Gestion de la rareté
L’exécution de la loi de Finances 2019 démarre normalement l’année, en dépit d’un bond des recettes fiscales dont l’impact est relativisé par la hausse des dépenses. L’analyse des deux segments montre que les finances de l’État peuvent substantiellement s’améliorer, à condition de mettre en place des garde-fous, car, au regard des chiffres publiés par le ministère de l’Économie et des finances, les recettes ont réalisé un bond de 14,1% grâce à un bon comportement des impôts indirects, qui se sont appréciés de 21,5%.
En revanche, les dépenses ont augmenté de 16%. Il faut s’y arrêter, et procéder à une analyse à deux niveaux. Un, d’aucuns diront que les dépenses ont été dopées par une hausse de 25,8% à 12,3 MMDH, ce qui est en soi une belle réalisation. Deux, ces dépenses, déjà élevées, ne regroupent pas le remboursement au titre de la compensation, probablement différé au mois de février.
Maintenant, sur le plan macroéconomique, les chiffres des dépenses n’ont de sens que s’ils répondent à de réels besoins car l’amélioration des recettes fiscales s’est faite, rappelons-le, au prix de sacrifices supplémentaires de la part des citoyens et des entreprises. Le même effort a-t-il été observé dans le volume des dépenses? Certainement pas, chose corroborée par les chiffres précités. Or, on pourrait concevoir l’effort demandé au citoyen au titre de la fiscalité mais, en retour, il faudrait gérer les fonds publics en bon père de famille, ce qui n’est pas toujours le cas. Il n’y a qu’à voir la facture totale du carburant des véhicules de l’État pour s’en rendre compte. Et plus globalement, force est de constater que le train de vie de l’État est largement supérieur à ses moyens car, avec une gestion plus rationnelle, le Maroc n’aurait pas besoin des aides provenant de l’étranger, notamment du Golfe. Pour ce faire, il y a un besoin urgent en profils spécialisés dans la gestion de la rareté. Des dépenses, tout le monde peut en faire aisément.