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Bons de nourriture : un coup de pouce au pouvoir d’achat en 2025

Décryptage de la réforme des bons de nourriture qui prévoit l’augmentation du montant exonéré à 40 dirhams par jour travaillé ainsi que la possibilité de les payer par voie électronique. Quels sont les enjeux et impacts pour les différents acteurs ?

Augmentation du plafond exonéré, paiement dématérialisé, les bons de nourriture font peau neuve en 2025. Découvrez toutes les nouveautés de cette réforme cruciale tant pour les salariés que pour les employeurs.

L’amendement adopté en première lecture par la Chambre des représentants prévoit «l’augmentation du montant des bons représentatifs des frais de nourriture ou d’alimentation, délivrés par les employeurs à leurs salariés afin de leur permettre de régler tout ou partie des prix des repas ou des produits alimentaires, et ce, dans la limite de 40 DH par salarié et par jour de travail».

Si cette mesure est maintenue en 2e lecture et dans la mouture finale, elle marquera un changement notable sur plusieurs plans. Pour les salariés, elle représente une bouffée d’air bienvenue dans un contexte économique difficile puisque le montant exonéré des bons alimentaires passerait de 30 à 40 dirhams par jour travaillé en 2025. Ce qui permettrait de compenser partiellement la hausse du coût de la vie et de préserver quelque peu le pouvoir d’achat des travailleurs.

Avantages pour les employeurs
Du côté des employeurs, cette mesure constitue un levier pour améliorer les conditions de travail sans trop impacter la masse salariale. En augmentant la part exonérée des bons alimentaires, l’État rend cet avantage plus attractif pour les entreprises, ce qui pourrait les inciter à en faire bénéficier davantage de salariés. Tout d’abord, en rendant les bons de nourriture plus avantageux fiscalement pour les entreprises, l’État leur fournit un nouveau levier pour améliorer les conditions de travail et les avantages sociaux proposés à leur personnel, sans avoir à augmenter substantiellement la masse salariale.

En effet, en passant de 30 à 40 dirhams par jour par salarié, le coût supplémentaire pour l’employeur reste relativement modéré, d’autant plus que cette part est exonérée d’impôts et de charges sociales. Par ailleurs, cela représente un gain de pouvoir d’achat non négligeable pour le salarié bénéficiaire.

Cette mesure fiscale incitative pourrait donc encourager davantage d’entreprises, notamment les PME, à proposer des bons de nourriture à leurs employés. Cet avantage en nature contribuerait à rendre leur package global de rémunération plus attrayant sur le marché du travail, pour attirer et fidéliser les talents. De plus, la possibilité offerte par cet amendement de payer ces bons par voie électronique faciliterait leur mise en place opérationnelle au sein des entreprises.

Ainsi, sans avoir à consentir à une revalorisation salariale coûteuse, les employeurs disposeraient d’un nouvel outil pour valoriser la rémunération globale de leurs collaborateurs et renforcer leur politique de qualité de vie au travail.

Un coût raisonnable  pour l’État
Si l’exonération fiscale représente un manque à gagner pour l’État, son impact budgétaire reste mesuré. Avec une population active occupée d’environ 10,591 millions de personnes en 2023, selon les chiffres du Haut-commissariat au plan (HCP), le manque à gagner fiscal lié à l’exonération des bons de nourriture jusqu’à 40 DH/jour reste relativement limité pour l’État. Même en considérant une hypothèse haute où tous les salariés bénéficieraient du plafond maximal exonéré, le coût budgétaire supplémentaire par rapport au plafond précédent de 30 DH resterait raisonnable.

Il faut aussi prendre en compte que tous les emplois ne sont pas éligibles au dispositif des bons de nourriture (secteur informel, professions libérales, etc.). Le nombre réel de bénéficiaires sera donc nettement inférieur au total des actifs occupés.

Par ailleurs, cette dépense fiscale a pour contrepartie des retombées positives sur l’économie nationale. En préservant davantage le pouvoir d’achat d’une partie des ménages, elle soutient leur consommation, notamment en produits alimentaires de base. Cet effet de relance de la demande intérieure profite in fine aux entreprises marocaines et permet de maintenir des emplois et des recettes fiscales et sociales pour l’État.

