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Géopolitique : Xi Jinping et Poutine en front uni face à l’Occident

Les présidents chinois et russe s’en sont tour à tour pris durement aux États-Unis et à l’Occident lundi lors d’un sommet réunissant une kyrielle de dirigeants eurasiatiques et censé promouvoir une autre gouvernance mondiale dans une époque troublée.

Hôte du sommet de l’Organisation de coopération de Shangai (OCS), qui s’est ouvert lundi à Tianjin, dans le nord de la Chine, Xi Jinping n’a pas été tendre au moment d’évoquer la politique internationale des États-Unis. Son allié Vladimir Poutine a une nouvelle fois accusé l’Occident d’avoir provoqué le conflit en Ukraine.

Entre les 10 États membres et les pays partenaires et observateurs, ce sont les chefs d’État et de gouvernement d’une vingtaine de pays qui se sont retrouvés dans la mégapole portuaire chinoise. L’événement a rassemblé aussi les présidents iranien Massoud Pezeshkian, turc Recep Tayyip Erdogan et biélorusse Alexandre Loukachenko ainsi que les Premiers ministres indien et pakistanais Narendra Modi et Shehbaz Sharif.

Plaidoyer pour le multilatéralisme
Le sommet, le premier depuis le retour à la Maison Blanche de Donald Trump, est décrit comme le plus important par sa participation depuis la création de l’OCS en 2001. Il s’est tenu dans un contexte de crises multiples touchant directement ses membres : confrontation commerciale des États-Unis avec la Chine et l’Inde, guerre en Ukraine ou querelle sur le dossier du nucléaire iranien. Le président chinois a plaidé pour «un monde multipolaire juste et ordonné» ainsi qu’une «gouvernance plus juste et raisonnable».

Il a présenté l’OCS comme un modèle possible de multilatéralisme, exaltant un «esprit de Shanghai». «Nous devons nous opposer à une mentalité de guerre froide et de confrontation de blocs, ainsi qu’aux actes d’intimidation», a-t-il dit sans citer les États-Unis alors que les deux pays sont engagés dans une intense rivalité stratégique et ont surenchéri dans les droits de douane réciproques avant d’observer une trêve. Vladimir Poutine a, de son côté, défendu son offensive en Ukraine.

«Cette crise n’a pas été déclenchée par l’attaque de la Russie en Ukraine, elle est le résultat d’un coup d’État en Ukraine, qui a été soutenu et provoqué par l’Occident», a-t-il déclaré. Il l’a aussi imputée «aux efforts constants de l’Occident pour entraîner l’Ukraine dans l’OTAN».

Rencontres de haut niveau
Les dirigeants chinois russe et indien ont fait assaut de cordialité à l’ouverture du sommet avant de se prêter à la photo de groupe sur tapis rouge avec les autres leaders des États membres de l’OCS. Le sommet donne lieu à une multitude de rencontres bilatérales.

Le président russe devait s’entretenir lundi avec ses homologues turc et iranien, avant de passer du temps avec son homologue chinois mardi à Pékin. Vladimir Poutine a passé lundi presque une heure à discuter en «face à face» dans sa voiture blindée avec le Premier ministre indien, avant leur rencontre officielle, ont rapporté les médias d’État russes. Ils ont aussi été photographiés se tenant par la main.

Vladimir Poutine a évoqué «une relation spéciale, amicale». «Nous coordonnons étroitement nos efforts sur la scène internationale», a-t-il dit. Narendra Modi a lui aussi salué au début de la rencontre «un partenariat stratégique spécial et privilégié». Mais il a pressé la Russie et l’Ukraine de «mettre fin au conflit le plus vite possible et de parvenir à une paix stable».

Les pays de l’OCS représentent presque la moitié de la population mondiale et 23,5% du PIB de la planète. L’organisation est volontiers présentée comme faisant contrepoids à l’OTAN. Le sommet ouvrait une séquence où la Chine entendait manifester non seulement son allonge diplomatique mais aussi sa puissance de frappe, tout en se présentant comme un pôle de stabilité dans un monde divisé.

Le président russe et plusieurs autres participants assisteront mercredi à la démonstration des capacités militaires du pays lors d’un grand défilé à Pékin pour célébrer les 80 ans de la fin de la Deuxième guerre mondiale. Le leader nord-coréen Kim Jong Un, l’un des principaux alliés de Vladimir Poutine dans la guerre contre l’Ukraine, est annoncé. De nombreux alliés de Kiev soupçonnent Pékin de soutenir Moscou dans le conflit. La Chine invoque la neutralité et accuse les pays occidentaux de prolonger les hostilités en armant l’Ukraine.

S.N. avec agences / Les Inspirations ÉCO



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