El Ouafi veut accélérer le chantier
Un accompagnement technique devrait permettre une meilleure déclinaison du PNDM dans les régions. Il est impératif de mener une étude avant tout contrat de gestion déléguée.
Le secrétariat d’État chargé du développement durable compte accélérer la cadence pour la mise en oeuvre complète du programme national de déchets ménagers (PNDM). Pour ce faire, il est à la recherche d’une assistance technique pour sa déclinaison dans 6 grandes régions : Fès-Meknès, Rabat-Salé-Kénitra, Tanger-Tétouan-Al Hoceïma, l’Oriental, Drâa-Tafilalet et Béni Mellal-Khénifra. Nezha El Ouafi, secrétaire d’État chargée du développement durable a eu le mérite, il y a quelques semaine de relancer un débat que l’on croyait révolu autour de la responsabilité des grands pollueurs. Certes, la question prendra quelques années encore avant d’être traitée mais la ministre compte bien aller de l’avant quant au traitement de l’une des problématiques qui taraudent aujourd’hui le gouvernement, à savoir la gestion des déchets.
La croissance démographique que connaît le Maroc combinée à une urbanisation galopante finiront par mettre trop de pression sur les services de gestion, collecte, transport et traitements des déchets ménagers. Pour El Ouafi, il s’agit aujourd’hui d’adresser une question qui représente un enjeu social, environnemental et économique. C’est là qu’intervient le PNDM avec des objectifs précis. Ces derniers visent essentiellement à assurer la collecte et le nettoiement des déchets ménagers pour atteindre un taux de collecte professionnalisée sous forme de gestion déléguée, de 90% en 2022 et de 100% en 2030. Il porte également sur la réalisation des centres d’enfouissement et de valorisation des déchets ménagers et assimilés au profit de tous les centres urbains en 2022. Cela doit s’accompagner par la réhabilitation ou la fermeture de toutes les décharges existantes à l’horizon 2022. D’un point de vue procédural, le plan entend généraliser les plans directeurs de gestion des déchets ménagers et assimilés pour toutes les préfectures et provinces du royaume mais le point le plus important dans cette nouvelle politique porte sur le développement de la filière de «tri-recyclage-valorisation», avec des actions pilotes de tri pour atteindre un taux de 20% du recyclage et la valorisation supplémentaire, sous différentes formes, d’au moins 30% des déchets générés à l’horizon 2022.
Enfin, la formation et la sensibilisation n’est pas en reste et doit profiter à tous les acteurs concernés par la problématique des déchets. Il faut reconnaître aussi qu’un effort considérable a été effectué depuis 2008 où le taux de collecte professionnalisée n’était que de 44%. Aujourd’hui, ce taux atteint 85%. La mise en Centre d’enfouissement et de valorisation atteint quant à elle un taux de 62% contre 10% avant 2008. L’on recense aujourd’hui pas moins de 25 de ces centres d’enfouissement. S’y ajoute la réhabilitation de 49 décharges sauvages et le lancement de 64 plans directeurs de gestion des déchets dont 41 achevés.
Aujourd’hui et après les deux phases d’initiation et de consolidation du PNDM entre 2008 et 2016, le temps est à l’adaptation technique à commencer par celle des cahiers des charges et les documents de contractualisation avec les nouvelles exigences du tri-recyclage-valorisation. Un autre aspect important a trait à l’importance de réaliser des études de faisabilité techniques et financières avant la conclusion de tout contrat de gestion déléguée. Les pouvoirs publics veulent aussi encourager la mise en place d’une filière de tri, recyclage et valorisation accommodée de solutions techniques alternatives en vue de maximiser le taux de valorisation et de réduire les quantités de déchets à enfouir mais le tri est aussi une question de sensibilisation en amont des usagers ainsi que la mise en place d’outils adéquats pour faciliter l’opération car c’est tout un secteur à part entière qui devrait prendre place avec des exigences de performance et un système d’évaluation, de reporting et de benchmark.
Une filière de 20.000 emplois
Le prochain PLF 2019 serait à forte connotation environnementale. Des indicateurs d’exemplarité de l’État en matière de respect de l’environnement y seront introduits, d’après une source gouvernementale. Cet engagement devrait aussi se répercuter sur les politiques et budgets sectoriels. Les différents départements sont donc appelés à adapter leurs projets et engagements à des exigences vertes. Sur le registre législatif, le secrétariat d’État a entamé un chantier visant à couvrir toutes les variantes de déchets : ménagers, électroniques, BTP, industriels…En novembre prochain, une première étude sur la composante valorisation du programme national des déchets ménagers sera rendue publique et donnera une vue d’ensemble sur une filière capable de générer 20.000 emplois.