Décarbonation : Bank Of Africa veut renforcer son action
Sous la menace du Mécanisme d’ajustement carbone aux frontières de l’UE, qui entre en vigueur l’année prochaine, les exportateurs vers ce marché stratégique sont obligés de se décarboner ou de mourir. Du coup, les projets de décarbonation vont très vite se multiplier. Une opportunité que BOA ne veut rater sous aucun prétexte. Pour se donner toutes les chances d’accompagner le maximum d’exportateurs, la Banque a signé, lundi à Casablanca, sous la présidence de son PDG, Othman Benjelloun, et du ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, deux partenariats avec l’AMEE et le Cluster Enr.
Bank Of Africa a pris une sérieuse option dans la course à la décarbonation de l’économie marocaine. Dans un événement organisé, lundi à Casablanca, sous la co-présidence de son PDG, Othman Benjelloun, et du ministre de l’Industrie et du commerce, Ryad Mezzour, en présence d’une forte assistance majoritairement constituée d’industriels et d’hommes d’affaires, la Banque a dévoilé son positionnement. C’est celui d’accompagner les exportateurs marocains vers l’Union européenne (UE).
Se décarboner ou mourir
Des exportateurs qui n’ont pas d’autre choix que de se décarboner au plus vite, de changer de marché ou de mourir. Pourquoi ? Eh bien, parce que le Mécanisme d’adaptation carbone aux frontières (MACF) de l’UE entre en vigueur dès l’année prochaine. En janvier 2023, l’UE va activer son MACF qui vise à lui faciliter l’atteinte de son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050. L’objectif du MACF est en fait d’instituer une démarche via laquelle les biens importés dans l’UE soient couverts par une tarification du carbone équivalente à celle s’appliquant à la production de ces mêmes biens sur le territoire de l’Union européenne, dans le cadre d’un système d’échange de quotas d’émissions.
Le mécanisme contribuera ainsi à renforcer la cohérence de la politique climatique de l’UE. Comme 65% des exportations vont vers le marché européen, les autorités font actuellement tout pour que le Maroc fasse partie des pays qui vont tirer profit du MACF. C’est à cet effet qu’une grande opération de généralisation des bilans carbone a été lancée, en 2020, par le ministère de l’Industrie, du commerce et de l’économie verte et numérique, en partenariat avec le ministère de l’Energie, des mines et de l’environnement, la Fondation Mohammed VI pour l’environnement, l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE) et la Confédération générale des entreprises du Maroc (CGEM).
L’opération a notamment consisté à accompagner les entreprises industrielles en général, et celles exportatrices, vers l’UE en particulier, à faire leur bilan carbone. C’est-à-dire à quantifier les émissions de gaz (GES) générées par leurs activités de production de biens ou de services (les consommables, la consommation d’énergie, le transport, les déchets, etc.). A travers cette opération, les unités industrielles marocaines augmenteront ainsi leur compétitivité en réduisant leurs coûts grâce à la diminution des besoins en énergie, en déplacements, en consommables… Elles réaliseront donc des économies, auront une bonne image auprès des investisseurs et des clients et surtout détiendront le sésame qu’il faudra montrer pour pouvoir commercer avec l’UE.
L’arrivée de la MT va mettre le turbo
Selon Ryad Mezzour, ministre de l’Industrie et du commerce, invité à la cérémonie de signatures par BOA, «si les industriels de la Très haute et Haute tensions ont déjà pris des longueurs en matière de décarbonation, notamment en produisant déjà de l’électricité verte, il en sera très bientôt de même pour celles qui utilisent la Moyenne tension». Autrement dit, un grand marché de la décarbonation s’apprête à démarrer dans l’industrie. C’est pour en saisir le maximum possible d’opportunités que BOA a signé deux conventions de partenariat, sur deux ans renouvelables, avec l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE) et le cluster des énergies renouvelables (Cluster Enr). A travers le premier accord, l’équipe de Said Mouline va aider la banque à renforcer ses compétences en matière de montage de projets. Alors qu’avec l’équipe du Cluster Enr, il s’agit de renforcement de capacités à travers des ateliers de formation.
Aziz Diouf / Les Inspirations ÉCO