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Comment contrer le déficit de financement des infrastructures africaines ?

Selon des estimations de la Banque mondiale, le déficit de financement des infrastructures africaines est évalué entre 70 à 100 milliards de dollars par an, des chiffres en hausse qui illustrent le fait que les gouvernements financent l’essentiel des projets d’infrastructures, soit directement soit par le biais d’entreprises et établissements publics qui prennent en charge, à eux seuls, les deux- tiers des programmes d’investissement, au moment où le secteur privé africain ne couvre que l’interstice de 5 %.

Le directeur général de la Bourse de Casablanca, Karim Hajji a déclaré à la MAP, en marge d’une Conférence internationale sur le marché des capitaux en Afrique de l’ouest tenue cette semaine à Abidjan, que cet état de fait légitime la nécessité de faire appel à d’autres formes de financement, notamment à travers les marchés des capitaux et l’introduction boursière des entreprises publiques.

Pour illustrer l’idée avancée, Karim Hajji a présenté les résultats d’une étude sur la cotation boursière des entreprises publiques africaines, réalisée conjointement par l’Association des Bourses des valeurs africaines et la Société financière internationale (Banque mondiale).

 Les entreprises cotées en Bourse plutôt épargnées
L’étude fait ressortir que les entreprises publiques cotées en Bourse en Afrique affichent généralement de bons résultats, aussi bien pour les Etats, en termes de fonds dégagés, que pour les investisseurs. En plus clair, a soutenu le patron de la place casablancaise, les entreprises concernées par l’étude ont réalisé, en moyenne,une performance de plus de 158 % entre la 5e année avant et la 3e année après l’introduction en Bourse.

Pour certains secteurs, notamment celui du pétrole et du gaz, c’est une multiplication par 4,5 du résultat de ces entreprises, a-t-il affirmé. En outre, l’étude atteste que la gouvernance des établissements publics qui s’introduisent en Bourse s’est nettement améliorée et inspire davantage la confiance des investisseurs. Ces entreprises sont en mesure d’investir des montants beaucoup plus importants dans les infrastructures une fois introduites en Bourse, car elles sont en mesure de faire appel au marché à travers des obligations ou des augmentations de capital.

Globalement, l’introduction en Bourse des entreprises publiques est une « réussite » à l’échelle africaine dans la mesure où il y a des Bourses qui, après l’introduction de grandes entreprises publiques, ont vu leur capitalisation augmenter jusqu’à 50 %. « C’est le cas notamment du Maroc après les introductions d’entreprises publiques entre 2004 et 2016. La capitalisation a augmenté de 50 %, ce qui fait que les anciens établissements publics représentent un tiers de la capitalisation boursière du Maroc », a précisé Hajji.

L’Afrique a du retard
Pour autant, Karim Hajji nuance. L’Afrique est en retard par rapport à d’autres continents, notamment l’Amérique latine et l’Asie, où le nombre d’entreprises publiques introduites en Bourse est nettement plus important. Mais en amont, a insisté le DG de la place casablancaise, des actions s’imposent. Selon lui, les gouvernements doivent engager des discussions avec les syndicats et les autres parties prenantes pour sensibiliser sur l’aspect bénéfiques d’une introduction en Bourse d’une entité publique. « Il faut éviter qu’il y ait une levée de boucliers. Donc une communication très pointue doit se faire avec l’ensemble des parties… », a-t-il insisté. 

En outre, il y a un accompagnement au niveau de l’amélioration de la gouvernance de ces entreprises et aussi en matière de séparation entre les rôles de régulateur et d’actionnaire de l’Etat. « C’est très important », notamment pour les entreprises qui opèrent dans des secteurs régulés que les Etats différencient parfaitement les parties réglementation et actionnariat bien que ce cumul ne représente pas un mélange des genres qui pourrait donner des mauvais signaux au marché, a-t-il fait valoir.

Amélioration de la gouvernance
Enfin, Hajji alerte que les performances des entreprises publiques cotées en Bourse augmentent de manière significative, grâce à l’amélioration de la gouvernance et à l’accompagnement que les Etats font au départ, un succès selon lui.

L’étude qui sera publiée prochainement a démontré que la cotation des entreprises publiques est un moyen « puissant » d’améliorer la gouvernance des entreprises, le financement des infrastructures mais aussi de renflouer les places financières africaines qui manquent « cruellement » de liquidité a conclu le directeur général de la Bourse de Casablanca.

Avec MAP



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