De plus, en améliorant l’accès à l’alimentation pour les travailleurs modestes, cette mesure participe à la lutte contre la précarité alimentaire, enjeu social et économique majeur. Enfin, le gain d’attractivité du dispositif pourrait inciter plus d’entreprises à y recourir, avec des créations d’emplois formels à la clé.

Ainsi, malgré son coût fiscal immédiat, cet avantage fiscal sur les bons de nourriture apparaît comme un investissement judicieux et équilibré pour l’État, au service de la compétitivité économique et de la cohésion sociale.

Le paiement électronique des bons, un vecteur de démocratisation
En plus de ce qui précède, il faut souligner que la possibilité offerte par cet amendement de payer les bons de nourriture par voie électronique représente une véritable opportunité pour en faciliter l’accès et l’utilisation, aussi bien pour les salariés que pour les employeurs.

Tout d’abord, pour les salariés, le paiement dématérialisé permettra une mise à disposition simple et instantanée des bons sur un support numérique comme une carte à puce ou une application mobile. Fini les contraintes de distribution physique de tickets papier au sein de l’entreprise. Les salariés pourront ainsi disposer facilement des bons dès leur attribution par leur employeur. L’utilisation sera également grandement facilitée, avec la possibilité de régler directement ses courses ou repas en scannant un QR code ou en payant par carte/application chez les commerces et restaurants conventionnés. Cela évitera d’avoir à se déplacer dans des réseaux d’acceptation spécifiques.

Du côté des employeurs, la dématérialisation des bons alimentaires leur permettra de gagner en productivité et en simplicité de gestion. Fini l’achat, le stockage et la distribution manuelle des tickets papier. Tout pourra se faire par simple clic, par attribution électronique aux comptes des collaborateurs concernés. La traçabilité comptable et la récupération des données seront également beaucoup plus aisées qu’avec un système physique papier.

Enfin, ce mode de paiement électronique ouvrira la voie à de nouveaux services annexes comme le rechargement en ligne, la possibilité pour les salariés de cumuler leurs avoirs, une plus grande souplesse d’utilisation, etc. Ce vecteur de démocratisation contribuera à rendre le dispositif plus accessible, y compris pour les TPE/PME qui n’y avaient pas recours auparavant. Un facteur de massification qui pourrait maximiser les impacts positifs de cette réforme fiscale.

Un avantage à généraliser ?
Certaines voix s’élèvent pour une généralisation de ce dispositif. «Les salariés à temps partiel ou avec de faibles revenus devraient également bénéficier de cette exonération, sans condition de plafond par rapport à leur salaire», plaide un analyste actif sur les problématiques sociales.

Encadrer l’utilisation

Si les avantages de la réforme sont nombreux, une inquiétude demeure : s’assurer que ces bons de nourriture exonérés sont réellement utilisés à des fins alimentaires par les salariés qui en bénéficient. En effet, un détournement de leur objet initial nuirait à l’esprit de la mesure et pourrait créer des distorsions injustifiées entre travailleurs.

Tout d’abord, il convient de responsabiliser les employeurs attributaires à n’accorder ces bons qu’à des fins de restauration et d’alimentation, comme le prévoit le texte de loi. Des contrôles et sanctions en cas d’abus devront être envisagés. Ensuite, du côté des réseaux d’acceptation, une réglementation encadrant strictement les types de commerces et produits éligibles sera indispensable. Seuls les restaurants, traiteurs, épiceries et commerces alimentaires devraient pouvoir être conventionnés. Les loisirs, habillement ou autres secteurs non alimentaires devraient en être exclus.

De plus, une liste positive de produits autorisés (frais, épicerie, plats préparés) et une liste négative d’exclusions (alcools, tabac) devra être clairement établie et contrôlée. Enfin, la dématérialisation facilitera grandement la traçabilité des transactions pour détecter les éventuels détournements.

Au-delà, cette réforme devra s’accompagner de mesures d’équité pour éviter une inégalité de traitement injustifiée entre salariés équivalents selon que leur employeur choisit ou non d’attribuer ces bons exonérés. Une réflexion sur les conditions d’éligibilité des entreprises ou une modulation du plafond selon les niveaux de rémunération devrait également être menée.

L’objectif étant de prioriser les bas salaires pour un réel soutien au pouvoir d’achat des plus modestes. Avec ces garde-fous, la réforme pourra pleinement remplir son office socio-économique de manière vertueuse pour toutes les parties prenantes.

Bilal Cherraji / Les Inspirations ÉCO



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