Éco-Business

1 million de sous-employés au dernier semestre 2017

Les statistiques sur l’emploi du troisième trimestre de l’année en cours démontrent l’impossibilité persistante du marché de l’emploi à couvrir la hausse du chômage. Si les services, principaux pourvoyeurs d’emploi durant les dix dernières années, souffrent, l’industrie reprend du poil de la bête. Le HCP lance sa révision de l’intégralité de son enquête permanente.

Les chiffres du Haut-commissariat au Plan au titre du troisième trimestre de l’année 2017 ne sont pas porteurs de bonnes nouvelles. Ainsi, entre cette année et la même période de 2016, l’économie marocaine a créé 89.000 postes d’emploi, 29.000 en milieu urbain et 60.000 en milieu rural, contre une perte de 73.000 une année auparavant. L’agriculture, forêt et pêche ont créé 47.000 emplois, les services 20.000, l’industrie y compris l’artisanat, 15.000 et les BTP 7.000. Dans ces conditions et avec une hausse du volume du chômage (+3,5%) plus importante que celle de l’emploi (+0,9%), le taux de chômage a augmenté de 10,4% à 10,6% au niveau national et de 14,5% à 14,9% en milieu urbain, restant stable à 4,6% en milieu rural. En volume, il s’est accru de 42.000 personnes, 38.000 en milieu urbain et 4.000 en milieu rural, portant l’effectif global du chômage à 1.236.000 personnes au niveau national. Le chômage reste élevé parmi les femmes, les diplômés et les jeunes âgés de 15 à 24 ans, leurs taux sont passés respectivement de 14,8% à 15,1%, de 18,1% à 18,2% et de 28,9% à 29,3%. Le plus inquiétant est que le volume des actifs occupés en situation de sous-emploi a augmenté entre les troisièmes trimestres de 2016 et 2017, de 998.000 à 1.027.000 personnes au niveau national, de 470.000 à 479.000 personnes dans les villes et de 528.000 à 548.000 dans la campagne. Le taux de sous-emploi est ainsi passé de 9,7% à 9,9% au niveau national, de 8,2% à 8,3% en milieu urbain et de 11,5% à 11,8% en milieu rural.

Le taux de sous-emploi a atteint 11,2% parmi les hommes (8,3% en milieu urbain contre 15% en milieu rural) et 5,4% parmi les femmes (8,2% en milieu urbain contre 2,8% en milieu rural). Le secteur des services, qui représentait le principal pourvoyeur d’emploi au cours des dix dernières années (environ 100.000 postes durant les années 2007-2012 et 50.000 durant les années 2013-2015), a enregistré un recul dans ce domaine avec une perte de 15.000 emplois l’année dernière et une création de 20.000 cette année (un accroissement de 0,4%), 8.000 postes en milieu urbain et 12.000 postes en milieu rural. De son côté, le secteur de l’industrie a, avec une hausse de 1,2% du volume d’emploi du secteur, créé 15.000 postes d’emploi (10.000 en milieu urbain et 5.000 en milieu rural), contre une perte de 44.000 postes l’année dernière.

Vers un recadrage des statistiques du chômage
En publiant la situation de l’emploi au Maroc au troisième trimestre de 2017, le Haut-commissariat au plan a annoncé qu’il sera «procédé en réponse aux besoins des différents utilisateurs, à la diffusion de nouvelles informations statistiques portant sur le marché du travail». En effet, pour tenir compte des mutations qui s’opèrent dans la société marocaine, des engagements de notre pays dans le processus de la régionalisation avancée et du suivi-évaluation des Objectifs de développement durables, le HCP a procédé à la révision de l’intégralité de ces enquêtes permanentes dont l’enquête nationale sur l’emploi qui a été lancée dans sa nouvelle configuration à partir du premier trimestre de 2017. Les axes de réforme de cette enquête ont porté, entre autres, sur l’élargissement de l’échantillon de 60.000 à 90.000 ménages afin d’assurer une meilleure couverture et représentativité géographique et de fournir, en plus du niveau national, des informations sur le marché du travail à l’échelle des 12 régions et l’introduction de nouvelles thématiques dans son champ d’investigation, qui s’est élargi à de nouvelles dimensions. Il s’agit, en particulier, de questions visant à mieux appréhender les types de formation, la relation entre les compétences de la main-d’œuvre et les métiers exercés, la situation de la femme vis-à-vis du marché du travail, les caractéristiques des entrepreneurs, les types d’emplois indépendants, les niveaux de couverture médicale et de retraite, la mobilité des actifs occupés entre les lieux de résidence et de travail, les inégalités salariales, l’utilisation des nouvelles technologies d’information et de communication et les caractéristiques des immigrants installés au Maroc. «Les résultats portant sur ces nouvelles dimensions seront publiés selon une cadence prenant en considération le caractère conjoncturel ou structurel de la thématique étudiée», conclut le communiqué de l’institution.



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