Développement durable. Le secteur financier dévoile sa feuille de route
Cinq axes majeurs ont été identifiés selon Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, qui a présenté cette feuille de route du secteur financier marocain pour le climat.
La transition vers une finance durable apparaît comme étant, plus qu’un besoin, une nécessité. Et le secteur financier marocain vient de dévoiler, en ce début de semaine, dans la zone verte, sa feuille de route pour l’émergence d’une finance verte en Afrique sous la coordination de Bank Al-Maghrib. Ladite feuille élaborée en coordination avec la Commission scientifique de la COP22 traduit l’engagement du royaume qui a présenté sa contribution au niveau national en ciblant une réduction des émissions de gaz à effet de serre de 42% à l’horizon 2030 avec une estimation globale de 50 milliards de dollars américains dont 35 milliards conditionnés par l’accès à des sources de financement externes. C’est pourquoi la mise en œuvre de cet engagement nécessite une mobilisation de l’ensemble des acteurs, au premier rang desquels se trouve le secteur financier. Dans le détail, cinq axes majeurs ont été identifiés selon Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, qui a présenté cette feuille de route. Le premier axe porte sur «le développement d’instruments et de produits financiers durables».
À cet égard, «les banques, les compagnies d’assurances ainsi que les intervenants au niveau du marché de capitaux, se sont engagés à mobiliser des ressources vertes en vue de soutenir les projets de développement durable», explique Abdellatif Jouahri. Outre le recours aux lignes de financement internationales, il est question de contribuer à la création et au développement d’un marché de capitaux verts, à travers, notamment, la création de véhicules d’investissements spécialisés et l’émission de Green Bonds dont un premier guide a été élaboré par l’autorité marocaine du marché des capitaux, qui en fera une présentation détaillée mercredi.
Pour le moment, deux premières opérations d’émissions d’obligations vertes ont été annoncées ces derniers jours, l’une par l’agence marocaine pour l’énergie solaire (MASEN) et l’autre par BMCE Bank of Africa, pour une enveloppe globale de près de 170 millions de dollars. De leur côté, les banques œuvrent à élargir leurs palettes d’offres de financement alors que les compagnies d’assurance ont développé des solutions d’assurance aux risques environnementaux alors que la Banque centrale mettra en place si besoin des mécanismes de refinancement. S’agissant du deuxième, il s’articule autour de «l’extension de la gouvernance fondée sur les risques socio-environnementaux».
D’après Abdellatif Jouahri, il s’agit pour les régulateurs de s’assurer que les ressources vertes/durables mobilisées soient effectivement allouées à des projets/actifs éligibles. Dans ce sens, cette approche exige la mise en place, à travers une cartographie des risques, d’un dispositif de gestion des risques environnementaux, sociaux et de gouvernance. Il est également question, dans le cadre du troisième axe de procéder à une promotion de l’inclusion financière en tant que vecteur de développement durable. L’appui de l’Alliance pour l’inclusion financière (AFI), à laquelle le Maroc a adhéré en 2010, portera un appui à cet axe.
Le renforcement des capacités dans le domaine de la finance durable, de la transparence et de la discipline des marchés constituent le quatrième axe. La Bourse de Casablanca compte de son côté, mettre en place, à très court terme, un indice ESG (responsabilité environnementale, sociale et de gouvernance) qui regroupera les entreprises cotées ayant obtenu les meilleures notes dans le classement réalisé par les agences de notation. Au plan africain et dans le cadre des efforts du Maroc pour promouvoir une coopération régionale Sud-Sud, la communauté financière marocaine agira en concertation avec les acteurs financiers africains à l’émergence d’une finance verte.
Dans ce sens, une première initiative sera lancée à l’occasion de la COP22 dans les prochains jours par l’autorité marocaine du marché des capitaux en collaboration avec la Bourse de Casablanca. Bank Al-Maghrib, devrait également réunir, en collaboration avec le programme des Nations Unies pour l’environnement, les banques centrales du nord et du sud autour de la problématique du développement durable. Par ailleurs, «Casablanca Finance City» compte lancer un centre de recherche, d’expertise et de savoir en matière de finance climat au service de l’Afrique.