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Transition vers les ODD : des progrès notables mais insuffisants, selon l’ONU

À mi-parcours de l’Agenda 2030, les Nations Unies alertent sur la lenteur des avancées vers les Objectifs de développement durable. Si des millions de vies ont été améliorées, des défis structurels persistants et des retours en arrière exigent une mobilisation urgente et coordonnée.

Dix ans après l’adoption des Objectifs de développement durable (ODD), l’ONU publie le «Rapport 2025 sur le progrès des ODD», dressant un bilan contrasté. Si des progrès tangibles sont observés dans des domaines comme l’accès à l’électricité, la scolarisation ou la santé publique, la majorité des cibles affichent un retard critique.

Parmi les réalisations notables, 45 pays ont atteint l’accès universel à l’électricité en une décennie, 54 ont éliminé au moins une maladie tropicale négligée, et la représentation des femmes au Parlement est passée de 22,3% en 2015 à 27,2% en 2025.

En matière d’éducation, 110 millions d’enfants et de jeunes supplémentaires ont accès à l’école. L’accès à Internet a lui aussi progressé, passant de 40% à 68% de la population mondiale entre 2015 et 2024. La protection sociale couvre désormais plus de 50% de la population mondiale. Mais ces avancées masquent des reculs notables et des inégalités persistantes.

Des signaux d’alerte clairs
Selon le rapport, seuls 35% des cibles des ODD sont en bonne voie. Près de la moitié progressent trop lentement et 18% régressent. La pauvreté extrême concerne encore plus de 800 millions de personnes. En 2024, une personne sur onze souffrait de la faim. Plus de 272 millions d’enfants et de jeunes restent déscolarisés.

Le changement climatique accentue ces vulnérabilités : l’année 2024 a été la plus chaude jamais enregistrée, avec une température moyenne supérieure de 1,55 °C à l’époque préindustrielle. Les déplacements forcés ont atteint des niveaux record (plus de 120 millions de personnes), et la population réfugiée mondiale avoisine les 38 millions. La dette publique pèse aussi fortement sur les pays à revenu faible ou intermédiaire, avec un coût de remboursement de 1,4 billion de dollars en 2023.

Indicateurs clés : progrès et reculs
Les nouvelles infections par le VIH ont chuté de 40% depuis 2010. 2,2 milliards de cas de paludisme ont été évités et 12,7 millions de vies sauvées depuis 2000. L’espérance de vie en bonne santé a augmenté de plus de 5 ans entre 2000 et 2019, avant de reculer de 1,8 an sous l’effet de la Covid-19. La mortalité maternelle est passée de 228 à 197 décès pour 100.000 naissances vivantes entre 2015 et 2023.

Le taux de mortalité des enfants de moins de 5 ans a chuté de 44 à 37 pour 1.000 naissances vivantes sur la même période. 99 réformes légales favorables à l’égalité des sexes ont été adoptées entre 2019 et 2024. La 5G couvre désormais 51% de la population mondiale.

L’énergie renouvelable devrait dépasser le charbon comme principale source d’énergie d’ici fin 2025. 2,2 milliards de personnes n’ont toujours pas accès à l’eau potable, 3,4 milliards manquent d’assainissement sécurisé, et 1,7 milliard n’ont pas de services d’hygiène de base. 1,12 milliard de personnes vivent dans des bidonvilles ou quartiers informels sans services de base. L’aide publique au développement a chuté de 7,1% en 2024, avec de nouvelles baisses attendues en 2025.

Appel à une mobilisation urgente
Pour Antonio Guterres, «nous faisons face à une urgence du développement». Le rapport appelle à renforcer la coopération internationale, à mobiliser des investissements durables et à s’engager sur six priorités : alimentation, énergie, transformation numérique, éducation, emploi et action climatique. Les Nations Unies recommandent aussi la mise en œuvre du Cadre de Medellín pour améliorer les données statistiques publiques, outil essentiel pour suivre les progrès et ajuster les politiques.

Par ailleurs, le rapport souligne la nécessité de combler les inégalités de genre persistantes, notamment dans le partage du travail domestique et de soin non rémunéré, encore majoritairement assuré par les femmes.

Un agenda encore atteignable ?
Le rapport note que des réformes ciblées, une volonté politique forte et des partenariats inclusifs ont permis des progrès nationaux rapides. Des exemples concrets, comme l’élimination de maladies tropicales dans 54 pays ou la mise en place de systèmes de protection sociale dans des contextes fragiles, montrent que des avancées rapides sont possibles. Mais il insiste : sans une «mobilisation collective d’urgence», l’Agenda 2030 ne sera pas atteint.

Pour Li Junhua, secrétaire général adjoint aux affaires économiques et sociales, «Ce n’est pas le moment du découragement, mais de l’action déterminée. Nous avons les outils. Il nous faut maintenant la volonté collective pour les mettre en œuvre».

H.K. / Les Inspirations ÉCO



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