Changements climatiques : La Banque mondiale plaide pour un tourisme durable

Les économies dépendantes de l’apport financier du tourisme sont confrontées à la question de la rareté de l’eau. La Banque mondiale appelle à une gestion plus durable et rationalisée de la ressource pour assurer un approvisionnement continu dans les destinations touristiques, notamment durant la haute saison.
Le tourisme menace-t-il l’environnement? La question a été étudiée dans le cadre d’une conférence organisée par la Banque mondiale mercredi dernier, à Marrakech. L’événement est mené en étroite collaboration avec l’Académie Hassan II des sciences et techniques, ainsi qu’avec plusieurs universités marocaines et centres d’études méditerranéens et internationaux. Il s’agit d’explorer la question du développement territorial et de la transition touristique en Méditerranée dans un contexte particulièrement marqué par les problèmes de changement climatique. Le focus est fait sur le bassin méditerranéen qui draine chaque année environ 200 millions de visiteurs. Un afflux qui, conjugué aux changements climatiques, menace, selon la Banque mondiale, de plus en plus les écosystèmes fragiles et ressources naturelles des deux rives de la Méditerranée.
Décalage
Le Maroc, qui ambitionne d’attirer jusqu’à 20 millions de touristes à l’horizon 2020, doit prendre très au sérieux ces questions. Les politiques de développement du secteur intègrent de plus en plus les contraintes des changements climatiques, notamment dans la gestion des ressources en eau. Mais il faut dire que l’ennemi numéro 1 demeure le manque d’anticipation de la part des politiques publiques.
Pour les spécialistes de la Banque mondiale, il existe encore un important décalage entre les connaissances acquises sur les changements climatiques et leur application dans les politiques publiques et la prise de décision. Des études récentes sur les changements climatiques indiquent que la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) subit de plein fouet les effets des changements climatiques et qu’elle s’exposera à une menace climatique croissante si aucune action n’est entreprise pour renforcer la résilience face à ce phénomène.
Le coût de cette inaction serait lourd, selon ces études, qui soulignent une réduction de 10% de la disponibilité de l’eau courante à l’horizon 2050, conjuguée à des épisodes de sécheresse de plus en plus récurrents et à une hausse sensible des températures. Pour les pays du Maghreb notamment, dont les économies sont particulièrement dépendantes de l’apport financier du tourisme, la rareté de l’eau se faisant particulièrement sentir en été, appelle à une gestion plus durable et rationalisée de la ressource pour assurer un approvisionnement continu dans les destinations touristiques, notamment durant la haute saison.
Courage politique
Face à ce constat alarmant, des experts du secteur du tourisme ainsi que des scientifiques spécialisés dans les questions des changements climatiques des deux rives de la Méditerranée ont examiné, lors de cet événement, les moyens de renforcer la dimension climatique dans l’élaboration des politiques sectorielles. «L’objectif est de sensibiliser les acteurs pour inscrire les changements climatiques au cœur des politiques de développement territoriales et permettre au secteur touristique de devenir un levier pour un développement vertueux diminuant les pressions sur les ressources naturelles et constituant une réelle source de revenu pour les populations et les économies», précise Taoufiq Bennouna, spécialiste principal en gestion des ressources naturelles à la Banque mondiale. La conférence a également été l’occasion d’examiner le rôle de la finance climatique dans la mise en place de projets éco-touristiques, notamment dans les zones reculées dont le capital naturel peut constituer une source d’emplois verts. Il est à noter que cette conférence s’inscrit dans le cadre des événements préparatifs de la 22e Conférence des parties sur le climat (COP 22).