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Urbanisation. Vers un atlas des expansions urbaines

Le ministère de tutelle se penche sur cet outil de planification qui permettra de mieux cerner les enjeux d’une urbanisation massive. L’absence d’une vision urbanistique claire et harmonieuse demandera de plus en plus de moyens pour rectifier le tir.

Avoir de la visibilité sur les besoins d’urbanisation, maîtriser les extensions urbaines et remettre de l’ordre dans les villes: tels sont les objectifs du ministère de l’Aménagement du territoire, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville. C’est la raison qui le pousse aujourd’hui à remettre sur les rails un projet qui aura pris du temps pour arriver à maturité: un atlas national des expansions urbaines. Une sorte de cartographie qui non seulement donnera une vue d’ensemble des projets d’avenir, mais limitera les spéculations et autres délits d’initiés concernant les zones urbanisables. Dans les 30 prochaines années, les villes verront leur population doubler, et seront amenées à tripler les zones d’extension. Conséquence: des terres agricoles reconverties en zones d’habitation, une consommation accrue d’énergie qui n’est pas sans impact sur l’environnement. Entre 2004 et 2014, le taux d’urbanisation a gagné 5 points, passant de 55% à 60%. C’est plus important que la moyenne mondiale (53%), mais en-deçà de celle des pays développés (74%).

Durant cette période, les villes ont accueilli 4 millions de nouveaux habitants et l’exode rural a beaucoup contribué à ce phénomène. Mais ce qui est contradictoire à ce sujet, c’est l’incapacité des villes nouvelles, dites aussi «villes satellites», à réduire la pression démographique sur les grandes villes. Elles ont certainement besoin de temps pour s’inscrire dans le paysage urbain et d’infrastructures capables de séduire de nouveaux arrivants. Si, par ailleurs, on se base sur le rythme observé durant la décennie 2004-2014, le taux d’urbanisation au Maroc sera de 70% en 2030 et de 77% en 2050. C’est ce qui pousse aujourd’hui les pouvoirs publics à prendre le sujet à bras le corps afin d’éviter les revers d’une urbanisation qui creuserait les inégalités spatiales et sociales.

Aujourd’hui, de nouveaux concepts de villes écologiques, intégrées, adossées au littoral dont elles tirent leur attractivité, prennent forme. Le département de tutelle ne fait pas l’économie d’un constat qui fâche. Malgré une assez bonne planification, les zones urbaines s’étendent sur les périphéries des moyens et grands centres urbains de façon anarchique, provoquant une surconsommation des terres agricoles et une artificialisation des sols. Le phénomène de littoralisation prend aussi de l’ampleur avec de nouveaux défis qui se profilent à l’horizon. Les espaces côtiers en pâtissent, perdant peu à peu leurs valeurs écologiques, biologiques et paysagères. Constat: l’urbanisation non planifiée et asymétrique induit des risques de surcoût notamment pour préparer les terres propices à l’extension urbaine. Les routes d’accès aux bassins de travail, artères, espaces publics, hôpitaux, écoles sont autant de prérequis pour réussir la transition urbanistique.

En effet, l’impact sur la productivité, le caractère inclusif et la durabilité de ces villes en est affecté. Selon le diagnostic de la Stratégie nationale de développement urbain, l’absence de planification peut engager des coûts économiques énormes pour rectifier le tir. L’idée d’un atlas des expansions urbaines arrive donc à point nommé pour mesurer les dimensions géographiques et les particularités de chaque territoire et ville. Il s’agit aussi de fournir les données comparatives sur l’expansion urbaine de chaque ville du royaume, à même d’être comparées entre elles et avec d’autres villes de par le monde. Enfin, il est primordial de fixer des cibles et des limites pour vérifier l’efficacité des mesures de contrôle adoptées. Plus en détail, l’objectif de cet atlas est de fournir les données quantitatives et qualitatives nécessaires à la compréhension des expansions urbaines. Autrement dit, des terres converties à usage urbain durant les 20 dernières années sur un premier échantillon de 25 villes. Il fournira des cartes et des données métriques sur les changements spatiaux dans ces villes au cours de cette période dans le but d’aider ces villes à mieux contrôler, comprendre et planifier cette expansion massive et à préparer les terres qui vont servir à cela. Il s’agit de développer des modèles de développement urbain et de simulation de l’expansion. Finalité: disposer d’un outil à même d’assurer le développement ordonné des villes pour les rendre plus productives, inclusives et durables. En d’autres termes, l’atlas sera un outil permettant de mesurer systématiquement les indicateurs émanant des objectifs du nouvel agenda urbain et durable de manière rigoureuse. Il permettra également de se positionner à l’échelle mondiale et de comparer les données nationales et l’évolution des villes avec le reste du monde.



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