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Africa agri forum : souveraineté alimentaire, l’équation complexe

Les participants à la 8e édition de l’Africa agri forum ont mis en exergue le futur d’une coopération intra-africaine à même de répondre aux enjeux de souveraineté et de sécurité alimentaires. Pour Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, il est nécessaire de gérer l’équilibre entre les politiques agricole et alimentaire, la souveraineté en la matière étant une problématique complexe qui dépasse les capacités individuelles des pays.  

D’ici 2050, le continent africain représentera un tiers de la population mondiale. Et au cours des trois prochaines décennies, la population passera de 1,15 milliard d’individus en 2022 à 2,09 milliards en 2050. Une situation qui commence déjà à donner du fil à retordre aux pays concernés dont une grande partie n’arrive toujours pas à nourrir sa population, d’où l’épineuse question de la complémentarité entre sécurité et souveraineté alimentaires. Lors de l’ouverture, ce mardi, des travaux de la 8e édition de l’Africa agri forum, à la station de Taghazout, le cap a été mis sur la nécessité de gérer l’équilibre entre les politiques agricole et alimentaire.

Selon Mohammed Sadiki, ministre de l’Agriculture, de la pêche maritime, du développement rural et des eaux et forêts, «le développement de l’agriculture passe de toute évidence par l’élaboration d’une politique agricole adaptée à chaque pays. Mais pour assurer une souveraineté alimentaire solide, il faut arriver d’abord à gérer cet équilibre».

Le ministre ajoute, par ailleurs, que «le problème de l’équation alimentaire au sein des pays africains se pose à deux niveaux, à savoir la nécessité d’assurer la sécurité alimentaire avec des prix accessibles au consommateur, d’une part, et l’impératif de garantir la sécurité économique des agriculteurs et producteurs, d’autre part». Etant donné que la souveraineté alimentaire est une question complexe, qui dépasse les capacités individuelles des pays, le ministre a appelé à renforcer la coopération intra-africaine et triangulaire pour élaborer des stratégies communes, afin de faire face à l’ensemble des défis à venir. «Le futur de la coopération intra-africaine repose sur la capacité à mieux traiter cet enjeu de souveraineté alimentaire, en corrélation avec la coopération dans le cadre de la transition de nos systèmes alimentaires fragiles qui font face aux répercussions des changements climatiques et du contexte pandémique, inflationniste et géopolitique», a ajouté Sadiki.

L’Afrique, une partie de la solution
Il va sans dire que la vulnérabilité et l’instabilité des systèmes de production et d’approvisionnement risquent de s’aggraver dans les années à venir, d’où la nécessité d’affronter cette situation avec une réponse commune, en repensant les concepts de sécurité et de souveraineté alimentaires.

«L’Afrique est le seul continent qui dispose d’une capacité symétrique sur la ligne de l’équateur, et qui peut pratiquer tous les types de cultures. Cette position n’est pas suffisamment prise en compte alors que l’Afrique peut actuellement faire partie de la solution puisqu’elle dispose des acquis nécessaires», a mis en exergue Adama Ekberg Coulibaly, chef de la commission économique des Nations Unies pour l’Afrique.

Pour lui, «la problématique n’est pas au niveau de la demande, mais dans la construction du marché pour la création de richesse et le développement des capacités du continent afin de répondre à ses besoins et nourrir la population». La résolution de cette problématique passe aussi par la maîtrise des technologies telles que l’irrigation, l’amélioration des variétés, la consolidation de la production ainsi que la mécanisation et l’industrialisation de l’agriculture africaine.

Pour sa part, Mohamed Ould Nemine, représentant du ministère mauritanien de l’Agriculture, estime que «l’agriculture en Afrique continue d’évoluer à deux rythmes, la petite et la grande. Toutefois, il y a plus de faiblesses que de forces concernant le premier pilier, d’où la nécessité de créer une synergie entre ces deux composantes afin de relever l’ensemble des défis». Mettant l’accent sur les efforts de la Banque mondiale (BM), Remi Trier, représentant de la BM pour la Région MENA a souligné, pour sa part, que «l’Établissement a mis en place des projets d’urgence à hauteur de 32 milliards de dollars tout en restructurant ceux existants dans les pays les plus impactés par cette crise, notamment à travers l’achat des céréales et le financement des intrants».

Une vocation panafricaine du Forum
Créé en 2012, l’Africa agri forum est l’évènement annuel et régional de l’agriculture en Afrique francophone. Cette 8e édition a été initiée sous l’égide du ministère de l’Agriculture et de One Africa forums, en partenariat avec OCP Africa et avec l’appui de l’Union Africaine, la Région Souss-Massa et la CGEM locale. Les travaux de cette 8e édition de l’Africa agri forum sont ouverts depuis mardi, à la station de Taghazout, avec la participation de près de 400 acteurs clés du secteur agricole africain.

L’objectif étant d’identifier les pistes de solutions aux défis économiques et alimentaires auxquels est confronté le continent. L’autre aspect qui caractérise cette édition 2022 est qu’elle s’invite, après plus d’une décennie, en Afrique du nord, après sept précédentes éditions tenues à Abidjan, Libreville et Yaoundé.

Dans ce sens, la République Islamique de Mauritanie a été désignée comme pays invité d’honneur, confirmant ainsi la vocation panafricaine de ce Forum, avec la participation d’une forte délégation mauritanienne à cette édition 2022. À noter, par ailleurs, que cette rencontre a permis également d’approfondir les axes prioritaires pour le développement du secteur agricole africain, et ce, dans le cadre d’une coopération Sud-Sud.

Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO


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