Gilets jaunes. Et « l’acte 3 » de la mobilisation tourna au drame
Le troisième samedi de mobilisation des « gilets jaunes », décidés à maintenir la pression sur le gouvernement, a donné lieu à de nouvelles violences samedi à Paris et plus de 120 interpellations, au grand dam de manifestants venus exprimer leur colère dans le calme.
« 200 manifestants pacifiques sur les Champs-Élysées. 1.500 perturbateurs à l’extérieur du périmètre venus pour en découdre », a dénoncé sur Twitter le ministre de l’Intérieur Christophe Castaner tandis que son secrétaire d’Etat Laurent Nunez évoquait sur BFMTV « 3.000 » casseurs aux abords de la place de l’Etoile.
Vers 14H00, les forces de l’ordre avaient procédé à 122 interpellations soit davantage que pendant l’ensemble du précédent rassemblement parisien le 24 novembre, où 103 personnes avaient été arrêtées.
C’est en haut des Champs-Élysées, sur le rond-point de l’Étoile, que les premiers heurts ont éclaté vers 8H45 quand des manifestants ont, selon une source policière, tenté de forcer un barrage. Les forces de l’ordre ont alors répliqué par des tirs de lacrymogène.
Les échauffourées se sont d’abord concentrées autour de l’Arc de Triomphe, ont constaté des journalistes de l’AFP. Dans un climat très tendu, des manifestants encagoulés et masqués ont entonné une Marseillaise près de la flamme du soldat inconnu, sous l’Arc de Triomphe sur lequel un tag « les gilets jaunes triompheront » a été peint.
« La volonté affichée et assumée de s’attaquer à nos forces de l’ordre, aux symboles de notre pays, sont une insulte à la République », a estimé M. Castaner.
Le leader de la France insoumise, Jean-Luc Mélenchon, a au contraire dénoncé « un incroyable acharnement contre les manifestants pacifiques place de l’Etoile », accusant le pouvoir de chercher « un grave incicent pour jouer sur la peur ». Pour le porte-parole des Républicains (LR) Gilles Platret, « il est impératif » que l’exécutif « fasse un geste significatif en direction des justes réclamations des +gilets jaunes+ ».
Les forces de l’ordre ont ensuite repoussé les manifestants dans les avenues adjacentes, notamment Avenue Friedland où d’importantes dégradations ont été constatées par les journalistes de l’AFP.
« Nous sommes un mouvement pacifique, c’est juste que nous sommes désorganisés, c’est le foutoir car nous n’avons pas de leader », déplorait Dan Lodi, retraité de 68 ans. « Il y a toujours des abrutis venus pour se battre, mais ce n’est pas du tout représentatif. »
« Il faut qu’il (Macron) descende de son piédestal, qu’il comprenne que le problème c’est pas la taxe, c’est le pouvoir d’achat. Tous les mois je dois piocher dans mon livret d’épargne », dénonçait Chantal, retraitée des Yvelines.
« Il y a une volonté de casse et ça discrédite un combat légitime qu’exprimaient beaucoup de +gilets jaunes+ », a déclaré sur LCI la ministre de la Santé Agnès Buzyn.
Plus d’un millier de personnes défilaient également depuis la gare Saint-Lazare à l’appel du comité Adama créé contre les violences policières dans les quartiers populaires, a constaté un journaliste de l’AFP.
Quinze jours après l’acte de naissance des « gilets jaunes », la mobilisation réunissait à midi quelque 36.000 personnes sur l’ensemble de la France, dont 5.500 à Paris, selon les chiffres donnés par le Premier ministre Edouard Philippe. La première journée nationale, le 17 novembre, avait réuni 282.000 personnes, et la deuxième 106.000, dont 8.000 à Paris.
Ailleurs en France, plusieurs opérations de blocage et de filtrage étaient recensées notamment dans le Var au péage de Bandol sur l’A50 et dans les Bouches-du-Rhône aux barrières de péage de La Ciotat. Dans le Gard, des poids lourds bloquaient les plateformes logistiques de supermarchés à Nîmes.