«The Post»
Juste après avoir débouté l’État, le juge dit ceci : «Notre verdict est cohérent avec les fondamentaux de notre démocratie. La presse est faite pour servir les gouvernés et non ceux qui gouvernent». Dans son excellent long-métrage «The Post», le grand Steven Spielberg relate des faits qui ont opposé en 1971, la presse américaine à la Maison-Blanche.
Le New York Times publiait alors des documents classés «top secret» sur la guerre du Vietnam, lesquels montraient clairement aux Américains que leurs présidents successifs et administration mentaient au peuple. Voulant museler le quotidien new-yorkais, la Maison-Blanche a eu recours à la justice qui allait interdire le plus grand journal américain. Sauf que son ennemi juré, le Washington Post, a décidé de le soutenir en publiant lui aussi une partie de ces «Pentagon Papers». Le titre phare de la Capitale subit lui aussi les foudres de la direction de Nixon qui l’a traîné devant la justice, avec le même risque d’interdiction de paraître et d’emprisonnement pour ses dirigeants. Surprise ! Toute la presse américaine, y compris régionale, a exprimé sa solidarité avec les deux quotidiens en publiant tous les détails du scandale.
L’affaire prend une autre tournure et le système s’est retrouvé isolé devant la détermination de l’opinion publique et de la presse, d’une part, et l’indépendance de la justice de l’autre. Le président Nixon, dans tous ses états, interdit l’accès à la Maison-Blanche au Washington Post. La suite des événements, nous la connaissons tous. Un an et demi plus tard, ce même organe de presse fera tomber l’homme le plus puissant du globe, suite à l’affaire dite «Watergate». Quarante-sept ans après, le journal a gagné en puissance, car il a fait le bon choix un demi-siècle auparavant, et la presse américaine est plus indépendante que jamais, n’en déplaise à Trump !
