se présentent pas de la même manière au niveau des marchés moins matures, notamment en Afrique où par exemple l’introduction de la voiture sans conducteur n’est pas pour demain. «L’investissement dans les Insurtech nécessite des écosystèmes et la mobilisation de fonds que la plupart des pays africains ne peuvent s’offrir. L’enjeu réside dans l’amélioration du taux de pénétration», estime Boubrik.

En effet, le marché africain des assurances représente à peine 1% du marché mondial. L’utilisation des NTIC devrait aider à rendre l’assurance accessible à une large population. Le marché marocain de l’assurance n’est pas en reste car il affiche un taux de pénétration inférieur à 4%. «J’invite les opérateurs à travailler ensemble pour élargir l’activité en profitant notamment de l’apport du digital», lance Hassan Boubrik, rappelant à cet égard l’enquête réalisée par Bank Al-Maghrib en 2014 sur la capacité financière des ménages marocains, selon laquelle seuls 2% de la population adulte avaient souscrit une assurance obligatoire. 


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