Diktat syndicaliste
Le syndicalisme, noble et nécessaire pour l’équité, tel qu’il a été conçu depuis le dix-huitième siècle, est chez nous une histoire toute autre. Commençons par la fin. Un patron d’une entité agro-alimentaire, soucieux de l’investissement dans son pays et développant l’ambition de bâtir un grand groupe intégré rachète une structure en difficulté et dont le personnel est exposé à un plan social. Il y investit fortement et remet la machine en marche. Sauf que ses plans de rentabilité et de productivité se heurtent à un bloc de trois centrales syndicales qui prennent l’usine en otage.
Face à une productivité largement au-dessous de la moyenne, la direction ne peut même pas sanctionner les ouvriers paresseux qui préfèrent se tourner les pouces. À chaque fois, ils sont face à une levée de boucliers des représentants nantis syndicaux qui arrêtent carrément la production jusqu’à suppression de la sanction administrative, ne serait-ce qu’un avertissement. Le pauvre gars regrette le jour où il a pensé sortir cette structure de son gouffre. C’est un exemple qui ne requiert nulle généralisation, mais ce diktat des syndicats est légion.
Ce mouvement jadis noble est chez nous un ascenseur social qui propulse des salariés en millionnaires ! Il n’y a qu’à voir le train de vie de certaines figures emblématiques du syndicalisme marocain pour s’en apercevoir. Ils n’ont dans leur CV qu’une expérience de salariés ou même d’ouvriers alors qu’ils croulent sous des fortunes en millions de dirhams. Ce fonds de commerce bâti sur l’entrave de la bonne marche des usines et sociétés privées est révolu et doit être combattu par tous. Le Maroc a besoin de créer de la richesse et avec des centaines de milliers d’emplois pour notre 1,5 million de chômeurs qui errent dans les rues. Ce n’est certainement pas de cette façon que le privé y arrivera. L’État doit faire preuve d’intransigeance face à ce syndicalisme voyou. Il s’agit aussi de redonner une noblesse à l’action syndicale.