Chine : un étudiant qui voulait célébrer l’anniversaire de Mao arrêté
Un étudiant marxiste a été arrêté mercredi par la police chinoise dans la prestigieuse université de Bei da (université de Pékin), selon un témoin, pour avoir voulu célébrer le 125e anniversaire de Mao Tsé-toung, l’ancien président communiste dont l’héritage reste controversé en Chine.
Qiu Zhanxuan, président de la Société marxiste de l’Université de Pékin, a été emmené de force dans une voiture noire par huit policiers en civil, alors qu’il se trouvait près de la station de métro de l’université, selon un étudiant témoin de la scène.
Qiu « criait et résistait à l’arrestation », a précisé le témoin sous couvert de l’anonymat. « Je l’ai entendu dire +Je suis Qiu Zhanxuan… Je n’ai pas violé la loi. Pourquoi est-ce que vous m’emmenez ? Qu’est-ce que vous faites ? ».
Selon le témoin, les policiers ont montré leurs « documents du ministère de la Sécurité d’État », lorsqu’ils ont été interrogés par les badauds.
L’Université de Pékin, considérée comme la plus prestigieuse de Chine, a une longue histoire d’activisme estudiantin. Ses anciens élèves ont joué un rôle clef dans les manifestations du printemps 1989 en faveur de la démocratie, place Tiananmen.
Mais le militantisme bouillonnant du campus a été étouffé sous la présidence de Xi Jinping.
« La fac a toujours empêché la Société marxiste de fonctionner », a dénoncé le témoin de l’arrestation, aussi membre de l’association étudiante, « Toutes les informations sur l’arrestation ont été complètement bloquées par l’école ».
« Je pense que c’est ridicule. Qu’est-ce qu’il y a de mal à commémorer la mémoire de Mao ? », a-t-il ajouté.
Le Parti communiste a pris ses distances ces dernières années avec l’héritage de Mao Tsé-toung, autrefois présenté comme le « grand timonier » de la Chine. Aucun événement officiel n’a été prévu mercredi pour commémorer sa naissance.
Malgré l’arrestation de Qiu, des étudiants marxistes de tout Pékin se sont réunis mercredi dans un lieu tenu secret pour célébrer l’anniversaire de l’ancien dirigeant sous forme d’une « flash-mob », a indiqué à l’AFP un membre d’une ONG pour la défense des droits ouvriers, proche de groupes étudiants marxistes.
Un autre groupe d’étudiants s’est rendu à Shaoshan (centre), le village natal de Mao, et ont entonné des chants révolutionnaires.
Des descentes de police avaient déjà touché en août des étudiants de plusieurs universités, accusés de soutenir un mouvement en faveur des droits des ouvriers. Certains des étudiants avaient été passés à tabac et leur téléphone avait été confisqué.
En avril, l’Université de Pékin avait aussi essayé de réduire au silence une autre étudiante, Yue Xin, co-auteure d’une pétition réclamant de faire la lumière sur une affaire d’agression sexuelle.